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A Ouagadougou, l’espoir avec Balai citoyen
Publié le samedi 16 avril 2016  |  lemonde.fr




Dans l’enfer de la canicule de Ouagadougou, des salves de vent frais émanent de la jeunesse du Balai citoyen. Ma rencontre avec ces jeunes militants m’a redonné espoir face à une certaine torpeur qui a longtemps gagné la société civile africaine. La génération précédente n’a pas pu s’approprier des combats de son époque, préférant se prélasser dans un fatalisme morbide face à des choix politiques désastreux.

Partout sur les murs de la ville, des slogans « Blaise dégage », « A bas le RSP » renseignent sur la virulence du ras-le-bol qui a emporté l’ancien président du Faso et annihilé les velléités putschistes de Gilbert Dienderé.

Mais le Balai citoyen n’a pas seulement été à l’initiative d’un changement de gouvernance pour battre en retraite ensuite. Cette jeunesse surveille ses acquis et s’organise afin de ne plus laisser les méthodes du passé ressurgir. Elle veille au grain et est en train de réussir une repolitisation de l’espace public autour de la souveraineté et du contrôle citoyen de l’action publique.
Tout ou presque est urgent

Roch Marc Christian Kaboré, le président post-transition, a d’énormes défis notamment celui de la construction d’un pays pauvre dans lequel tout ou presque est urgent. Mais sa tâche la plus ardue est de satisfaire une jeunesse sceptique face à son passé d’apparatchik et à la présence dans sa coalition d’anciens barons honnis dans le pays.
Pendant longtemps, en Afrique, nos gouvernants ont refusé d’écouter les complaintes de la jeunesse qui, désespérée, a finalement décidé de clamer fort ses légitimes revendications. Au Burkina, Blaise Compaoré a refusé de céder face aux injonctions de sa jeunesse jusqu’à ce que sa destitution ne vienne le réveiller d’un sommeil de vingt-sept années.

Je viens de passer plusieurs jours avec des membres de la direction du Balai citoyen. Ayant écouté leurs messages, vu leur motivation et mesuré leur détermination, je doute qu’ils puissent faire preuve de grande patience vis-à-vis de Kaboré dont l’action après cent jours ne rassure pas nombre des personnes avec lesquelles je me suis entretenu.
Une avant-garde militante
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