Au cours d’un point de presse tenu ce mardi 12 avril 2016 à Ouagadougou, la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC), a exigé du gouvernement toute la lumière sur la gestion de la Transition. Selon son président, Chrysogone Zougmoré, qui avait à ses côtés Bassolma Bazié, porte-parole de l’Union d’action syndicale (UAS) «des mesures doivent être prises contre les coupables de toutes malversations ».
Cinq points ont été abordés par les conférenciers durant cet échange avec la presse nationale et internationale : la gestion de la Transition, le plan sécuritaire, la vie chère, les dossiers judiciaires et la présence militaire française sur le sol burkinabè.
La Coalition a laissé entendre que plus de trois mois après l’arrivée de Roch Marc Christian Kaboré au pouvoir, la situation sociale des populations n’a pas connu d’amélioration. Pour preuve, le prix des produits de première nécessité restent élevés et l’exécutif tente de remettre en cause les acquis des travailleurs à travers la mise en application de la loi 081.
Quant au sujet de la gestion de la période de Transition, le président de la CCVC, Chrysogone Zougmoré, a souhaité que toute la lumière soit faite sur les cas «d’acquisitions indécentes» de parcelles à Ouaga 2 000 par d’ex dirigeants de la Transition, dont l’ex Premier ministre, Yacouba Isaac Zida.
« A cela s’ajoute des révélations sur des bonus de plusieurs millions de FFCFA que les membres du gouvernement de la Transition se seraient octroyés à la fin de leurs mandat ainsi que les opérations présumées de blanchiment d’argent à hauteur de dizaines de milliards qui pourraient impliquer non seulement les gestionnaires de la Transition, mais également d’autres acteurs du pouvoir de la 4e République y compris des animateurs ou proches du pouvoir actuel», a révélé M. Zougmoré.
Pour lui, «il est impérieux et urgent que toute la lumière soit faite sur l’ensemble de ces affaires louches et que tous les coupables, quels que soient leurs rangs, leurs titres ou leurs grades, répondent de leurs forfaits».
Faillite sur le plan sécuritaire et judiciaire
Pour le bureau de la CCVC, l’Etat a failli tant sur le plan sécuritaire que judiciaire. Au niveau sécuritaire, le principal orateur du jour a fait remarquer que l’Etat a montré aux yeux de tous, son incapacité à assumer sa mission régalienne de sécurisation des populations et de leurs biens. Raison pour laquelle les populations ont mis en place des groupes d’autodéfenses. Pour Chrysogone Zougmoré, il est inutile de chercher à les démanteler. « Nous devrons faire en sorte qu’ils apportent leur contribution dans la sécurisation des populations tout en respectant les droits humains», a-t-il dit.
Quant au dossier judiciaire, il dit ne pas comprendre le silence des autorités judicaires sur les affaires des martyrs de l’insurrection populaire, les victimes du coup d’Etat de septembre 2015 et les autres dossiers de crimes de sang (Norbert Zongo, Thomas Sankara) et de crimes économiques. Ces derniers ne communiquent plus sur les avancées des dossiers et cela est regrettable de l’avis de la CCVC. «Bien au contraire l’on assiste à des libérations tous azimuts de détenus sans la moindre explication. A une telle allure, il est à craindre que des auteurs de crimes de sang et économiques n’échappent définitivement à la justice et n’en viennent à narguer le peuple, pour leurs hauts faits de criminalités impunis», a déclaré le leadeur de la CCVC.
Départ des forces étrangères
Sur la question, la coalition s’est voulue catégorique. Elle veut le départ sans condition des différentes forces étrangères du pays car les forces américaines et françaises présentent dans notre pays «constituent une source d’insécurité pour notre peuple en témoignent les accords signés par le gouvernement de la Transition qui accordent une immunité totale aux éléments des forces françaises, pour tout acte qu’ils viendraient à poser dans notre pays».
Quant au déploiement éventuel du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale française (GIGN), la CCVC dit jouer la carte de la vigilance afin de déjouer toute duperie tant des autorités politiques françaises que burkinabè.
Face à toutes ces situations qui rythment la vie nationale, le président Zougmoré a indiqué que la CCVC continuera de se battre aux côtés des populations à travers des actions de veille et d’interpellation.
Dimitri Kaboré