Ouagadougou - Laurent Bado, célèbre pourfendeur du régime Compaoré passé maintenant à la majorité présidentielle, a déclaré mardi que le gouvernement "travaille", mais "ne donne pas de signaux forts", alors que la grogne sociale commence à monter.
"Le gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré travaille. Mais c’est le silence", alors que "le peuple a besoin de signaux forts qui montrent que-rien ne sera plus comme avant-", a déclaré M. Bado, lors d’un point de presse à Ouagadougou.
"Il faut que le gouvernement soit claire. Le peuple (doit) voir où on veut l’amener", a-t-il ajouté, appelant le gouvernement à décliner une feuille de route pour contenir la grogne sociale qui commence à monter après 100 jours de gestion.
M. Bado a souligné que le peuple a beaucoup d’attentes qui seront difficiles à satisfaire dans l’immédiat. Mais "l’essentiel est qu’il voit où on le conduit et que les injustices criardes prennent fin, que l’impunité soit éradiquée et que le service public soit continu, équitable et efficace".
-volte-faced’un opposant historique-
Car, "quand il y a une rupture entre conscience politique et conscience sociale, cela abouti à une révolte (…). Et c’est la déchirure", a prévenu le fondateur du Parti de la renaissance nationale (PAREN), qui soutient le programme présidentiel.
Longtemps dans les rangs de l’opposition politique, où il a combattu durant plusieurs années le régime de l’ex-président Blaise Compaoré, renversé par une révolte populaire, M. Bado siège au Parlement actuel du côté des anciens ténors du même régime.
Lors des élections couplées du 29 novembre dernier, le candidat de son parti, Tahirou Barry, a obtenu 3,9% des voix à la présidentielle se classant 3e.
Il sera récompensé par le ministère en charge de la Culture au sein de l’actuel gouvernement.
Cettevolte-facedu professeur de Droit Constitutionnel et Sciences Politiques à l’université deOuagadougou avait créé de l’incompréhension au sein de son parti et de l’opinion nationale.
"Le PAREN (deux députés) a jugé bon de soutenir le gouvernement dans les chantiers énormes qu’il doit entreprendre. Dans toutes les démocraties, on a des gouvernements de coalition et des gouvernements d’union nationale", a justifié M.Bado.
Dans le cas du Burkina Faso, a poursuivi leconstitutionnaliste, le gouvernement est à la fois de coalition parceque le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP au pouvoir) n’a pas la majorité absolue au Parlement (55 députés sur 127 au lieu de 63) et d’union nationale car "il y a une crise interne et une crise externe à gérer ".
"Si demain, le MPP fait des choses diamétralement opposées à notre idéologie, on s’en va", a-t-il rassuré.
Agence d’Information du Burkina
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