La direction générale de la nouvelle Société sucrière de la Comoé (SN SOSUCO) vient de se séparer de treize de ses travailleurs. Elle leur a adressé, le 25 mars 2016, des lettres de rupture de contrat. Une décision liée à la crise du mois de novembre 2015, vigoureusement contestée par l’Unité d’action syndicale (UAS) qui, depuis, alterne conférence de presse et assemblée générale, pour traduire son désarroi.
Le blocage de l’usine SN SOSUCO par des travailleurs et la population riveraine du complexe sucrier fait ses premières victimes. Alors qu’une trentaine de personnes sont détenues à la Maison d’arrêt et de correction de Banfora et attendent leur jugement, la direction générale de cette unité industrielle vient de frapper dans les rangs de ceux que l’on a fini par appeler à Banfora « les insurgés ». En effet, 13 travailleurs sur 78 ciblés au départ ont reçu, le 25 mars 2016, des lettres de rupture de contrat de travail pour le uns, et la notification de licenciement pour les autres. Motif de cette décision : leur participation « active » d’une part, à la prise d’otage de l’usine de novembre à décembre 2015 et d’autre part, la « mauvaise manière de servir », la « perte de confiance » ou encore d’avoir animé une tribune agressive contre la direction et le groupe IPS. Pour l’Unité d’action syndicale, cette décision de la SN SOSUCO est inopportune, car intervenant dans un contexte de « baisse de tension » et de reprise de dialogue. Ces licenciements qui suscitent des vagues à Banfora, de l’avis du porte-parole de l’UAS, Oumar Soma, se déroulent dans un contexte où les organisations syndicales nationales et régionales sollicitées dans la résolution de la crise étaient dans l’attente de l’ouverture des négociations pour examiner l’ensemble des points de la plateforme revendicative des travailleurs et des populations. Mais voici, affirme-t-il, « en lieu et place, la direction a encore servi une félonie » dont elle aurait seule le secret. Et de marteler que cette décision ne pourrait que mettre de l’huile sur le feu. Mais pour le DG de la SN SOSUCO, Mouctar Koné, ces licenciements sont la suite logique de la crise ourdie par certains travailleurs, assortie de pertes de plus d’un milliard de F CFA pour l’entreprise. Et cela, a-t-il confié, ne pouvait rester impuni. Et de relever que « ceux qui ont commis des actes devraient s’attendre à des sanctions ». Visiblement imperturbable, Mouctar Koné a précisé que la preuve de l’implication des personnes licenciées est établie et fait suite à des investigations internes poussées. Cependant, confie-t-il, cette décision serait loin de faire ombrage au processus de dialogue et de souligner qu’elle ne peut non plus freiner l’action judiciaire enclenchée depuis l’assaut de libération du site de l’usine par les CRS. Et le DG d’être rassurant : « Toujours est-il que l’Unité d’action syndicale n’entend pas croiser les bras. Elle aurait déjà saisi l’inspection du travail de Banfora pour exiger le rétablissement des travailleurs licenciés dans leurs droits ». Du côté de la direction générale, les autres travailleurs n’ont plus à craindre quant aux menaces de licenciements. Parallèlement, sur le plan économique, la situation des ventes ne semble pas s’améliorer. Alors que la campagne de production tire vers sa fin, les magasins de stockage sont débordés et des pyramides poussent de plus en plus dans l’enceinte de l’usine, à Bérégadougou.
Frédéric OUEDRAOGO
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