Les trois premiers mois du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, ont été marqués par les attentats terroristes de Ouagadougou et la polémique autour des structures d’autodéfense « Koglwéogo », sur le plan sécuritaire.
Il faut le dire, les Burkinabè dorment les oreilles tendues, après les sanglantes attaques terroristes d’AQMI à l’hôtel Splendid et au café Capuccino à Ouagadougou. Sans oublier, l’enlèvement du couple Eliott au Sahel, les attaques contre des postes de gendarmerie, la poudrière de Yimdi, et la série noire des incendies dans les marchés et yaars. C’est dans cette atmosphère d’inquiétude et d’incertitude, que le débat sur les groupes armées d’autodéfense appelés « Koglwéogo », a pris une grande importance. On le voit, le premier trimestre d’exercice du pouvoir du président, Roch Marc Christian Kaboré, a été troublé par tous ces événements à caractère sécuritaire. L’Etat burkinabè, vu les menaces, a pris des mesures drastiques pour assurer la sécurité du pays, dont le renforcement des contrôles sur les axes routiers. Mais face à la montée de l’insécurité, les «Koglweogo» ont vite occupé le devant de la scène, alimentant la polémique dans les cités, avec leurs méthodes répressives. Arrestations musclées de présumés voleurs, tortures, imposition d’amendes, les
« Koglwéogo» ne se donnent pas de limites dans la lutte contre l’insécurité. Après moult tractations, le ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure a ouvert la porte à l’institutionnalisation de ces groupes d’auto-défense, dans les limites des lois de la république.
La polémique des « Koglwéogo »
A la vérité, les «Koglweogo» se sont multipliés depuis un an sur le territoire national. Certains groupes sont bénévoles, d’autres monnayent leurs services auprès d’habitants, qui sont en quête de protection. En début janvier, le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples a épinglé les «Koglweogo», affirmant avoir recensé des cas de tortures perpétrés par ces associations. Le rapport d’enquête de la structure a dénoncé «l’existence dans le pays d’une organisation armée non républicaine, sans limite territoriale avec un pouvoir d’arrestation, de verbalisation, et de torture, voire d’exécution sommaire […] sous le prétexte de lutte contre l’insécurité». Des photos d’une victime dans la région de Kourrittenga, au centre du Burkina Faso, accompagnaient même le rapport, comme pour montrer la gravité de la situation. On y voit un homme au dos mutilé après avoir subi un procès populaire organisé par un «Koglweogo». Que faut-il alors faire de ces groupes d’autodéfense, qualifiés de « milices » par certains citoyens ? Entre dissoudre les « Koglweogo » et les recadrer, selon la loi, les avis divergent. Pour les partisans de ces associations, il est de bon ton d’adapter les « Koglwéogo » à la police de proximité. A les suivre, c’est l’incapacité de l’Etat à assurer la sécurité des citoyens, qui justifie l’émergence de ces groupes. Les pourfendeurs des « Koglwéogo » n’en ont cure ; ils exigent leur démantèlement pur et simple. Toujours est-il que l’Etat a pris les devants, avec des dispositions entrant dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la préservation de la sécurité. Les patrouilles des forces de défense et de sécurité ont été multipliées, le contrôle sur les différents axes routiers intensifié et les fouilles aux détecteurs de métaux sont désormais obligatoires dans certains endroits (hôtels, banques, gares etc.). La surveillance permanente des frontières terrestres a été également accentuée. L’alerte anti-terroriste est à son maximum. Les unités spéciales de la police et de la gendarmerie sont constamment sur le qui-vive. Les autorités semblent utiliser tous les moyens techniques, logistiques et humains à leur disposition pour garantir aux populations, la quiétude souhaitée.
Wanlé Gérard COULIBALY