L’éducation et la formation sont deux piliers essentiels au développement de toute nation. Le Burkina Faso en élaborant sa Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCADD) pour la période 2011-2015, en a fait de ces piliers une priorité, ce dans l’objectif de consolider le capital humain et de promouvoir la protection sociale.
Cette option a été précédée d’un diagnostic sectoriel de type RESEN pour son système éducatif réalisé en 2006-2007.
Par ailleurs, dans la suite de la mise en application de sa loi d’orientation de 2007, le pays s’est engagé dans une réforme de mise en place d’un continuum d’éducation de base formelle regroupant le préscolaire, le primaire et le post-primaire.
Cela visait à mieux asseoir les acquis de l’enseignement/apprentissage à travers des curricula et programmes centrés sur les besoins fondamentaux, mais aussi à faire des économies d’échelle grâce à la mutualisation des ressources matérielles et humaines.
A cet effet, des actions sont ont été engagées sur le plan institutionnel depuis 2013 dans le préscolaire, le primaire et le post-primaire, puis en cette année 2016, à travers le regroupement du secondaire, de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels (EFTP) au sein d’un seul ministère, le Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation (MENA).
Après sept années de mise en œuvre de la politique sectorielle de l’éducation, le Burkina a jugé nécessaire d’élaborer un nouveau diagnostic sectoriel pour rendre compte des progrès réalisés depuis 2006-2007, au plan du fonctionnement du système, son financement et ses performances, mais également les défis qui restent à relever.
Le dernier rapport d’état du système éducatif (RESEN) bouclé en décembre 2015 et validé le 10 mars 2016, fait un état des lieux assez complet du système éducatif burkinabè.
Il apparaît dans ces grandes lignes que la part de l’éducation dans les dépenses publiques totales a augmenté pour atteindre 18% en 2013 contre 13% en 2004 ; de même, la part des dépenses courantes publiques consacrées à l’éducation a atteint 30,2% en 2013 contre 23,6% en 2004, permettant au cours de la même période, de multiplier par 6 les effectifs au préscolaire, de tripler ceux du primaire, de porter ceux du post-primaire 4,5 fois plus haut avec seulement un accroissement de 12% pour l’enseignement technique. Au secondaire, il y a eu un accroissement de 11,4% dont 5,2% pour le secondaire technique.
Il subsiste toutefois des disparités entre ruraux et urbains dans l’accès à l’éducation dès l’entrée au primaire. En effet, alors que les urbains présentent une probabilité d’accès au CP1 de l’ordre de 85%, ce chiffre n’est que de 57% chez les ruraux avec une proportion faible à achever le primaire et finalement 1% d’entre eux achèvent le secondaire contre 13% chez les urbains.
L’état des statistiques présentait en 2013, un taux de scolarisation de 4% au préscolaire, de 83% au primaire, une capacité d’accueil de de 40% au post-primaire, 11 % au secondaire, et des taux de 6,9% de redoublement au primaire et 24,3% au secondaire.
C’est une copie contrastée en termes de forces, faiblesses avec de nombreuses disparités, qui a des conséquences tout aussi incohérentes sur l’efficacité du système éducatif.
Le RESEN révèle de façon globale, la situation en termes d’insertion professionnelle pour les sortants du système éducatif sur le marché avec un taux d’inactivité situé entre 18 et 19%, un taux de chômage de 23% en 2010, un taux d’emplois précaires de 89% en 2010. Du reste, les sortants de l’Ecole de Formation en Travaux Publics sont ceux qui avec le temps ont une insertion professionnelle relativement plus durable.
Dans le cadre de la réforme du continuum d’éducation de base, et en vue de ne laisser aucun enfant en marge du système, le Burkina Faso a conduit des analyses dans les sections d’enseignement qui ont abouti à des recommandations dont celle majeure d’améliorer les chances de scolarisation des ruraux apparaît donc incontournable si le Burkina Faso veut s’inscrire dans la perspective d’une éducation de base pour tous.
Les autres recommandations concernent le rôle que pourrait jouer le système d’éducation et de formation dans l’insertion professionnelle des jeunes et le développement socio-économique du pays. Pour se faire il faut entre autres :
-Développer ou renforcer les politiques/stratégies pouvant contribuer à supprimer les sorties précoces du système éducatif car aujourd’hui 3 sortants sur 5 sont précoces ;
-Développer ou renforcer les politiques/stratégies pouvant contribuer à accroître le nombre de sortants avec une qualification professionnelle, car aujourd’hui uniquement 6 sortants sur 100 ont une qualification professionnelle ;
-Passer à une opérationnalisation effective des mécanismes adoptés pour renforcer la pertinence des programmes par rapport au marché du travail car moins de 50% des programmes d’EFTP disposent d’un référentiel élaboré selon les normes ;
-Développer ou renforcer les politiques/stratégies permettant une confrontation permanente des apprenants de l’EFTP et du supérieur aux réalités du marché du travail ;
-Adopter une politique explicite de régulation des flux dans le système d’éducation et de formation.
La qualité de la formation et une éducation en phase avec nos valeurs socioculturelles, requièrent l’engagement de tous, et le gouvernement fera sien les apports des encadreurs, des partenaires sociaux, et des parents d’élèves, pour l’émergence effective d’une génération de jeunes bâtisseurs.
Ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation