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Reconnaissance du gouvernement d’union nationale par celui de Tripoli : un grand pas vers la paix
Publié le jeudi 7 avril 2016  |  Le Pays




Depuis que l’Occident et plus particulièrement la France de Nicolas Sarkozy a apporté un coup de main décisif à la rébellion pour se débarrasser de Kadhafi en 2011, la situation politique en Libye est devenue plus que préoccupante. Et les multiples tentatives pour sortir le pays de ce guêpier ont jusque-là accouché chacune d’une souris. Mais avec la nomination de Fayez el-Sarraj à la tête du gouvernement d’union nationale mis en place sous l’égide de la communauté internationale, l’on peut avoir l’impression que cette fois-ci les choses sont en train d’évoluer dans le bon sens. En effet, non seulement Fayez el Sarraj a réussi le tour de force de déposer ses valises à Tripoli, mais aussi et surtout, il vient de recevoir le soutien des autorités libyennes non reconnues de Tripoli. Mieux, celles-ci ont annoncé le 5 avril dernier, qu’elles se sabordaient en cessant d’exercer leurs fonctions.

On pouvait s’attendre à ce que le gouvernement de Tripoli ne soit pas disposé à ouvrir les bras de sitôt

Toutefois, le chef du gouvernement semble, au dernier moment, faire de la résistance. Mais il s’agit là d’un dernier baroud d’honneur qui n’a aucune chance de prospérer tant l’élan de la paix est fort et irréversible. En tout état de cause, le chef du gouvernement soutenu par la communauté internationale, a reçu l’allégeance de la Banque centrale, de la compagnie nationale pétrolière, ou encore des municipalités de l’Ouest et du Sud libyen. Autant de signes qui permettent d’être optimiste quant à la possibilité de voir enfin la Libye sortir la tête hors de l’eau. Mais le signe qui permet véritablement d’envisager ce scénario est de loin le retournement spectaculaire des autorités non reconnues de Tripoli. Pour une agréable surprise, c’en est une. Car, l’on pouvait s’attendre à ce que le gouvernement de Tripoli (constitué essentiellement de milices et de hors-la-loi) ne soit pas disposé à ouvrir les bras de sitôt pour accueillir un Premier ministre adoubé par la communauté internationale avec laquelle, on le sait, il n’est pas en odeur de sainteté. Le changement donc de cap de la part du gouvernement non reconnu de Tripoli, s’il est de bonne foi, pourrait laisser augurer d’une solution heureuse à la chienlit libyenne. Et le moins que l’on puisse dire est que c’est un grand pas vers la paix. Il reste à souhaiter que le gouvernement de Tobrouk qui avait été reconnu par la communauté internationale, mais rivale de celui de Tripoli, fasse le sien pour remettre le pays sur ses deux pieds. La balle est désormais dans son camp. Mais l’on peut être optimiste. Car, le gouvernement de Tobrouk, à notre sens, n’a aucun intérêt à se mettre à dos la communauté internationale en récusant pendant longtemps Fayez el Sarraj qui, on le sait, a l’adhésion totale de l’organisation onusienne. L’on peut s’attendre logiquement à ce que les autorités de Tobrouk, dans un bref délai, rentrent aussi dans les rangs. De ce point de vue, l’on peut dire que la Libye n’a jamais été si proche de la paix qu’elle ne l’est aujourd’hui. Et cela est à mettre à l’actif de la communauté internationale. En effet, depuis qu’elle s’est investie pour la mise en place du gouvernement d’union nationale avec à sa tête Fayez el Sarraj, elle n’a cessé d’envoyer des messages de fermeté à l’endroit de tous ceux qui seraient tentés de faire capoter cette énième initiative de normalisation de la situation en Libye.

La communauté internationale doit garder constante la pression sur l’ensemble des acteurs de la crise libyenne

Cette fermeté a été déterminante dans le fléchissement des autorités non reconnues de Tripoli. Et tout porte à croire que la communauté internationale ne va pas s’arrêter en si bon chemin. C’est comme si elle venait de prendre conscience que sa lutte contre le djihadisme serait vaine en Afrique et même au-delà, tant qu’elle ne mettrait pas un point d’honneur à éteindre le chaudron libyen. Et ce n’est pas trop tôt. En effet, depuis la chute de Kadhafi en 2011, à laquelle elle avait activement contribué, elle avait commis le péché originel de ne s’être pas occupée du service après-vente. Ce faisant, elle avait ouvert la boîte de Pandore d’où étaient sorties les forces du mal qui ont pignon sur rue aujourd’hui en Libye et au-delà de ce pays, et qui ont gangrené tout l’espace saharo-sahélien. Il fallait donc que la communauté internationale détruise au plus vite cette ruche. C’est ce qu’elle donne l’impression de faire en ce moment. Pour se donner plus de chances de relever ce défi, elle doit garder constante la pression sur l’ensemble des acteurs de la crise libyenne. De ce point de vue, elle doit veiller d’une part à ce que les engagements pris par les autorités non reconnues de Tripoli, le mardi 5 avril 2016 dernier, soient suivis d’effets palpables et d’autre part elle doit encourager le gouvernement d’union nationale de Fayez el Sarraj à créer un climat de confiance susceptible d’amener tous les Libyens à regarder dans la même direction. Et cette indispensable concorde nationale doit servir de socle à une véritable guerre contre tous ceux qui ont intérêt à ce que la Libye demeure un capharnaüm.

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