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Au Burkina Faso, avec les déplacés du conflit entre Peul et Lobi
Publié le jeudi 7 avril 2016  |  Le Monde
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© Autre presse par DR
Au Burkina Faso, avec les déplacés du conflit entre Peul et Lobi




Nom : Assane Sondé. Enfants sans parents placés sous sa protection : six. Personnes portées disparues : quatre. Sur la liste de recensement de Norbert Somé, volontaire de la Croix-Rouge, les noms s’enchaînent sur plusieurs pages. Depuis vendredi 25 mars, 704 personnes, dont 367 enfants, sont arrivées dans ce camp de déplacés monté à la Maison des jeunes de Batié, chef-lieu de la province burkinabée du Noumbiel, perdue au creux des collines et bordant la frontière ivoirienne, à une trentaine de kilomètres de là.

Les nouveaux arrivants sont en large majorité des Peul burkinabés, des éleveurs pour la plupart. Tous ont fui, à partir du jeudi 24 mars, les violences qui ont embrasé les alentours de la commune ivoirienne de Bouna. « Quand je me suis réveillé, les dozos [chasseurs traditionnels] lobi étaient en train de mettre le feu à ma case. Je suis sorti et les coups de feu retentissaient.

Je les ai vus tuer quatre personnes par balles. A côté, deux enfants étaient morts, brûlés dans leur case », raconte Assane Sondé, éleveur peul de 34 ans. Dans son village, Piko, seules deux cases ont été épargnées. En Côte d’Ivoire, le dernier bilan fait état de 27 morts et d’une cinquantaine de blessés. Et il pourrait s’alourdir, au regard du nombre de personnes portées disparues et des corps en décomposition retrouvés ces derniers jours, à la lisière de la forêt séparant les deux pays.

Conflit de chefferie
Le conflit de Bouna, dont les premiers heurts sont survenus le 13 février, oppose les agriculteurs de l’ethnie lobi aux éleveurs peul. L’origine des tensions est, en apparence, très simple : les agriculteurs lobi accusent les troupeaux des Peul de saccager leurs cultures. Mais en réalité, les causes sont plus profondes. Présent depuis plusieurs décennies en Côte d’Ivoire, le peuple peul s’est implanté massivement dans le pays après la sécheresse de 1973. A Bouna, ce sont les membres de l’ethnie koulango qui ont autorisé leur installation.

Ethnie qui s’est elle-même implantée dans la région avec l’aval des plus anciens, les Lobi. Une ancienneté gage de pouvoir pour les Lobi. « Il y a un vieux conflit de chefferie entre les Lobi et les Koulango. Ces derniers sont organisés en royaume et ont assis leur pouvoir dans la région, ce qui déplaît fortement aux Lobi », explique le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) en Côte d’Ivoire.
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