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DG des Editions Sidwaya : " nous voulons faire de grandes choses avec peu de moyens"
Publié le mercredi 13 avril 2016  |  Sidwaya
Conférences
© Sidwaya par DR
Conférences publiques sur le civisme dans le Séno : le directeur général des Editions Sidwaya, Rabankhi Abou-Bâkr Zida, ouvre le bal des communications




Le Directeur général (DG) des Editions Sidwaya, Rabankhi Abou Bâkr-Zida a reçu, le 12 février 2016 à Bobo-Dioulasso, les clés du bâtiment devant abriter l’imprimerie du journal dans la cité de Sya. Le jeudi 7 avril, il recevait officiellement un nouveau groupe électrogène offert par la Loterie nationale du Burkina (LONAB). M. Zida explique les différentes démarches entreprises pour le renforcement des capacités des Editions Sidwaya et évoque les autres projets de l’entreprise de presse qu’il dirige.


Sidawaya (S.) : Vous venez de réceptionner le bâtiment devant servir d’imprimerie de Sidwaya/Bobo. Quelle a été la démarche auprès du Conseil régional des Hauts-Bassins qui a permis la construction de l’infrastructure ?

Rabankhi Abou-Bâkr Zida (R.A.Z.) : Nous sommes actuellement à une étape importante du projet d’acquisition et d’implantation d’une imprimerie à Bobo-Dioulasso. La première étape était d’abord le bâtiment, car nous avions commencé à vouloir tout ensemble. Après réflexion, nous avons constaté qu’il fallait aller par étape. C’est pour cela que nous avons échelonné un peu nos priorités. La priorité des priorités était d’avoir un local. Nous avons entrepris des démarches dans ce sens, qui datent de deux ans, auprès du président du Conseil régional des Hauts-Bassins de l’époque, Alfred Sanou, à qui nous avons soumis le projet, accompagné d’un plaidoyer. Il a été sensible au plaidoyer et a compris l’impact que cela pouvait avoir pour la région des Hauts-Bassins. Il a adhéré au projet. Un an après, nous avons organisé une table ronde avec les différents partenaires qui pouvaient nous accompagner dans la mise en œuvre du projet. Séance tenante, le Conseil régional a annoncé la prise en charge de la construction du bâtiment, d’une valeur d’environ 30 MILLIONS de F CFA. Que ce soit la construction du bâtiment, le lancement du marché, le choix de l’entrepreneur, tout a été géré par le Conseil régional. Sidwaya n’a fait que trouver l’espace. Nous avons reçu les clés du bâtiment. Nous remercions le Conseil régional pour cet accompagnement. C’est un pas important, et il ne nous reste qu’à jouer notre partition qui consiste à trouver des partenaires qui vont nous accompagner dans l’acquisition des équipements afin de faire cette imprimerie, une réalité.

S. : En quoi va consister la prochaine étape pour l’installation de cette imprimerie ?

R. A. Z. : La prochaine étape consiste à la recherche des équipements. On dit généralement que quand les gens vous lavent le dos, il faut apprendre à vous frotter le ventre. Donc, pour montrer comment ce projet nous tient à cœur, nous avons déjà envoyé un groupe électrogène de 130 KVA qui peut supporter les travaux. Nous avons également amené une machine qui n’est pas trop en forme, mais qui peut être réparée. Il reste à trouver un certain nombre de matériels tels qu’une insoleuse, un massicot, une presse deux couleurs. Nous pensons qu’avec l’accompagnement des uns et des autres, c’est du domaine du réalisable.

S. : A quand pensez-vous pouvoir concrétiser le projet d’installation de l’imprimerie à Bobo-Dioulasso ?

R. A. Z. : Nous allons essayer de mettre en place un comité, avec des agents de Bobo-Dioulasso et de Ouagadougou, qui va être régulièrement sur le terrain pour lever des fonds, faire du plaidoyer, du lobbying, afin que nous puissions réaliser ce projet pour que le premier journal puisse sortir avant fin 2016.

