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Yalgado : Vous avez dit hôpital de référence ?
Publié le jeudi 14 avril 2016  |  L`Observateur Paalga
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© Autre presse par DR
Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO)




Que de voix déjà entendues au sujet de notre Centre hospitalier national de référence ! Que d'articles de presse pour dépeindre certaines dérives devenues hélas coutumières d'une catégorie d'agents salariés en service dans cette superstructure ! Mais rien n'y fit. Tout se passe comme si les forces du mal étaient invincibles en ces lieux.

Contraint par les besoins de santé, nous avons parcouru "Yalgado" de long en large durant quelques semaines. Ce fut

l'occasion de découvrir de près les traits physiques, mais aussi le mode de fonctionnement de notre hôpital de référence.

A certaines heures de la journée, l'enceinte du centre hospitalier présente des allures de minifoire humaine où s'entrecroisent des uniformes de toutes les couleurs, le tout dans une forêt de véhicules et un enchevêtrement de bâtiments qui laissent peu de places à des voies de communication rectilignes.

De nombreux services présentent des façades acceptables ou

même agréables à voir comme celle du service de traumatologie ; d'autres tels le trio de bâtiments abritant la dermatologie, les maladies infectieuses et l'urologie semblent oubliés ou négligés. Particulièrement, le service d'urologie avec sa très longue façade délavée, couverte de plus de vingt portes contiguës dans un style plutôt peu attrayant, sinon même effrayant à première vue pour qui devrait y séjourner ; il partage avec son binôme d'en-face un environnement peu enviable. En effet, la cour commune aux deux services voisins est accidentée, parsemée de blocs rocheux et d'épaves de matériels divers. Même les panneaux métalliques d'affichage sont visiblement non ou très mal entretenus par les locataires des lieux qui amplifient la dégradation en collant des affiches à même les façades.



Esprits foncièrement immoraux



Pour ne rien faciliter du coté de l'urologie, les interventions chirurgicales se déroulent à plusieurs lieues des chambres ; les

néo-opérés doivent supporter alors un éprouvant voyage en chariot pour regagner les fameuses chambres a multiples lits où l’intimité est loin, très loin d'être préservée. De nombreux patients accusent certainement le coup, mais que faire? C'est dans un tel décor que des hommes et des femmes se dévouent comme ils peuvent pour faire recouvrer aux patients une santé momentanément perdue. Nombreux sont ceux qui exercent dignement et avec esprit de suite leur métier de soignant. Honneur à eux !

Nous saluons et encourageons le personnel de ce jeune service dénommée M.N qui se préoccupe du bon accueil de ses patients.

Malheureusement, tout n'est pas rose à Yalgado.

Pour ce que nous avons pu constater, des esprits foncièrement

immoraux hantent les différents compartiments de l'hôpital à la recherche du moindre centime en se servant de deux grandes brèches qui sont :

- l’anonymat parfait de la plupart des uniformes qui ne portent ni l'identité de la personne, ni celle du service (tout au plus le sigle CHU-YO est visible sur quelques blouses) ;

- la délivrance par des gens sans nom de bouts de papier hâtivement griffonnés en guise d'ordonnances, signés d'un trait courbe ou oblique; en dehors du cachet "hôpital" ; ces bouts de feuille ne portent aucune adresse du prescripteur.

Tirant partie de l'absence totale de rigueur pour ces deux points

cités plus haut, des prédateurs réalisent leurs meilleures

prises surtout dans les coulisses des blocs opératoires. Pendant que le malade est admis dans la salle d'opération, les

accompagnateurs sont aussitôt approchés par des uniformes de toutes les couleurs, proposant la vente des produits absents du kit d'opération ou délivrant les fameuses ordonnances sans tête ni queue pour des raisons inconnues quand le kit est complet. Sous le coup de l'émotion les ordonnances sont honorées et les produits sont emportés on ne sait où. Nous pensons que la plupart seront revendus à d'autres patients ou à des cabinets privés.



Pratiques morbides



A la fin de la l’opération, Dieu seul sait comment le contenu du kit fut réellement géré. Si le malade est vivant, un deuxième chemin de croix l'attend avec certains agents de la garde nocturne. Pour notre malade, par exemple, aux parents analphabètes, ce sont trois thermomètres et deux paquets de gants (soit plusieurs dizaines de paires) qui ont été prescrits en quatre nuitées.

Dans cette course effrénée vers la spoliation des souffrants, on

compte même des supérieurs hiérarchiques. Tel celui-là qui déclare n'avoir aucune opinion vis-à-vis de ses collègues mis en cause dans la vente illicite d'anesthésiques, car lui-même a déjà vendu des restes d'échantillons pour soulager des malades. Pauvre Hippocrate !...

Toutes ces pratiques morbides qui polluent l'hôpital sont connues de tout le monde, donc des plus hautes autorités et du syndicat des travailleurs de la santé qui sont les seuls à détenir les remèdes du mal. En effet, si la volonté politique est acquise :

- que coûte l'obligation de faire figurer de façon lisible les identités personnelles et du service sur les blouses dans les blocs opératoires? Zéro franc, plus une dose de rigueur ans la durée ;

- que coûte l'interdiction des ordonnances non certifiées par des prescripteurs compétents dans les blocs opératoires ? Zéro franc plus une dose de rigueur dans la durée ;

- que coûte une mise à pied (avec incidence financière) ou même un licenciement d'agents ripoux ? Zéro franc, et plus de courage pour décider ;

- que coûte un coup de gueule d'un syndicat à des militants qui

sapent l'honneur de la profession? Zéro franc, plus un surcroît de crédibilité.

Enfin, nous supplions l'Etat de penser à des chambres individuelles d'hospitalisation au prix coûtant. Pour le rafraîchissement de la façade de l'urologie, de la dermatologie, et le déblayage des objets encombrants, nous proposons une souscription publique pour y faire face, le cas échéant.



Proche d'un malade du CHU-YO
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