Le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a eu une séance de travail avec des représentants du MEDEF international, le Mouvement des entreprises de France, le mercredi 6 avril 2016 à Paris en France. Voici le discours qu'il a prononcé à cette occasion.
La présente rencontre avec l’institution représentative du patronat français, dans le cadre de ma visite officielle à l’Elysée, constitue un autre temps fort de mon séjour dans l’hexagone.
Je voudrais de prime abord adresser mes remerciements au patronat, aux Chefs d’entreprises et bien évidement à vous-même, Monsieur le Président, pour cette opportunité que vous me donner de parler à des hommes et des femmes, créateurs de richesses et d’emplois, et qui connaissent pour la plus part l’excellence des liens qui unissent le Burkina Faso et son peuple à la France et aux Français.
Mesdames et Messieurs
Comme vous le savez, la France et le Burkina Faso ont des liens économiques, politiques et culturels tissés par l’histoire et qui ne cessent de se renforcer depuis l’accession de mon pays à l’indépendance en 1960.
C’est donc spontanément et avec plaisir que j’ai favorablement répondu à votre invitation, car elle m’offre l’opportunité de m’adresser directement, à vous, Chefs d’entreprises et aux entrepreneurs français, à un moment où le Burkina Faso entame une nouvelle étape de son évolution, à la suite des élections législatives et présidentielles du 29 novembre 2015 qui ont consacré le rétablissement de la liberté et de la démocratie.
Monsieur le Président
Mesdames et Messieurs les Chefs d’entreprises
Comme vous l’avez suivi, immédiatement après la formation du Gouvernement, le pays a été confronté à des attaques terroristes et à une série de tentatives de déstabilisation auxquelles notre peuple a su résister héroïquement.
A ce jour, la situation sécuritaire se consolide, grâce au professionnalisme des Forces de Défense et de Sécurité, à la coopération régionale et à l’aide des partenaires internationaux.
Toutefois, la vigilance demeure de rigueur compte tenu du caractère régional, voire mondial de la menace.
Monsieur le Président
Mesdames et Messieurs les Chefs d’entreprises
Mesdames et Messieurs
Permettez-moi maintenant d’évoquer l’état de l’économie nationale et ses perspectives d’évolution, au regard du programme économique et social de mon Gouvernement.
L’environnement économique monétaire et financier récent a été globalement défavorable. En effet, la croissance mondiale a subi l’impact du ralentissement de la croissance en Chine et en Europe notamment, et subséquemment, le repli des matières premières exportées par le Burkina Faso.
Par ailleurs, l’Afrique de l’Ouest a subi les effets négatifs de l’épidémie, due au virus Ebola. En dépit de ces chocs, l’économie burkinabè a fait preuve de résilience. Aussi, la croissance du PIB nominal est-elle revenue de 6,6% en 2013 à 4% en 2014. Elle ressortirait à 4,5% en 2015.
Les perspectives sont favorables, pour 2016, car les prévisions situent la croissance à 5,7%. Cette performance serait obtenue grâce à la mise en œuvre de la politique économique et sociale du Gouvernement dont les priorités sont :
- La valorisation du capital humain par les investissements à réaliser au profit de l’éducation nationale, de la formation professionnelle et technique, et de la santé ;
- Le renforcement de la gouvernance par la lutte contre la fraude, la corruption et le renforcement du pouvoir judiciaire ;
- Le développement des infrastructures, notamment l’énergie et les routes. En ce qui concerne l’énergie, nous avons fait l’option d’une transition vers les énergies renouvelables, singulièrement l’énergie solaire, en vue de résorber le déficit de l’offre et de réduire le coût moyen de l’électricité.
S’agissant des routes, la politique en la matière a pour objectif de réaliser le désenclavement intérieur et extérieur pour améliorer la mobilité humaine et les échanges des biens et des services ;
- Au niveau des finances publiques, le cadre budgétaire de l’Etat est globalement stable, le déficit budgétaire, y compris les dons est projeté à 3,45% dans l’avant-projet de loi de finances rectificatives pour 2016, contre 2,5% en 2015. Ainsi, le ratio d’endettement ressortirait à moins de 33% du PIB.
La dégradation projetée du déficit budgétaire s’explique essentiellement par la prise en charge d’importants engagements du précédent Gouvernement et qui n’avaient pas été prévus dans la loi de finances initiale. Elle s’explique également par les dépenses relatives à la sécurité nationale, dans le contexte régional que nous connaissons. Enfin, l’évolution défavorable du déficit budgétaire s’explique par la mise en œuvre partielle des investissements prioritaires, éducation, santé, eau, énergie, routes, prévus dans le cadre du programme présidentiel et l’apurement des arriérés de la dette intérieure.