S. : Quelles sont les difficultés majeures de l’entreprise de presse que vous dirigez ?

R. A. Z. : C’est vrai que les Editions Sidwaya sont une entreprise publique. Mais nous ne perdons pas de vue que nous sommes dans un domaine hautement concurrentiel. De plus en plus, la concurrence devient très rude et le nombre des concurrents ne cesse de s’accroître. De janvier 2014 à aujourd’hui, il y a eu la naissance de beaucoup de quotidiens, alors qu’avant, on avait deux ou trois quotidiens dans notre pays. La concurrence se jouait entre ces derniers. Nous avons au moins huit quotidiens dans notre pays aujourd’hui. Le rêve de chacun de ces quotidiens est de rogner un peu la part du marché de Sidwaya. C’est une concurrence très sérieuse. Malheureusement, nous sommes dans un cadre administratif et juridique qui ne permet pas d’aller au combat avec les mêmes armes. Nous sommes dans un dispositif institutionnel qui n’est pas très opérationnel. Il ne permet pas de pouvoir réagir très rapidement soit pour acquérir une pièce, parce que la machine est en panne, soit pour prendre du papier sur le marché parce que le fournisseur est défaillant. Ces différentes situations nous handicapent un peu. Elles ne nous permettent pas de nous donner véritablement à cette concurrence. Les autres ont une avance parce que là-bas, c’est beaucoup plus léger. Avec l’accompagnement des autorités, si on arrivait à se mettre dans un dispositif institutionnel, juridique qui s’adapte le mieux à une entreprise de presse qui est une entreprise à feu continu comme Sidwaya, et qui nécessite qu’on réagisse du tic au tac, cela nous permettrait de nous porter mieux. D’autres difficultés, c’est l’équipement et le personnel, dont le profil ne permet pas du grand rêve. Au sujet de l’équipement, notre imprimerie a quelques équipements uniques et vétustes. C’est une difficulté parce qu’ils peuvent s’arrêter à tout moment. Et quand ça s’arrête, il faut entrer dans de longues procédures qui peuvent durer six mois, voire huit, pour avoir l’autorisation express du ministère en charge des finances et pouvoir acheter les pièces de rechange. C’est autant de difficultés, mais qui ne plombent pas la vie de la maison parce que quand on se rend compte qu’il y a une difficulté, on essaie de trouver une solution pour pouvoir avancer.

S. : Vous avez évoqué la forme juridique des Editions Sidwaya qui ne permet pas d’être beaucoup plus opérationnel. Quelle est la forme appropriée qu’il faut à Sidwaya ?

R. A. Z. : Il faut une mutation des Editions Sidwaya vers une société d’Etat, afin que la maison puisse avoir plus de dispositif institutionnel et juridique pour mieux se porter. Il faut que Sidwaya soit aujourd’hui à même de pouvoir servir des prises en charge conséquentes, parce que les gens travaillent 24h/24. La journée continue ne s’applique pas à Sidwaya, donc les agents ne tiennent pas compte de certains textes de l’administration centrale. A tout moment quand vous passez, vous verrez des agents.
Nous avons aussi une principale difficulté au niveau de l’administration publique, qui est l’un de nos gros clients. Malheureusement, c’est dans ses rangs que se trouvent les mauvais payeurs. Une fois qu’ils bénéficient des services de Sidwaya, ils tournent le dos. Vous allez marcher plusieurs mois, parfois de longues années, sans obtenir ce qu’on vous doit. Les gens ont peut-être cette idée de Sidwaya d’il y a 20 à 30 ans, qui n’avait aucune obligation de résultats, et qui était chaque jour pourvu en moyens par l’administration centrale. Non, Sidwaya a changé : en tant qu’EPE, nous avons une obligation de résultats. Chaque année, au niveau de l’assemblée générale des EPE, les états financiers des Editions Sidwaya sont passés au crible pour être félicités parce que « vous avez fait un bon score ». Du coup, le caractère commercial de la maison nous oblige véritablement à avoir un statut qui puisse nous permettre d’être beaucoup plus opérationnel, donc migrer vers le statut de société d’Etat. C’est l’idéal actuellement au niveau de Sidwaya. Dans la plupart des pays de la sous-région, les médias de type Sidwaya sont des sociétés d’Etat. C’est sûr que cette mutation est parfois un peu difficile compte tenu parfois des effectifs, d’un certain nombre d’aléas, mais avec une volonté d’un accompagnement fort, on peut se donner peut-être deux ans ou trois pour cette mutation. Mais en attendant, l’Etat peut autoriser, à mon avis, des dérogations dans certains aspects au niveau de la comptabilité, des marchés publics, pour nous permettre de nous mettre à jour avant de muter vers la société d’Etat. Du jour au lendemain, proclamer le changement sans ces accompagnements, ça va être difficile.

