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Pour bien écrire et mieux dire, il faut lire
Publié le vendredi 1 avril 2016  |  Sidwaya




Je reconnais devant Molière que je ne suis pas de la termitière de Senghor ou de Césaire. Même si ma langue est quelque peu pendue, j’ai maintes fois tordu le cou au français, mordu sur la grammaire et égratigner le vocabulaire. Parfois ça a l’air banal, mais nous parlons mal, nous écrivons mal et cela ne nous cause aucun mal. Mais en réalité, au fond, notre négligence est très souvent le signe d’une carence, l’expression d’une méconnaissance. Bien sûr, le français n’est pas notre langue maternelle, mais quand on parle une langue qu’on ne maîtrise pas, on choisit son registre. Malheureusement, il y a des locuteurs inédits qui écrivent comme ils parlent et d’érudits paroliers sans verbes qui parlent comme ils écrivent. Cela est d’autant courant chez certains spécialistes qui s’adonnent parfois à une «diarrhée verbale» truffée de gros mots et très lourde de sens. Pourtant, on peut rendre plus digeste le discours ; on peut même décortiquer les concepts et dénouer les tournures. Mais pour le spécialiste, plus il utilise des termes techniques, mieux il se valorise. Mais à quoi sert un discours aussi beau soit-il, s’il n’est pas compris ? A quoi sert une logorrhée de chimiste ou de juriste puriste, si elle se contente d’étaler sans déballer ? Il y a des docteurs et des professeurs qui ne savent pas parler français. Cela n’est pas un péché, le grand péché, c’est lorsque dans une émission d’une heure ou dans un article d’une page, vous vous exprimez sans rien dire.

Bien parler français, c’est aussi parler avec moins de fautes. De nos jours, lorsque vous entendez certains «gros calibres» débiter, vous avez des céphalées. Pourtant, monsieur ou madame a son BAC ou sa maîtrise en poche, mieux, il a un doctorat. Oui, on connaît la chanson : «moi, je suis un scientifique, le français n’est pas ma tasse de thé». Pourtant, il a appris sa science en français ! Très souvent, il y a des fautes qui nous déprécient au point de nous écorner la dignité. On ne peut pas être bon partout et en tout, mais on peut limiter les dégâts en s’efforçant de voler moins bas. De la conjugaison à la concordance des temps en passant par l’orthographe, il y a parfois trop de gaffes. A force de mutiler les mots dans nos SMS et dans nos mails, nous écrivons vite et bien, mais avec de très belles fautes. A qui la faute ? Demandez à un élève de Terminale ‘‘A’’ combien de livres au programme a-t-il lus avant d’aller au BAC, il ne pourra même pas vous en citer deux bons. Pour l’élève de la série scientifique, les maths, c’est pour les cracks. Malheureusement et très souvent d’ailleurs, pour un X ou un Y, ils craquent. Il faut éviter d’être braqué, au risque de se faire traquer entre les dédales d’une langue officielle mal apprise. La saison des fautes de syntaxe ne fait que commencer, et avec le vent des coquilles qui font froisser nos textes, il y a de quoi perdre son latin.
Regardez le niveau de nos élèves d’aujourd’hui, vous pouvez prévoir la qualité de l’élite de demain. Au-delà de la langue française, la culture de la lecture et du livre est une gageure.

La bibliothèque est un musée de papiers qui ne demandent qu’à être feuilletés. La télévision sans vision offre toutes sortes d’images pleines de dommages. La presse écrite peine à faire bonne presse en mettant sous presse des textes en détresse. Sur le Net, tout n’est pas net ; on ne lit plus, on défile entre des piles de livres dans un ratissage diagonal. Pourtant, il n’est de nourriture que la lecture. La lecture est un sport cérébral dans l’univers des mots et des sens, et très souvent, on y découvre la plus belle des distractions. Lisez donc, et allez toujours à la ligne ; regardez bien les mots, admirez les belles phrases échafaudées avec style. Il n’y a rien de plus beau que de savoir bien lire, écrire et parler. Combien de livres as-tu déjà lus dans ta vie ? Combien de pages comptes-tu «caresser» jusqu’à la dernière lettre ? Les plus grands orateurs sont de grands lecteurs. Et quand on lit bien, on «accouche» toujours sans césarienne. Apprenez à aimer les livres et lisez de bons livres. Encouragez vos enfants à se familiariser avec les livres physiques ou virtuels. Car, très souvent, les solutions ne se trouvent pas dans les méconnus inconnus d’une équation. Beaucoup de fois, il suffit de dire seulement une parole pour guérir. Parce qu’au commencement, était le verbe. Alors, ne mourez pas sans avoir lu, sans avoir écrit ; vous aurez vécu !


Clément ZONGO
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