Le bilan des 100 premiers jours du nouveau pouvoir, l’audit de la Transition et, accessoirement, les prétendues largesses faites à des membres des organisations de la société civile, ce furent les points au menu de la conférence de presse animée par le Balai Citoyen, dans la matinée du 8 avril 2016, au Centre national de presse/Norbert Zongo. Et sur ce sujet qui fait des vagues, Sam’s K le Jah n’a pas manqué d’ironiser : « Il se raconte que Zida m’a donné un véhicule V8. Non, c’est plutôt un train qu’il m’a offert ».
Les organisations de la société civile, jadis murées dans leur silence, commencent à donner de la voix. Après la sortie du Mouvement « plus rien ne sera comme avant » et celle du Cadre national de concertation des OSC, c’est au tour du Balai citoyen de donner sa lecture de la situation nationale. Pour les animateurs de ce face-à-face avec les journalistes, leur silence se justifie par le fait qu’ils ont voulu attendre les 100 premiers jours des nouvelles autorités avant de sortir de leur mutisme, et aussi prendre du recul pour comprendre certains sujets avant de se prononcer. Sur le bilan des 100 jours de Roch, la sentence du porte-parole du mouvement est sans appel : le pouvoir peine à affirmer réellement ses marques et s’est laissé déborder par les questions sécuritaires.
S’exprimant sur la redevabilité des gouvernants, le tenant du crachoir a salué les audits menés actuellement par l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC). Pour le mouvement, il ne doit y avoir d’impunité pour aucun dirigeant. Sur l’affaire de deals des parcelles de Ouaga 2000, mettant en cause des dirigeants de la Transition et des membres d’OSC, Guy Hervé Kam, dont le nom avait été cité par un journal de la place, s’est voulu ferme : « S’il s’avère que je suis impliqué dans cette affaire, que le Balai soit impitoyable avec moi.»
Karim Sama, alias Sam’s K le Jah, viendra à sa rescousse, annonçant qu’il est toujours en location et réclame des preuves à ceux qui disent que le mouvement a bénéficié de largesses des autorités de la Transition. « Il se raconte que nous avons reçu 1,7 milliard de F CFA, que Zida m’a donné un véhicule V8. Non, c’est plutôt un train qu’il m’a offert. Il est garé à la Patte-D’oie », a-t-il ironisé, déclenchant une certaine hilarité et suscitant des ovations de la part de ses camarades.
Mieux, Souleymane Ouédraogo, alias Basic Soul, dira n’y voir qu’une campagne de diabolisation, qui ne l’étonne d’ailleurs guère : «Je trouve que c’est logique, si ces personnes ne faisaient rien, c’est ça qui allait être la surprise.» Toujours est-il que l’association demande un audit des lotissements, plus spécifiquement de Ouaga 2000, estimant que toutes les personnes qui y détiennent des parcelles et des immeubles doivent pouvoir justifier des revenus qui leur ont permis de les acquérir.
Aboubacar Dermé (Stagiaire)