S. : Ces derniers temps, Sidwaya a bénéficié de l’appui du Japon et de la Chine Taïwan pour l’acquisition de moyens roulants et de matériel informatique. Comment cela a-t-il été possible ?

R. A. Z. : Cela n’a pas été simple, comme certaines personnes le pensent. En réalité, c’est d’abord une démarche de la direction générale vers les partenaires potentiels pour leur demander un accompagnement. Vous savez, ces partenaires n’ont pas de l’argent à jeter. Ils soutiennent des organisations, parce qu’ils sentent qu’il y a un effort qui est fait à ce niveau. Donc, ce n’est pas pour ses beaux yeux que Sidwaya a obtenu tout ce matériel, mais c’est pour la qualité du travail qui est fait par l’ensemble des agents de Sidwaya. Il y a eu un effort terrible de l’équilibre de l’information dans les colonnes des Editions Sidwaya. C’est quelque chose que peut-être ceux qui sont sur place ne remarquent pas, mais nos partenaires dans les instances diplomatiques, savent que ce n’est pas évident pour un journal comme Sidwaya de pouvoir prendre un certain nombre de mesures, de résolutions, de se donner une certaine marge de liberté en matière de traitement de l’information, et puis, ne pas subir quelques difficultés. C’est cette lecture que nos partenaires ont faite. Ils ont trouvé que c’était encourageant, surtout dans la construction de notre démocratie. Tout cela a constitué un plaidoyer pour la maison. Ainsi, beaucoup de partenaires ont choisi de nous soutenir quand nous sommes allés leur présenter le projet. Il y a au niveau des Editions Sidwaya, l’effort d’amélioration de tous nos produits, et notamment de proposer un produit assez intéressant, afin que les partenaires adhèrent à ce que nous sommes venus solliciter.
Il faut reconnaître également qu’il y a une contrepartie et qui est que Sidwaya travaille à donner de la visibilité aux activités des partenaires. Je veux parler du soutien que les Japonais nous ont apporté à hauteur de 389 MILLIONS de F CFA. Ces derniers temps, il y a eu beaucoup d’articles sur ce que le Japon fait dans notre pays. Ces productions ne se limitent pas à Ouagadougou uniquement. Le cas de Taïwan a été une compétition : il y a eu un appel à projet que l’ambassade de Taïwan a lancé. Sidwaya a soumis un projet qui a été retenu par l’ambassade de Taïwan. Il y a des gens qui ont postulé, mais leur projet n’a pas été retenu. Sidwaya s’en est sorti avec 86 ordinateurs. Mais si des gens s’adonnent à des jérémiades pour raconter du n’importe quoi, pour dire qu’on soutient X et qu’on laisse Y, nous ne nous inscrivons pas dans leur logique. Nous sommes dans une logique de compétition, d’excellence. Si vous êtes excellent, forcément, certaines personnes reconnaîtront cela et elles sauront vous accompagner pour atteindre vos objectifs. C’est dans cette dynamique que nous sommes actuellement. Parfois, ce sont des initiatives que nous avons prises, sans aller demander l’avis de qui que ce soit, pour l’intérêt de la maison. Parce que cette maison a beaucoup d’ambitions, mais malheureusement très peu de moyens. Il faut aller chercher les moyens ailleurs. Sidwaya n’avait pas plus de quatre véhicules pour servir dans tout le Burkina Faso. Avec l’accompagnement du Japon, nous avons pu avoir 11 véhicules. Ce n’est pas suffisant, mais c’est déjà quelque chose. On continue de se battre dans ce sens pour pouvoir avancer.

