Dans la matinée du 9 avril 2016, une forte pluie s'est abattue sur Ouahigouya et ses environs. Si cette manne a été bien accueillie par nombre d'habitants du fait de l'atténuation momentanée de la canicule, cela n'a pas été le cas chez les maraîchers qui ont vu leurs productions, soit inondées, soit emportées par les eaux.
Cette année, la fête des maraîchers du Nord a eu un goût amer, du moins pour ceux de la cité de Naaba Kango. Pendant que les autorités procédaient à l'ouverture des journées promotionnelles des produits maraîchers, le 9 avril 2016 à Ouahigouya, les exploitants des périmètres maraîchers des barrages de Kanazoé et de Goinré étaient dans la détresse. En effet, dans la matinée de ce jour, des averses de 20,7 millimètres d'eau, selon les statistiques des services météorologiques de Ouahigouya, ont provoqué des inondations dans les champs des producteurs. Beaucoup d'entre eux qui avaient récolté et stocké la pomme de terre ou l'oignon dans les champs les ont vus engloutis ou emportés par les eaux. Il a fallu de la gymnastique pour sauver ce qui pouvait encore l'être. Quant aux plantes inondées, les maraîchers ne pouvaient que constater, impuissants, les dégâts. Le dimanche 10 avril à Goinré, le responsable de la filière oignon du Yatenga, Boukary Savadogo et sa famille s'affairaient toujours à faire sécher leur oignon mouillé.
D’énormes pertes pour les producteurs
Ce producteur dont le champ avoisine 20 hectares dit avoir subi d'énormes pertes. Après avoir conclu un marché de 400 sacs de 110 kg d'oignon chacun avec un acheteur, M. Savadogo espérait empocher 4 MILLIONS de F CFA quand une fine pluie est venue arroser son stock le 8 avril. ‹‹L'acheteur était venu avec ses sacs mais étant donné que l'oignon était mouillé, il nous a instruit de le faire sécher. Et c'est le lendemain que la grosse pluie est venue tout emporter››, déplore-t-il. Selon ses dires, l'eau a trimballé les tas d'oignon sur une distance d'environ un kilomètre et il a fallu être très entreprenant pour récupérer ce qui pouvait l'être. Au final, la famille Savadogo n’a pu sauver que 70 sacs sur les 400. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, l'infortuné a indiqué que certaines personnes en ont profité pour ramasser ses oignons avec des bassines et filer dans leurs maisons. ‹‹J'estime la perte de mes oignons à 4 millions FCFA alors que je voulais les vendre et compléter l’argent pour solder un crédit de près de 10 millions de FCFA que j'ai pris pour la production ››, explique-t-il, l'air dépité. Outre cela, M. Savadogo a encore d'autres cultures comme la tomate et le poivre sous les eaux.
Une hausse du prix des produits en vue
Un peu plus loin, Sékou Diabaté observe lui aussi les dégâts survenus dans son aire d'exploitation. Pantalon trempé, le regard songeur, il confie que ses parcelles de maïs, de piment et de poivre sont envahies par les eaux. Il évalue ses pertes à 3 MILLIONS de F CFA environ. Sa voisine, Azèta Diallo, est, quant à elle, préoccupée par l'étalage et le tri de ses bulbes d'oignon arrosés par la pluie. Chez elle, c'est le haricot vert, le piment et le poivre qui se trouvent sous les eaux. Des pertes qu'elle a estimées à environ 500 000 F CFA. La conséquence immédiate de ces dégâts, de l'avis des sinistrés, sera la flambée des prix des produits maraîchers. Tous n'ont qu'un seul vœu : avoir de l'aide où à défaut, une rallonge des délais de paiement de leurs crédits. Déjà, le président des producteurs semenciers du Yatenga, Inoussa Savadogo, est allé, le 10 avril, témoigner sa solidarité aux maraîchers de Goinré. Il a promis que les sinistrés qui sont affiliés à la caisse populaire vont bénéficier d'un accompagnement dont la nature sera précisée ultérieurement.
Mady KABRE