Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a rencontré les Burkinabè vivant en Turquie, le vendredi 14 avril 2016, à Istanbul, en marge du 13e sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI). Les projets en cours au Burkina Faso, l’actualité nationale, les préoccupations des compatriotes, entre autres, ont meublé les échanges.
Ils sont 300 Burkinabè à vivre en Turquie. Plus de la moitié d’entre eux sont des étudiants, le reste étant des agents commerciaux, des ouvriers et des hommes d’affaires. A la rencontre avec le chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, ces compatriotes se sont surtout enquis des nouvelles du pays et lui ont exposé leurs préoccupations, en présence du ministre chargé des Burkinabè de l’extérieur, Alpha Barry.
D’entrée de jeu, le président des Burkinabè vivant avec des Istanbuliotes et d’autres Turcs, Amadé Ouédraogo, a félicité le président du Faso pour son élection à la tête du pays. Il a également exprimé la joie du groupe de pouvoir s’adresser directement au chef de l’Etat.
Ensuite, c’était au tour du représentant des étudiants, Ali Zoungrana, d’égrener des préoccupations. Pour ses pairs étudiants, il a évoqué des problèmes de bourses d’études et de leur réinsertion dans l’administration burkinabè, une fois de retour au bercail. Les étudiants ont aussi souhaité une augmentation des quotas des bourses allouées par le gouvernement turc. Par ailleurs, le montant de ces bourses n’étant pas suffisant, vu le coût élevé de la vie dans le pays d’accueil, ils ont suggéré un complément de la part de l’Etat burkinabè.
De façon générale, les compatriotes burkinabè ont des problèmes de régularisation des titres de séjour et d’accès aux centres médicaux publics turcs.
En réponse, le chef de l’Etat a indiqué que tous les filles et fils du Burkina Faso doivent avoir leur place dans la construction du pays. Par conséquent, le retour et la réinsertion des étudiants en fin de cycle sont des questions très importantes. Il a dit la nécessité de créer un site au ministère des Affaires étrangères, dédié à la diaspora.
A ce sujet, le ministre Alpha Barry a salué la participation des Burkinabé de l’extérieur au débat national, à travers les réseaux sociaux. Il les a informés qu’une direction chargée de l’expertise nationale sera créée au sein de son ministère. Le rôle de cette direction sera d’identifier les compétences burkinabè pour les placer à l’intérieur ou à l’extérieur du pays.
Pour faciliter l’acquisition des documents administratifs, le ministère des Affaires étrangères envisage mettre un bureau de liaison économique à Istanbul ayant des compétences consulaires. Avec ce bureau, les compatriotes vivant à Istanbul n’auront plus à se déplacer à Ankara où se trouve l’ambassade pour l’établissement de leurs documents.
L’actualité nationale s’invite
Par rapport à la régularisation des titres de séjour, le président Kaboré a laissé entendre que ce sont des questions à gérer avec beaucoup d’intelligence et de prudence.
Outre les questions administratives, l’actualité nationale s’est invitée au débat. Un étudiant a voulu comprendre les contours de la polémique de l’accueil du chef de l’Etat en France lors de sa visite et l’affaire des parcelles de l’ancien Premier ministre, Yacouba Isaac Zida.
Des éclairages ont été donnés par le président du Faso. Pour son accueil en France lors de sa visite officielle, il a déclaré que cela «relève de susceptibilité inutile», car chaque pays a sa définition du niveau d’accueil, selon le type de visite qu’il organise. En ce qui concerne les dossiers judiciaires comme l’affaire Thomas Sankara, Norbert Zongo, le putsch manqué, le président a affirmé, au nom de la séparation des pouvoirs, ne pas s’ingérer dans la gestion de ces dossiers. De la même manière, a-t-il poursuivi, le gouvernement n’a rien à voir avec les libérations des anciens maires. «La justice n’est pas du ressort du chef de l’Etat ni du gouvernement et nous ne mettons pas un pied dedans», a tranché Roch Marc Christian Kaboré.
Concernant le chef du gouvernement de la Transition, Yacouba Isaac Zida, il a expliqué à ses compatriotes de la Turquie que le président sortant, Michel Kafando, avait commandé un audit sur la gestion de la présidence du Faso. «Ma mission c’est de demander aux gens qui sont concernés par le rapport de donner des explications pour que nous retransmettions ces explications à l’ASCE qui décidera de la suite à donner ». Il a informé, en sus, l’assistance que l’ancien Premier ministre Zida a écrit pour renoncer aux parcelles à polémique.
A en croire le chef de l’Etat, rien n’a été intenté contre l’ancien Premier ministre Zida. Néanmoins, il a fait remarquer que l’autorisation d’absence de celui-ci a expiré depuis le 19 février et jusqu’aujourd’hui, il n’a pas encore rallié les rangs de l’Armée. «J’estime qu’il va rentrer et lever toutes les équivoques sur les supputations qui pèsent sur lui. Si c’est une volonté manifeste de ne pas rentrer au pays, c’est une erreur. C’est la même chose qu’on dit au président Blaise Compaoré, il ne sert à rien de fuir le pays, tôt ou tard tu rendras compte, mieux vaut que ça soit tôt au moins tu as les idées en place que tard parce que tu ne pourras pas te justifier. Nous avons tous le devoir de rendre compte», a-t-il précisé.
Le président a également exposé aux Burkinabé de la Turquie les grands projets en cours, à savoir la gratuité des soins pour une partie de la population, la construction des écoles, le recrutement d’enseignants, d’agents communautaires de santé et de médecins spécialistes, la réalisation de forages, etc.
Boureima SANGA