S. : Certains pensent qu’on appuie trop les médias publics qui ne sont pas les seuls à rendre le service public. Votre commentaire ?

R. A. Z. : C’est parfois une manipulation de concepts qu’on ne maîtrise pas trop. Quand on parle de service public, n’importe qui peut dire qu’il fait du service public, mais ce n’est pas au même degré. Aujourd’hui, quand vous faites le point de ce que nous faisons gratuitement à Sidwaya pour accompagner les syndicats, les partis politiques et d’autres structures dans le milieu associatif et culturel, quand vous estimez ça par an, cela tourne autour du milliard de francs CFA. A cela, s’ajoutent des ministères qui ne paient pas certaines prestations. Qui d’autre dans ce pays le fait ? Les gens sont passés maîtres dans les réponses, les réactions simplistes. Il faut que tout le monde se mette véritablement au sérieux. Que l’on travaille à renforcer la confraternité car c’est l’une des rares valeurs qui reste aujourd’hui. Si nous tirons à boulets rouges sur les uns et les autres, on sera la risée de tout le monde. Il faut que l’on se ressaisisse, que l’on travaille. Il faut encourager l’excellence, plutôt vouloir ressembler à l’autre et se donner des moyens de se hisser à son niveau que de tirer l’autre vers le bas. Cela n’est pas un bon esprit. Il faut savoir reconnaître le mérite des uns et des autres. Quand Sidwaya se retrouve dans une insécurité notoire, aucun confrère ne dit mot. Nos agents sont 24h/24 en insécurité, au regard de la situation géographique des Editions Sidwaya. Personne ne s’en émeut. Quand Sidwaya commence à sortir du lot, ça devient un problème. Il ne faut pas oublier que ce que Sidwaya a comme avantage aujourd’hui profite à l’ensemble de la presse. Aujourd’hui, il y a des journaux qui tirent chez nous car là où ils tiraient, ils ont des difficultés. Et ça se passe très bien, malgré le trop plein de travail que nous avons. Nous nous organisons afin de les accompagner, car il y a la confraternité. Ce sont tant de choses qu’il faut encourager et travailler afin que cela devienne quelque chose de pérenne. Mais il ne faut pas travailler à décourager ceux qui essaient d’avancer. C’est un ensemble de circonstances qui nous ont amené là où nous sommes aujourd’hui. Il y a 4 ou 5 ans, quand on ouvrait les colonnes de Sidwaya à un opposant de ce pays dans la rubrique « L’invité de la rédaction », ce que nous avons reçu comme coups, aucun confrère n’est venu par souci de confraternité pour nous aider. Nous nous sommes débattus seul face à notre problème. Chaque jour, nous remettons en cause notre position de DG pour que la maison puisse avancer. On n’est pas là pour nous- même. Nous sommes là pour servir une cause, et cette cause, c’est Sidwaya. Nous prenons ainsi des risques pour qu’il y ait une liberté au sein de Sidwaya, pour qu’il y ait une certaine marge de manœuvre, pour que nous puissions avancer. S’il y a des résultats, de grâce, qu’on nous laisse en paix continuer notre chemin. Que ceux qui ont des problèmes aillent trouver les solutions ailleurs. Mais appeler des ambassades pour se plaindre pourquoi on donne à Sidwaya et pas aux autres, je pense qu’il y a quelque chose de malsain et d’indécent. Il faut qu’on se ressaisisse et qu’on passe à autre chose.

