Dans le cadre de ses activités de promotion des femmes en politique, la Coalition Burkinabè pour les Droits a initié des projets de renforcement des capacités des femmes leaders émergentes en vue de leur participation effective au processus démocratique et électoral dans quinze communes. Ces projets devraient permettre aux femmes leaders de renforcer leurs capacités, d’exercer pleinement leur leadership, de renforcer leur crédibilité et efficacité au sein de leur communauté et de briguer davantage les postes électifs des scrutins communaux et législatifs de 2012.
Les élections couplées municipales et législatives du 2 décembre 2012 se présentaient comme un test opérationnel de la loi N°010-2009/AN de 2009 portant fixation de quotas aux élections législatives et aux municipales au Burkina Faso. Dans cette optique, plusieurs activités ont été menées et ont permis de former 489 femmes leaders émergentes et 8 représentants de radios de proximité. 155 leaders d’opinion ont été sensibilisés sur la nécessité d’accompagner les femmes dans leurs ambitions et activités politiques. 1619 personnes ont été touchées par les représentations théâtrales. 9 émissions radiophoniques ont été réalisées et diffusées et plus de 60 partis et formations politiques ont été sensibilisés pour favoriser la participation effective des femmes. Cinq conférences publiques et cinq émissions radiophoniques dans cinq zones d’intervention ainsi qu’une conférence de presse et une émission radiophonique ont permis de diffuser l’analyse des résultats des données sur les candidatures féminines des élections communales et législatives de 2012 particulièrement des quinze zones d’intervention.
Des données recueillies des élections législatives, il a été constaté que dans les 13 régions, le taux de participation des femmes en tant que candidates aux élections législatives varie entre 25,45% pour le Sahel et 36,36% pour le Mouhoun. Pour les suppléants, les candidatures féminines représentent 34,45%. L’appréciation des candidatures féminines fait ressortir trois principaux constats. Le premier indique que le nombre global de candidatures féminines est relativement faible quand on considère l’importance numérique des femmes au sein de la population (les femmes représentent 51,7% de la population totale estimée à 14 017 262 habitants) ainsi que l’activisme et le rôle des femmes au sein des partis et formations politiques. Le deuxième constat peut se muer en question : la faiblesse numérique des candidatures féminines s’explique-t-elle par un manque d’engagement politique des femmes ou par une insuffisance des partis et formations politiques à travailler pour une meilleure représentativité des femmes ? Le troisième et dernier constat se pose également sous forme de question qui est celle de savoir si le positionnement des candidatures féminines dans le groupe des suppléants résulte d’un choix délibéré des femmes ou d’une volonté des partis politiques.
De façon générale, les partis et formations politiques ont adopté ce qu’ils ont appelé des « listes gagnantes » qui ont impacté négativement sur le positionnement des candidates et du même coup sur le nombre des élues. Sur les 1805 candidates titulaires, seules 15 femmes ont été élues, soit 0,89% des candidates investies par leurs partis. L’Assemblée nationale compte 24 femmes sur les 127 sièges, soit 18,89%. A noter que ce taux a été possible grâce à la règle des suppléances.
Des données recueillies des élections municipales dans nos quinze zones d’interventions hormis celles de laquelle, sur les 489 femmes formées, 174 d’entre elles seulement ont déposé leur candidature soit 41,13%, les candidatures de 125 femmes ont été acceptées soit 29,55% et 64 ont été élues soit 15,13%. Toutes les femmes leaders qui ont déposé leur candidature ont rencontré les mêmes difficultés à savoir le mauvais positionnement sur les listes, le manque de moyens financiers pour battre la campagne, des noms positionnés par la base et rejetés au niveau national, etc.
Au niveau national, nous avons 19 femmes maires sur 369 soit un taux de 5,14% contre 24 femmes (6,68%) aux élections municipales passées. Nous avons constaté un grand recul par rapport à la représentativité des femmes aux instances décisionnelles. Les résultats des élections couplées de 2012 sont largement en déça de nos attentes ; il reste encore du chemin pour une participation effective des femmes en politique. Malgré les efforts des différents acteurs et malgré l’adoption de la loi N°010-2009/AN portant fixation de quota aux élections législatives et aux élections municipales au Burkina Faso, il se pose la question suivante : A quand, une meilleure représentativité des femmes dans les instances décisionnelles ?
Nous remercions tous nos partenaires particulièrement le Fonds Commun Genre (FCG) qui nous a accompagné financièrement pour la mise en œuvre du projet de renforcement des capacités des femmes leaders émergentes en vue de leur participation effective au processus démocratique et électoral dans cinq communes (Boussé, Dano, Dori, Kaya et Manga) et qui a permis l’insertion de cet article.