Le point de départ de ce documentaire inédit de Julia Monfort diffusé ce 16 avril à 20h30 sur la chaîne Public Sénat pour "Les dessous de la mondialisation", c'est la publication des chiffres officiels qui ont fait du Burkina Faso le quatrième producteur d'or en Afrique, en l'espace de dix ans. On apprend comment l'ancien président Blaise Compaoré a laissé se développer cette ruée vers l'or, qui a un temps bénéficié à la croissance du pays. Voilà pour la version officielle, ou grand public. Mais entre mines officielles et mines artisanales, qui fait quoi et dans quelles conditions ? Et surtout comment l'État gère dans ce système parrallèle. Tout juste sait-on qu'un million de Burkinabè risquent leur vie dans des mines artisanales moyenâgeuses. "Nous voulions partager le quotidien de ces laissés pour compte. Comprendre ce qui pousse bon nombre de cultivateurs à abandonner leurs champs pour s'engouffrer dans les entrailles de cette Terre... Ce que nous avons découvert sur le site de Fandjora s'apparente à de l'esclavage moderne", révèle la réalisatrice. Paysans pour la plupart, ces orpailleurs ont délaissé leurs terres moins fertiles et asséchées par le réchauffement climatique pour traquer le filon d'or qui les sortira de la misère." La réalisatrice s'est rendu à la pointe sud-ouest du pays, dans la mine artisanale de Fandjora. Là-bas "sur 40 hectares, la terre percée de milliers de cavités n'est qu'un vaste gruyère. Ce far west de brousse draine des milliers d'orpailleurs. Ils viennent de tout le Burkina Faso mais aussi du Mali ou de Côte d'Ivoire. De jour comme de nuit et sans protection, ces assoiffés d'or suffoquent dans l'obscurité de tunnels pouvant atteindre 100 mètres de profondeur. Ils grattent la roche dans l'espoir de trouver ce métal jaune et brillant qui mérite à leurs yeux des conditions impossibles. Pour maximiser les profits, des familles entières travaillent. La main d'œuvre est composée à 40% d'enfants. Après des semaines de dur labeur, les plus chanceux parviennent à extraire quelques grammes de poussière d'or. Mais la réalité, c'est un quotidien précaire et dangereux", révèle l'enquêtrice.
Ce qu'il faut retenir
Que fait l'État devant cette nouvelle ruée vers l'or ? À qui peut-elle profiter sur le long terme ? Ce sont les questions de fond que posent Julia Monfort. Le nouveau code minier mis en chantier par le gouvernement de transition est l'une des pistes les plus sérieuses, car il pourrait permettre un meilleur encadrement de la profession de l'orpaillage, plus exigeant aussi sur les les permis d'achat et de vente. Mais bien plus indique, Julia Monfort, "au-delà de l'urgence sanitaire et environnementale, il est nécessaire de mettre en lumière les circuits d'exportation cachés qui privent chaque année le Burkina Faso de plusieurs millions d'euros de recettes fiscales. Un trafic organisé dont les principaux acteurs n'ont jamais fait l'objet de sanctions. La filière n'est pas soumise à des contrôles stricts.
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