Le 6 avril 2016, le président Roch Marc Christian Kaboré franchira la barre des 100 jours au pouvoir. Pour rappel, c’est le 29 décembre 2015 qu’il a prêté serment devant un parterre d’invités. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. A travers ce micro trottoir, syndicalistes, hommes politiques et citoyens se prononcent sur les 100 jours de gouvernance du président Roch Marc Christian Kaboré. Lisez-plutôt !
Sidiki Sawadogo, vendeur de chaussures
« Après 100 jours, le pays est toujours dur »
« Depuis qu’il est au pouvoir, nous n’avons rien vu. Après 100 jours, le pays est toujours dur. Alors que quand il a été élu, nous étions contents parce que nous nous sommes dit qu’il va régler nos problèmes. Nous voulons qu’il crée des emplois pour que les jeunes ne soient plus au chômage. »
Compaoré Salif, employé de commerce
« Il doit redoubler d’efforts pour la sécurité »
« Pour 100 jours passés au pouvoir, il a bien fait mais on attend plus de lui. La sécurité n’est pas encore au top. C’est toujours l’insécurité. Il doit redoubler d’efforts pour la sécurité. Ce sont les éléments qui luttent contre l’insécurité qui sont insuffisants. En plus, le président et son gouvernement doivent tout faire pour baisser le prix du riz et du maïs. Le peuple a faim. »
El Hadj Oumarou Kiéma, Président du Syndicat des taximen et du transport urbain
« Il doit agir sur le prix des vivres »
« Ce qu’il a fait en 100 jours est bien. Mais il doit accélérer parce que les populations attendent beaucoup de lui, surtout que la nourriture est chère. Il a fait des actions en matière de santé et autres, mais il doit agir sur le prix des vivres. Son bilan n’est pas mauvais. Le Burkina a trop de problèmes. Les gens ne sont pas en sécurité. Il faut que la paix continue à régner au Burkina Faso. Il doit encore mettre l’accent sur beaucoup de points. »
Olivier Guy Ouédraogo, secrétaire général de la confédération syndicale burkinabè (CSB)
«Nous espérons que dans les mois à venir, le gouvernement pourra atteindre sa vitesse de croisière»
« En tant que Burkinabè, nous avons suivi avec inquiétude la nomination du gouvernement du président Kaboré et les attentats qui se sont invités dans le programme du gouvernement. En tant que citoyen, nous avons constaté quelques mesures d’ordre social qui ont été prises, mais à part ces quelques mesures, nous n’avons pas constaté de grand changement. Il faut reconnaître que 100 jours, c’est aussi très peu pour dire grand-chose, mais nous espérons que dans les mois à venir, le gouvernement pourra atteindre sa vitesse de croisière. C’est pour dire qu’en tant que syndicaliste, nous attendons que les engagements puissent être tenus. En ce qui concerne les actions futures, il faut que la Justice s’attèle réellement à s’attaquer aux vrais problèmes de justice et que le gouvernement aussi travaille à bannir tout ce qui a causé l’insurrection populaire. Et cela doit se faire maintenant, sinon le peuple s’impatiente, et cette impatience peut engendrer des manifestations. »
Adissa Samandoulgou, étudiante à l’école nationale des régies financières (ENAREF)
« C’est trop tôt de critiquer la gestion du gouvernement »
« Je pense qu’il faut attendre les élections municipales et l’installation des maires avant de se prononcer sur la gestion de Roch Marc Christian Kaboré. Parce qu’à ce moment, toutes les administrations fonctionneront de manière correcte. Pour le moment, je ne vois pas de changement majeur dans la gestion du nouveau gouvernement. Il est vrai qu’il y a des mesures qui sont prises, mais il reste à appliquer ces mesures, car pour le moment, on ne sent pas cela dans nos hôpitaux ni dans nos centres de santé. Pour ce qui est de la justice, chacun doit mettre de l’eau dans son vin, afin que les choses soient transparentes. Tout le monde est prêt pour cette question de justice. Nous ne sommes pas aussi très sûrs de la maîtrise des Kolgwéogo par l’Etat. Beaucoup d’installations sont faites, mais on doute qu’il y ait un suivi par rapport à ces Kolgwéogo. »
Ousmane Sigué, consultant en développement des entreprises et des organisations.
« Si on s’en tient à ce qui a été réalisé, on peut qualifier le bilan de positif »
« Je trouve que c’est trop tôt de faire une appréciation sur la gestion du président Roch Marc Christian Kaboré. Nous savons bien que le pays a connu une série de crises dont le coup d’Etat manqué de l’ex- régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’attentat terroriste et les manifestations liées aux Kolgwéogo. Tous ces facteurs ont contribué à mettre le pays en retard. De façon générale, quand on regarde l’économie du pays, nous pensons que c’est trop tôt de juger la manière dont le pays est géré. Il faut reconnaître que la gestion est en train d’être faite sur la base du programme que le président avait déclaré lors de son élection. Pour ce faire, il ne peut pas prendre le budget de l’ex-régime déjà élaboré pour continuer son travail, sans revoir et intégrer son programme personnel. Je pense que ce sont ces petits règlements qui ont mis l’économie du pays en retard. D’une manière générale, si on s’en tient à ce qui a été réalisé, on peut qualifier le bilan de positif. Surtout que dans ces derniers jours, des mesures ont été prises du côté de la santé pour le bien-être de la femme et de l’enfant. »
Propos recueillis par Valérie TIANHOUN et Françoise Dembélé