L’école atypique que nous avons découverte se trouve à Niankoré, un village situé à 22 km au Nord de Tougan.
Troisième école du village, elle est dans un dénuement total. Pas de bureaux pour enseignants, pas de tables-bancs pour les élèves. C’est dans ces conditions que nous avons trouvé les pensionnaires de cette école en train de faire leur composition.
Certaines réalités vous rendent complètement aphones, abasourdies. Pour toucher du doigt ces réalités, nous nous sommes rendus dans la classe du CP2 de l’école "C" de Niankoré. On s’y croirait dans une école coranique. La classe sous paillote n’a aucun tablebanc. Les parents ont confectionné des tabourets pour permettre aux élèves de s’asseoir. Ils y sont assis pêlemêle, sur le sol et écrivant dans leur cahier posé sur leurs tabourets. Ceux qui n’en ont pas posent les cahiers sur leurs genoux. La maîtresse est assise sur une chaise traditionnelle, une table de fabrication locale fait office de bureau. Tout comme cette classe, quatre autres salles du village se partagent les mêmes réalités. En fait, elles sont dans des bâtiments d’emprunt. Le bâtiment d’emprunt est en réalité une maison abandonnée qu’on occupe. Et si ce ne sont pas les murs qui menacent de céder au moindre vent, c’est le chevron qui est cassé mettant les élèves et les enseignants en insécurité.
A quelques pas de là, une quarantaine d’élèves sont confinés au salon d’un logement à trois pièces. Ce sont là les
réalités d’une école du village de Niankoré. Nous avons rencontré le directeur de l’école concernée, Issouf Ouédraogo, qui nous relate leurs difficultés. Pour lui, l’école a ouvert ses portes en octobre 2006 et compte près de 400 élèves. A ce jour, une seule salle de classe est construite. Les autres classes sont dispersées dans le village.
Il souligne qu’en plus des problèmes de salles de classe et de tables-bancs, il leur manque le matériel didactique et le mobilier. Les enseignants n’ont pas de logements. Quant à Martin Boro, président des parents d’élèves, il dit que pour résoudre certaines difficultés de l’école, ils ont acheté un bureau cette année, entamé la construction d’une cuisine. Ils sont en concertation avec les ressortissants du village pour construire une salle de classe en banco. Tout naturellement, le président APE « demande à toutes les bonnes volontés de leur venir en aide afin d’améliorer les conditions de travail des enfants ». Vivement que son cri de cœur n tombe pas dans l’oreille d’un sourd. En tout cas, cette école mérite une attention particulière car au-delà des déformations corporelles que les élèves peuvent avoir, on peut se fier aux propos du Chef de la Circonscription d’éducation de base de Tougan I, Adama Ky, qui soutient que le futur président du Faso peut venir de ces élèves.
Bangréyemba
(Correspondant)