Mesdames et Messieurs
Le Gouvernement travaille à l’élaboration du Plan National de Développement Economique et Social 2016-2020 (PNDES) qui traduira au niveau global et sectoriel les priorités nationales.
A cet égard, les entreprises ont vocation à jouer un rôle déterminant dans la réussite de la politique économique de mon pays, car ce sont elles qui innovent, investissent, créent la richesse et l’emploi et qui, par le canal de la fiscalité, apportent à l’Etat les ressources propres dont il a besoin pour financer les investissements publics et assurer une répartition équitable des fruits de la croissance.
Le Burkina Faso dispose d’importants atouts liés à sa position géographique au cœur de l’Afrique de l’ouest et regorge de potentialités naturelles importantes.
Parmi celles-ci figure le secteur minier dont le potentiel de croissance demeure élevé au regard des réserves identifiées. L’agriculture et l’élevage offrent des possibilités considérables pour la transformation structurelle de l’économie.
Et il suffit pour cela de lever les contraintes actuelles qui pèsent sur ces deux secteurs par la modernisation des moyens de production et l’amélioration des rendements.
Au niveau des infrastructures de soutien à la production, l’énergie offre des opportunités d’investissement en rapport avec le déficit structurel (110 MW) de l’offre par rapport à la demande et du coût élevé de l’électricité. C’est pourquoi, en vue d’encourager le secteur privé à investir dans la production de l’électricité, le cadre règlementaire y affèrent sera amélioré notamment dans le but de favoriser les Partenariats-Publics-Privés.
Le potentiel de développement des infrastructures de télécommunication est également considérable, au regard des progrès notés dans l’utilisation par la population, du téléphone mobile et de l’internet.
Sur ce secteur particulier, l’objectif stratégique de mon Gouvernement vise à développer l’industrie des Technologies de l’Information et de la Communication, dans le but d’accroître la compétitivité globale de l’économie, d’augmenter la valeur ajoutée du secteur et de créer des emplois.
Monsieur le Président
Mesdames et Messieurs les chefs d’entreprises
Mesdames et Messieurs
Concernant le climat des affaires, d’importantes réformes en cours permettront d’abaisser les coûts et les délais de création des entreprises, de simplifier les formalités de création des entreprises, de réduire les délais et les coûts relatifs aux transferts de propriété et de renforcer la justice économique par la création de pôles spécialisés pour les crimes économiques.
Par ailleurs, le projet de loi portant règlementation des bureaux d’information sur le crédit est inscrit à l’ordre du jour de la session en cours de l’Assemblée nationale, pour une adoption prévue pour le 03 mai. La création de ces bureaux devrait favoriser le financement de l’économie, en réduisant l’asymétrie d’information entre les établissements de crédit et leurs clients.
Enfin, le premier ministre coordonne directement un comité interministériel de suivi des normes « doing business » dans le but d’améliorer sensiblement le classement du Burkina Faso.
Monsieur le Président
Mesdames et Messieurs les chefs d’entreprises
Mesdames et Messieurs
Parmi les engagements que j’ai pris avec le peuple burkinabè, figurent la garantie de la liberté d’entreprise, la création des conditions légales et institutionnelles favorables à l’émergence des PME/PMI compétitives pour créer davantage de la valeur, de la richesse et des emplois, tout en permettant l’innovation porteuse de progrès.
Mais les actions seront de faible effet, en l’absence d’une réponse cohérente et structurelle aux problèmes liés notamment à la qualité du capital humain et aux infrastructures que j’ai évoqués plus haut.
Pour ce faire, le Gouvernement jouera sa partition en accompagnant le secteur privé, dans une démarche gagnant-gagnant, pour la relance de l’économie nationale.
La vision est qu’il faut lever aux plus vite les obstacles structurels qui contraignent la pleine réalisation du formidable potentiel de croissance du pays. Pour cela, d’importants investissements seront nécessaires, avec la participation du secteur privé, afin de combler le déficit d’offre en électricité et d’en réduire les coûts d’accès.
Il en sera de même pour les infrastructures de désenclavement ferroviaire, terrestre et aérien notamment.
Mesdames et Messieurs
Le Burkina Faso, dois-je le rappeler, qui a renoué avec la démocratie reste donc un pays ouvert aux investisseurs avec des possibilités de partenariats crédibles.
En matière économique et commerciale, la France a toujours été son partenaire de premier plan.
C’est pourquoi, je voudrais conclure par un appel aux entreprises françaises, afin qu’elles viennent saisir les multiples opportunités d’affaires dans un environnement démocratique, de liberté et de droit.
Je vous remercie
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