- Maisons de professeurs incendiées ;
- poulaillers saccagés ;
- petit élevage domestique décimé ; - enseignants et leurs familles brutalisés.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, la horde de diablotins, qui a d’abord déferlé sur une école primaire, détruisant tout sur son passage, s’en est prise au drapeau national déchiqueté avec une rare violence. Sans qu’on ne sache vraiment ce qu’elle reproche à ce symbole de l’Etat. Dantesque ! Que diantre a pu bien pousser des élèves à un tel degré de déchaînement inouï contre ceux-là mêmes chargés de leur éducation ? Question, question et encore question.
Quatre jours après cette abomination à nulle autre pareille dans l’histoire de l’école burkinabè, on n’en est toujours pas revenu. Pour une histoire de chef de classe sanctionné, des élè- ves du collège d’enseignement général (CEG) de Nagaré, département de Logobou dans la province de la Tapoa, n’ont pas trouvé mieux à faire que d’organiser une véritable battue contre leurs professeurs. Les images qui circulent, depuis, sur ces actes de vandalisme font froid dans le dos surtout quand on sait que ce sont des gamins qui en sont à l’origine : Tout est parti d’une sanction qu’un professeur de Mathématiques a infligée au chef de classe de la 3e, exclu de son cours pour indiscipline. L’administration entreprend de convoquer les parents de l’élève avant toute levée de la sanction. Mais c’était sans compter avec l’impénitent garnement qui ne l’entendait pas de cette oreille. Jouant de son statut de délégué général adjoint du collège, il mobilise ses camarades contre le corps enseignant de la localité et tout ce qui lui est lié de près comme de loin. La suite, on la connaît. « Arrivés chez moi, ils ont brûlé tout ce que j’avais dans ma cour (…), saccagé les fenêtres. Ma famille et moi étions enfermés à l’intérieur. Trois heures durant, on était sous le choc.
Des professeurs de l’autre côté étaient également agressés par des élèves armés de lances. On a fait appel à la sécurité publique de Tambaga (situé à 50 km) », relate le directeur du collège, Babou Bama. L’innommable vient de se produire à Nagaré. Un signe précurseur, parmi tant d’autres, du grave péril qui guette la nation, si rien de vigoureux n’est fait pour mettre fin à ces comportements qui défient les valeurs qui ont toujours fondé l’école. La jeunesse est l’avenir d’un pays, a-t-on coutume de seriner. Mais celle à l’image de la canaille qui s’en est prise à ces enseignants jeudi dernier à Nagaré est le pire ennemi de l’avenir d’une nation. Si dès le table-banc des jeunes peuvent se rendent coupables d’une telle monstruosité, on se demande de quoi ils seront capables quand ils seront dans la rue, où les conduiront inexorablement de telles attitudes de défiance à l’égard de leurs maîtres. Ce qui est arrivé à Logobou est grave et même très grave, et il faut que les autorités prennent la mesure du problème en frappant fort. Plus question de ces demimesures, de cette indulgence poltronne ou de ces simulacres de procès pédagogiques dont nous ont gratifiés, jusque-là, nos dirigeants.
Il est temps d’écraser cette pernicieuse vermine qui infecte les fondements de la société. Ça suffit donc ! Déjà sous Blaise Compaoré, du moins à la fin de son règne, on se rendait compte combien l’incivisme gagnait du terrain et l’autorité de l’Etat s’effritait. Pour mettre fin à ce désordre ambiant, il appartient au pouvoir actuel de passer des discours creux aux actions vigoureuses. Advienne que pourra. On n’a pas encore fini avec les Kolgweogo qui défient ouvertement et impunément la puissance publique et ses bras séculiers, voilà que nos rejetons s’en mêlent en ruant dans les brancards contre leurs enseignants. Avant le drame de Logobou dans cette même région de l’Est du Burkina, précisé- ment dans la ville de Diapaga, il y a quelques semaines, des élèves ont saccagé une partie des locaux du palais de Justice et s’en sont pris aux gardes de sécurité pénitentiaire de la Maison d’arrêt de ladite ville pour exiger la libération d’un d’entre eux, pré- sumé violeur d’une fille d’environ seize ans. A Ouagadougou, également il y a quelques jours, des élè- ves s’en donnaient à cœur joie en manifestant pour un oui ou pour un non. Déjà, il faut saluer l’action des enseignants de la région qui, par solidarité avec leurs collègues de Nagaré ont déposé la craie pour que cette affaire ne reste pas impunie. Et cet esprit de corps ne doit pas se limiter ni à cette localité ni au niveau du corps enseignant. Ce doit être l’affaire de tout Burkinabè, quelle que soit sa condition sociale. Et d’abord celle des décideurs auxquels nous rappelons cette mise en garde de Platon, philosophe politique grec : « Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, Lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, Lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, Lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus, au-dessus d’eux, l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là, en toute beauté, et en toute jeunesse, le début de la tyrannie».
La Rédaction