OMG or not OGM ? Au Burkina Faso, la question revient en boucle dans les débats entre agriculteurs comme entre politiques. Huit ans après l'introduction de la semence Bt du géant américain Monsanto, ce petit pays d'Afrique de l'Ouest figure parmi les principaux producteurs de coton transgénique au monde, avec 375 000 tonnes produites en 2015, soit la moitié de sa production cotonnière.
Abdoulaye Sanogo, Seydou Guira et Moussa Bagagnan, trois cotonniers de la commune rurale de Boromo, dans la province de Balé, font partie du camp des défenseurs du coton génétiquement modifié (CGM), quatre ans après l'avoir adopté en place de la culture conventionnelle. « Le CGM est plus rentable, car il permet d'utiliser moins de pesticides et d'assurer les récoltes, peu importe que la saison des pluies soit bonne ou mauvaise », résume Moussa Bagagnan, secrétaire de son groupement de producteurs de coton (GPC), qui réunit 38 exploitants de la ville. Alors que la campagne cotonnière 2015-2016 s'achève et que les dernières mottes de coton attendent au bord des routes d'être ramassées par la société Sofitex, Moussa Bagagnan détaille les avantages des semences Bt. Le premier atout est leur résistance aux ravageurs qui permet de réduire les traitements pesticides à deux par saison, contre six pour les cultures conventionnelles. De quoi économiser plusieurs journées de travail et beaucoup d'argent : les quatre traitements supprimés coûtent environ 30 000 francs CFA.
Mettre fin aux dettes impayées
En réalité, cet argent économisé ne profite guère aux agriculteurs et vient seulement combler l'investissement de départ, les semences transgéniques étant bien plus chères que les autres : aujourd'hui, le sachet de 30 kilos de semences Bt s'achète 26 000 francs CFA, contre seulement 806 francs CFA pour celui de semences conventionnelles. Pour Moussa Bagagnan et ses pairs, l'écart de prix en vaut bien les effets.