S. : En dehors des partenaires étrangers, avez-vous reçu des soutiens de structures nationales ?

R. A. Z. : Au niveau national, il y a des structures qui nous soutiennent. Concernant le projet d’installation de l’imprimerie de Bobo-Dioulasso, beaucoup de personnes nous félicitent et nous soutiennent. Il y a le DG de FILSAH qui a beaucoup salué cette initiative. Il est aujourd’hui notre parrain. Il nous permet de rentrer dans le milieu des opérateurs économiques pour faire le plaidoyer afin d’avoir du matériel. Des partenaires locaux nous soutiennent également. Nous comptons nous appuyer sur eux pour l’acquisition des équipements de cette imprimerie de Bobo-Dioulasso. Nous comptons beaucoup sur les partenaires locaux de tout le Burkina Faso, mais principalement ceux de la Boucle du Mouhoun, des Cascades, des Hauts-Bassins et du Sud-Ouest. Nous allons faire le tour et demander leur accompagnement. Le journal qu’on aura sur place à Bobo-Dioulasso va desservir le grand Ouest du pays. Mais nous allons aussi mettre un accent particulier sur ce qui se passe dans la région, afin que les populations se voient à travers le journal que Sidwaya va leur proposer. C’est donc une occasion pour les acteurs économiques de la région, de pouvoir démontrer leur savoir-faire dans les colonnes de Sidwaya. C’est une opportunité que nous offrons aux uns et aux autres pour qu’ils viennent participer, et en retour, chacun va bénéficier de l’accompagnement de Sidwaya. Ce partenariat peut se faire sous plusieurs formes. Vous pouvez décider d’accompagner Sidwaya sans en attendre rien en retour. Vous pouvez également nous accompagner dans un partenariat gagnant-gagnant. J’invite tout le monde à adhérer au projet, car ce n’est pas un rêve, mais quelque chose de concret. En dehors du Japon et Taïwan, d’autres partenaires nous ont soutenu : l’ONEA a construit des latrines VIP dans la cour de Sidwaya/Bobo. A Ouagadougou, la LONAB nous a doté d’un groupe électrogène de 440 KVA qui est trois fois plus puissant que notre ancien groupe.

S. : Sidwaya est le seul quotidien public de la sous-région qui ne dispose pas de rotative. Pourquoi ?

R. A. Z. : Je ne peux pas vous dire pourquoi. Mais je peux vous dire pourquoi nous avons besoin de la rotative. La rotative est un outil de production essentiel de la presse écrite. Les machines que nous avons actuellement nous permettent certes, de tirer les journaux. Mais ce ne sont pas des machines adaptées à la production d’un journal. La machine-type de la production d’un journal, c’est la rotative. Non seulement elle résout les problèmes de retard car elle va très vite mais c’est aussi un tout en un, car elle plie, fait l’encartage et coupe le journal. Nous sommes en train de faire un plaidoyer pour l’acquérir. Il y a environ quelques semaines de cela, nous avons mis en place une cellule au sein de Sidwaya, avec pour mission de réfléchir aux avantages d’une rotative non seulement pour Sidwaya, mais aussi pour l’ensemble de la presse écrite de notre pays. Il n’y a pas d’imprimerie assez performante, et beaucoup d’imprimeries pensent que le tirage de la presse n’est pas un marché intéressant. Lorsque vous tirez votre journal chez un privé, s’il a un marché important, ce dernier met votre journal de côté. Le tirage des journaux constitue une activité secondaire des imprimeries à Ouagadougou. Après cette étude, si nous trouvons que la rotative sera rentable pour l’ensemble de la presse de notre pays, si un partenaire nous dotait d’une rotative, avec le fonds de soutien qui vient d’être mis en place, Sidwaya peut prendre en charge les impressions des journaux des différents confrères à un coût assez bas pour leur permettre de rentabiliser leurs activités. Ce sont des idées que nous sommes en train d’explorer. L’année passée, nous avons lancé une étude sur la mise en place d’une messagerie de presse car toute la presse nationale souffre d’un problème de distribution. Nous avons envoyé des émissaires en Côte d’Ivoire et au Sénégal pour voir comment cela est organisé. Nous allons porter l’étude à la connaissance du ministère de la Communication afin que des décisions soient prises dans ce sens pour créer une société de messagerie et faciliter la distribution des journaux dans notre pays.

S. : Est-ce que Sidwaya peut supporter le coűt de la rotative ?

R. A. Z. : Actuellement, Sidwaya seul ne peut pas supporter le coût d’une rotative. Il y a plusieurs types de rotatives, mais si vous voulez avoir une machine de bonne qualité, il faut compter entre trois et quatre milliards de F CFA. C’est vraiment un tout très performant. Mais une fois que vous avez la machine, au bout de cinq ans vous pouvez rentabiliser cela avec la possibilité de tirer les journaux déjà, et de faire d’autres travaux. Dans notre pays, la plupart des manuels scolaires se fait ailleurs parce qu’on n’a pas le dispositif sur place, alors que si on a une machine de cette capacité de production, Sidwaya peut au bout de cinq ans la rentabiliser.

S. : Quels sont les autres grands projets des Editions Sidwaya ?

R. A. Z. : J’ai tantôt parlé d’insécurité au niveau du siège à Ouagadougou. Nous sommes en train de chercher un siège pour pouvoir déménager. Le site que nous avons identifié avec la SONATUR, c’est l’extension Ouaga 2000. On attend de remplir les fiches et de voir concrètement ce que ça va donner. Nous avons besoin d’un espace d’environ un hectare pour permettre à cette maison de pouvoir déménager et d’offrir de meilleures conditions de vie et de travail à ses agents. Nous les journalistes, nous passons essentiellement notre temps à Sidwaya, peut-être les 2/3 de notre temps au sein de l’entreprise. Lorsque vous passez les 2/3 de votre temps dans un environnement qui n’est pas favorable, sachez que vous vivez mal. Nous voulons créer les meilleures conditions et faire de telle sorte qu’une solution soit trouvée au stress permanent, du fait de l’insécurité ambiante dans laquelle nous sommes, les nuisances sonores qui nous entourent et tout ce qui perturbe notre travail de réflexion comme ce que nous faisons à Sidwaya. Une étape, c’est de trouver le terrain et une autre, c’est de le construire. Pour la construction, nous pensons qu’il y a des possibilités. Il suffit à notre niveau qu’on nous autorise à vendre le siège actuel que nous avons. Si l’Etat prend ses responsabilités de vendre cet espace, je pense que ça peut coûter plusieurs milliards de francs CFA au regard de l’emplacement, à proximité de Rood Woko. Il suffit qu’on fasse un montage financier et l’Etat accepte qu’on cède ce terrain à un privé à plusieurs milliards de francs CFA. On peut déjà à l’interne, trouver une solution pour avancer. Ce sont des réflexions que nous faisons des fois.

S. : Pour atteindre cet objectif, quel message avez-vous à donner aux agents de Sidwaya ?

R. A. Z. : Il faut qu’on se remette en cause. Il faut qu’on sorte de cet esprit qui consiste chaque jour à se plaindre et à ne pas apporter quelque chose. Il faut que nous soyons tous des forces de proposition pour la maison et éviter de mettre les uns contre les autres dans des débats inutiles, dans des revendications parfois farfelues qui ne tiennent pas compte de la réalité. Je suis sûr que chacun de nous, du directeur général aux agents de Sidwaya, rêve encore de meilleures conditions de travail. Mais ce n’est pas parce que les conditions ne sont pas actuellement idéales qu’il faut s’asseoir et croiser les bras. Il faut plutôt se battre. Je pense qu’on a beaucoup plus de mérite, on est beaucoup plus heureux quand on se rend compte par soi-même que ce qu’on a obtenu, c’est grâce à son apport individuel, et non parce que des gens sont venus vous le remettre, sans même que vous ne soyez sûr de le mériter. Je l’ai toujours dit depuis ma prise de fonction, j’ai toujours invité les uns et les autres à Sidwaya à faire de grandes choses avec de petits moyens. Je pense que jusqu’à présent, le message est toujours entendu. Il faut qu’on y aille à fond, qu’on se batte. Il faut qu’on soit nous-mêmes, responsables de notre avenir, qu’on se donne les moyens, de façon solidaire, de regarder dans la même direction, plutôt que de disperser nos forces. Donc, j’invite le personnel pour cette année 2016 à se resserrer, à travailler de façon beaucoup plus organisée, avec beaucoup plus de professionnalisme pour que nous puissions répondre aux attentes des uns et des autres. La nuit de l’attentat du 15 janvier 2016, quand j’ai envoyé un message aux différents directeurs, notamment aux directeurs des rédactions, du secrétariat général, de la direction commerciale et du marketing, de l’imprimerie, à 1 h du matin pour inviter les uns et les autres à se mobiliser et à mobiliser leurs agents pour que le samedi on se retrouve pour sortir un journal de façon exceptionnelle le dimanche, les gens se sont mobilisés pour venir faire ce travail-là. Tout le lot du journal qui est sorti le dimanche a été vendu avant 16 h ce même jour. Je pense que c’est la preuve qu’il n’y a rien d’impossible quand on a de la vision et de l’ambition. Si aujourd’hui je fais le point et que je me rends compte, bien que les gens aient travaillé un jour non ouvrable pour Sidwaya et que personne ne soit venu plus tard me voir pour revendiquer une quelconque prise en charge parce que c’est un travail patriotique que nous avons fait, il y a des raisons d’espérer. Il y a des raisons de croire que cette maison-là peut avoir un avenir, si nous-mêmes nous nous mettons au sérieux et qu’on se rend compte finalement que le plus important, ce n’est pas les revendications et les protestations mais c’est ce que chacun apporte de façon intrinsèque dans l’assiette de la maison. Quand je prends mon salaire à la fin du mois, qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ce salaire ? C’est la question qu’on doit se poser. Il faut qu’on arrête de tricher avec le travail, que chacun travaille véritablement à mériter ce qu’il a. Ça c’est des convictions que nous avons et ce n’est pas du domaine de l’impossible. Je suis convaincu que chacun des agents des Editions Sidwaya a des capacités et des compétences qu’il peut mettre au service de cette maison pour que nous puissions avancer.

S. : Quel message avez-vous à l’endroit des partenaires qui nous ont soutenus et qui viendront probablement nous soutenir ?

R. A. Z. : C’est de dire merci à tous ces partenaires, et de leur marquer notre gratitude, que ce soit l’ambassade de la Chine Taïwan, l’ambassade du Japon, la Direction générale de la Coopération, la LONAB, le Conseil régional, l’ONEA. Il y a un certain nombre de partenaires qui nous ont soutenus tout au long de 2014 et 2015, parce que certains projets datent de deux ans, même s’ils ont vu leur concrétisation aujourd’hui. Merci à toutes ces personnes qui nous ont accompagnés, à tous ceux qui nous appellent pour nous féliciter par rapport à telle ou telle chose, pour nous dire qu’on aurait pu mieux faire telle ou telle chose. Parce que nous, nous n’attendons pas seulement des félicitations. Nous voulons également des critiques constructives qui nous permettent de nous remettre en cause et de pouvoir avancer. Nous saluons donc toutes ces bonnes volontés qui, parfois, nous interpellent par rapport à telle ou telle chose et souhaitons également que d’autres bonnes volontés viennent rallonger cette liste, parce que pour peu qu’on veuille être objectif, Sidwaya a fait du chemin et a besoin encore de faire du chemin. Il ne faut pas qu’on chôme dans une sorte d’autosatisfaction. Ce qu’on a fait d’abord n’est rien. Ce qui doit venir, c’est ça le plus important. Nous devons aller encore de l’avant pour pouvoir bénéficier de l’accompagnement des uns et des autres. Et cela passe également par une certaine maturité à notre niveau parce que ceux qui nous ont permis d’avoir ce matériel-là, s’ils venaient un jour pour voir que c’est mal entretenu, il y aura certainement beaucoup de déception et ça va nous fermer beaucoup de portes. Donc, c’est une façon d’inviter chacun des utilisateurs de ce matériel à en faire un point d’honneur quant à son entretien. Il ne faut pas qu’on se dise que c’est un bien public et en faire ce qu’on veut. C’est le fruit de hautes luttes, de hautes négociations. J’invite les uns et les autres à se mettre à l’idée que rien n’est facile, mais quand on arrive à franchir un pallier, ça nous donne énormément de satisfaction et de bonheur. Travaillons de façon organisée, concertée et professionnelle et taisons parfois nos petites querelles ; donnons-nous à fond pour l’essentiel, c’est-à-dire le bien des Editions Sidwaya.

nterview réalisée par
Boubié Gérard BAYALA &
Adaman DRABO
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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