« Transfert du préscolaire et du post-primaire au ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation : défis et enjeux ». Voici le thème de la conférence publique qui a réuni, le jeudi 27 juin 2013, les acteurs de l’éducation nationale de la province du Poni. C’était à Gaoua, dans les locaux de l’Ecole nationale des Enseignants du primaire (ENEP).
C’est une véritable campagne d’information que le MENA, à travers sa direction de communication et de la presse ministérielle (DCPM), a décidé de lancer dans les 6 ENEP que compte le Burkina Faso. La technique de conférence publique qu’elle a choisie, on peut le dire, a ouvert les débats entre les acteurs de l’éducation de base et de l’enseignement secondaire sur la question du transfert du préscolaire et du post-primaire au ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation. Les acteurs, notamment ceux de Gaoua ont mis la main à la patte, le jeudi 27 juin dernier. En filigrane du thème choisi, le ministère avait pour objectifs de tenir les élèves-maîtres des ENEP et les enseignants informés des reformes du système éducatif. Une autre manière de familiariser les participants avec les concepts clés de la reforme et aussi susciter l’adhésion de ceux-ci, afin qu’ils puissent effectivement accompagner la mise en œuvre de cette reforme. C’est le conseiller technique du MENA, Ibrahim Sanou, qui a présenté le thème. Depuis le contexte justificatif, en passant par les questions institutionnelles et juridiques pour aboutir aux questions de finances et de matériels, que de précisons apportées aux uns et aux autres. De ses explications, il ressort en effet deux principaux points de reforme. L’un entend supprimer les examens du Certificat d’études primaires (CEP) et l’autre vise à revenir à un seul ministère de l’Enseignement primaire et secondaire. Lors des échanges, élèves-maitres, enseignants et syndicalistes ont exprimé des inquiétudes sur la faisabilité et surtout le processus pour en arriver à l’application de cette reforme. Et au conseiller technique, Ibrahim Sanou, épaulé des directeurs centraux et du directeur régional, d’apporter des éléments de réponse. Au sortir de la conférence, certains d’entre eux ont donné leur avis sur ce projet de reforme du MENA. Dah Sassan est enseignant à Gaoua. A notre micro, il tiendra les propos suivants : « En vérité, bien qu’étant enseignant, j’avais des zones d’ombre sur la conciliation du primaire et du post-primaire. Plusieurs interrogations défilaient parfois dans ma tête depuis que j’ai eu écho d’une telle reforme. Mais, je pense que cette rencontre a été opportune. Maintenant, je comprends mieux de quoi il est question et je crois que cela peut aboutir à une certaine organisation du secteur de l’éducation ». Pour le directeur de l’ENEP de Gaoua, Anselme Somé, cette reforme est une nécessité. « Les différentes composantes de l’éducation sont émiettées en trois ministères. Je pense que les fusionner en un seul, serait salutaire. Concernant le CEP, je voulais souligner que la suppression ne signifie pas annulation d’évaluation. Dans tous les cas, si cela venait à être appliqué, c’est clair que nous trouverons une formule pour évaluer les enfants. Le coût d’organisation de cet examen est difficile à supporter. Donc ce sont des mesures d’accompagnement que nous prendrons », a-t-il indiqué. Cela dit, tout le monde ne partage pas cette réforme. C’est le cas de Léon Didier Dah, instituteur. « Moi, je pense que c’est inutile. On ne nous informe pas assez, on ne nous consulte même pas, notre avis importe peu. A la rigueur, on vient nous informer que cela va entrer bientôt en vigueur et c’est tout. Et ça fait pas bien », s’est-il indigné. Adoulaye Traoré est syndicaliste. Lui aussi n’épouse pas l’idée de la reforme. « C’est quelque chose de formaté qu’ils sont venus nous présenter. Le continium n’est pas une solution. Beaucoup de choses ont été dites, en même temps que d’autres ont été cachées. Vous voyez, nous condamnons déjà le fait que des classes 1 aux classes 2, il y ait un passage systématique de nos écoliers. Et on nous parle de suppression du CEP. Moi je ne vois plus l’opportunité de former s’il n’y a plus d’évaluation », cria-t-il. Cette conférence publique s’est tenue en présence du Haut-commissaire de la province du Pouni, Padogzimbo Tapsoba.