Ouagadougou - Le Burkina, seul pays d’Afrique de l’ouest à s’être lancé dans l’agriculture biotechnologique au début des années 2000 va renoncer à la production du coton génétiquement modifié (CGM), a annoncé mardi la Compagnie gérante de la filière.
"L’Association interprofessionnelle du coton du Burkina (AICB), qui regroupe les trois sociétés cotonnières du pays, a décidé d’aller vers le 100% conventionnel", a déclaré Wilfried Yaméogo, le directeur de la Sofitex (publique), la principale société cotonnière du Burkina.
"Nous sommes dans une situation où pour la campagne à venir, il va falloir se rendre à l’évidence que l’OGM n’est pas dans notre approche semencière", a insisté M. Yaméogo, lors d’une rencontre avec des délégués des producteurs.
La culture du Coton génétiquement modifié (CGM) a déteint sur la qualité de la fibre qui "ne représente plus une spéculation intéressante", a-t-il déploré.
Le Burkina s’est lancé depuis 2003 dans la production du coton en collaboration avec la firme américaine Monsanto. Le pays emblavait jusqu’à 80% de ses superficies en coton.
Mais ces dernières années, le coton burkinabè autrefois hautement apprécié sur le marché mondial pour sa pureté et la longueur de sa fibre a décliné, occasionnant des pertes énormes pour les sociétés cotonnières.
"Nous sommes passés de 39 milliards (environ 60 millions d’euros) à 48 milliards (73 millions d’euros) de perte en l’espace d’une campagne et si on continue (...) on va encore creuser le gouffre", a averti M. Yaméogo.
Le Burkina, qui a perdu à cause du CGM le "Label" coton burbinabè, exige d’être "dédommagé" par Monsanto.
La firme américaine a, de son côté, rejeté sa responsabilité sur la qualité de la fibre, arguant une "coresponsabilité des acteurs de la filière et de la recherche".
Le coton était jusqu’en 2009 la première source de devises du Burkina, un pays agricole pauvre enclavé d’Afrique de l’ouest.
Il a été détrôné en 2009 par l’or qui est devenu le principal produit d’exportation du pays. Mais la filière demeure la principale source de revenus de milliers de paysans. Au moins 4 millions de personnes vivent directement ou indirectement de la filière coton.
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