OUAGDOUGOU - Investi en décembre dernier, le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré fait face, depuis quelques jours, à une grogne généralisée dans son pays, où les populations commencent à désespérer, selon des observateurs politiques.
M. Kaboré, ancien Premier ministre de l’ex-président Blaise Compaoré, a été élu dès le premier tour de la présidentielle du 29 novembre 2015 avec 53,63% des suffrages, mettant fin à treize mois de transition politique suite à l’insurrection populaire d’octobre 2014.
Mardi, dans un mémorandum de quatorze pages, l’opposition politique conduite par le candidat malheureux à la présidentielle, Zéphirin Diabré a indiqué que l’analyse faite des 100 premiers jours du régime du Président Roch Marc Christian Kaboré permet de faire ressortir des "hésitations" et des "tâtonnements".
"Nous ne sommes pas là pour faire des éloges de quelqu’un qui travaille en face de nous et se trouve être notre opposant. Nous ne nous prononçons pas sur des quelconques aspects positifs. Car ce n’est pas cela le rôle de l’opposition politique. Il nous revient de tirer sur la sonnette d’alarme quand ça ne va pas", a déclaré M. Diabré.
Selon lui, "n’ayant pas d’idées neuves, Kaboré est allé puiser au réservoir de l’ancien régime dont il fut acteur, en recyclant de veilles recettes ou en prolongeant des actions déjà programmées", ajoutant que "les Burkinabè attendaient de voir durant les 100 premiers jours, au moins les prémices d’un vrai changement. Ils sont déçus !".
Depuis plusieurs semaines, des syndicats menacent de manifester pour exiger de meilleures conditions de vie et de travail.
L’opposition s’est dite prête à soutenir une éventuelle grande manifestation contre le régime en place.
La Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC), principale plate-forme de la société civile, a expliqué, mardi, que plus de trois mois après l’arrivée de Roch Marc Christian Kaboré au pouvoir, la situation sociale des populations n’a pas connu d’amélioration.
Selon les spécialistes, le prix des produits de première nécessité restent élevés et l’exécutif tente de remettre en cause les acquis des travailleurs à travers la mise en application de la loi 081, arrachée par les travailleurs sous la transition.
Ce "gouvernement n’a absolument rien fait pour rehausser les revenus des populations", s’insurge le président par intérim du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti de Blaise Compaoré).
Sur le plan sécuritaire, l’opposition estime que le "cafouillage" au sommet de l’Etat qui a suivi les attentats du 15 janvier (30 morts) et les explications "vaseuses" du ministre en charge de la sécurité attestent un désordre.
Sur cette question, la société civile, exige le départ sans condition des différentes forces étrangères du Burkina, car elles "constituent une source d’insécurité pour notre peuple en témoignent les accords signés par le gouvernement de la transition qui accordent une immunité totale aux éléments des forces françaises, pour tout acte qu’ils viendraient à poser dans notre pays".