Après plusieurs tentatives infructueuses, les avocats de l’ex-président de l’Assemblée nationale du Niger ont fini par obtenir gain de cause. En effet, la liberté provisoire vient d’être accordée à leur client, Hama Amadou, par ailleurs candidat malheureux au second tour de la présidentielle du 20 mars dernier. L’annonce a été faite hier 29 mars 2016, par la Cour d’appel de Niamey pour qui, l’affaire devrait se poursuivre avec une procédure civile censée analyser l’origine des suppositions d’enfants, avant un éventuel renvoi en correctionnelle. Ainsi donc, Hama Amadou pourra, à l’issue des soins médicaux qu’il subit en France, revenir tranquillement dans son pays. Il ne retournera plus à la prison de Filingué où il était emprisonné depuis le 14 novembre 2015. Ce qui amène les uns et les autres à se poser la question suivante : pourquoi la Justice nigérienne a-t-elle décidé d’accorder maintenant la liberté provisoire à Hama Amadou ? La question mérite d’être posée, tant la coïncidence des faits est troublante.
On s’achemine visiblement vers une paix des braves
En effet, tout se passe comme si l’opposant nigérien devait être libéré seulement après la réélection du président Mahamadou Issoufou. Cela est d’autant plus plausible qu’Hama Amadou a plusieurs fois demandé la liberté provisoire pour battre campagne, en vain. Il a donc fallu attendre une semaine après le second tour de la présidentielle, pour que la Justice nigérienne la lui accorde. Mais après tout, l’essentiel est que cet élargissement de l’opposant participe à décrisper l’atmosphère sociopolitique du pays qui était pour le moins tendue. Cela dit, faut-il voir derrière cette décision judiciaire la main du président Issoufou qui, on se rappelle, s’est dit disposé à former un gouvernement d’union nationale ? Il n’est pas saugrenu de le penser quand on sait que naguère, l’opposition réunie au sein de la COPA, s’était elle aussi dit favorable à un dialogue politique, pour peu qu’il soit inclusif. De toute évidence, en décidant d’élargir Hama Amadou juste au lendemain de la fin du processus électoral, la Justice nigérienne rend service au peuple nigérien qui en avait grandement besoin pour avancer. En tout état de cause, on s’achemine visiblement vers une paix des braves, celle qui pourrait unir dans un même élan un pouvoir gêné aux entournures par cette mauvaise publicité sur sa victoire électorale et une opposition qui, somme toute, ne cracherait pas dans la soupe du seigneur. C’est aussi cela, le rançon de la paix.
B.O