Le Premier ministre à bâtons rompus avec les OSC

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Publié le samedi 26 mars 2016 | Sidwaya

© aOuaga.com par G.S
Présidence du Faso : le nouveau gouvernement prend contact avec le chef de l`Etat
Mercredi 13 janvier 2016. Ouagadougou. Présidence du Faso. Le nouveau gouvernement avec à sa tête le Premier ministre Paul Kaba Thièba a eu sa première prise de contact avec le chef de l`Etat Roch Marc Christian Kaboré

Le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, a rencontré les Organisations de la société civile (OSC), le jeudi 24 mars 2016 à la primature. A l’issue de leur entrevue avec le Chef du gouvernement, certaines OSC ont partagé avec Sidwaya le contenu des échanges.

Simplice Sanwidi, secrétaire général de « Génération Thomas Sankara »

C’est la toute première rencontre que nous avons avec le Premier ministre depuis sa prise de fonction. Nous avons discuté à bâtons rompus avec le Chef du gouvernement dans la simplicité et la courtoisie sur des questions qui touchent, de façon générale, la vie de la Nation. Nous l’avons félicité pour sa démarche, et lui avons souhaité plein succès dans sa tâche. Nous lui avons proposé qu’il travaille à formaliser ce cadre de rencontre avec les OSC.

Aziz Sana, coordonnateur général du collectif 3D

Nous sommes des OSC issues d’horizons divers et de combats différents. Il y avait les pros et anti insurrection, les pros et anti coup d’Etat et chacun avait une position à défendre. Nos points de vue étaient divergents sur les questions de justice. Faut-il faire la lumière sur les atteintes aux droits de l’homme ou faut-il aller directement à la réconciliation en sautant l’étape de la justice ?
Nous avons rencontré le Premier ministre pour échanger sur la situation nationale. Cela nous a permis de comprendre un certain nombre de choses. Il a expliqué sa vision sur différentes préoccupations de l’heure : blanchiment d’argent, Koglwéogo. Il a fait également un exposé sur le programme du président du Faso et les problèmes budgétaires.
Nous sommes satisfaits d’avoir eu cette opportunité de dialogue avec le Chef du gouvernement. Nous souhaitons que ce cadre soit institutionnalisé, pour que l’ensemble des acteurs de la vie nationale puisse regarder dans une même direction. Notre grande attente c’est qu’une solution puisse être trouvée à la question de l’employabilité des jeunes. Il faut que des actions soient entreprises pour résorber le taux d’échec de la jeunesse. Il faut aussi réorienter l’éducation nationale en favorisant la formation professionnelle. Nous avons estimé, par ailleurs, qu’il n’y a pas de développement sans la paix et la sécurité. Notre collectif a, en outre, attiré l’attention du Premier ministre sur le respect des droits de l’homme. En ce sens, la question des Koglwéogo doit être traitée avec beaucoup de maîtrise.

Omar Kaboré, du Front de résistance patriotique (FRP)

Plusieurs OSC ont été conviées à rencontrer le chef du gouvernement, pour une prise de contact. Pour lui, il s’agit de faire connaissance avec les OSC qui ont fait un travail de fond pour ce pays. Le Premier ministre a donné la parole à tout le monde et chacun s’est exprimé librement sur ses préoccupations. Nous avons passé en revue toutes les questions concernant la situation nationale. Notre préoccupation c’est de savoir comment résoudre cette question de Koglwéogo. C’est une organisation qui a bien démarré, mais qui affiche quelques dérives de plus en plus. Il faut traiter les choses avec délicatesse, et il n’est pas simple pour les dirigeants de prendre certaines décisions qui peuvent compromettre d’autres démarches. Les Koglwéogo ont abattu un travail remarquable, il faut le reconnaître. De toute façon, il faut que le ministère de tutelle joue sa partition pour aboutir à un dénouement heureux de la situation, en communiquant beaucoup avec eux et en les sensibilisant. Sinon, décider arbitrairement de les dissoudre, comme le RSP, ce n’est pas la solution. En plus de ce sujet, nous avons abordé les questions d’emploi et le programme du président du Faso. Les gens ont trouvé que le gouvernement traine dans ses actions. Mais nous pensons qu’il faut lui laisser le temps de travailler avant de le juger.

Pascal Zaïda, leader du Cadre d’expression démocratique

C’était une prise de contact, qui s’est terminée par des échanges sur les questions liées à la vie nationale. Toutes les questions d’actualité ont été abordées et le Premier ministre y a donné des réponses. Il y a un cadre qui a été institué pour qu’on puisse se rencontrer une fois par trimestre pour discuter de la vie de la nation. Chaque OSC était libre de dire ce qu’elle pense. Pour nous, il y a d’abord la question de la restauration de l’autorité de l’Etat. Nous avons surtout mis le doigt sur l’affaire des koglwéogo. Nous avons aussi parlé des parcelles à problèmes, de la question du blanchiment d’argent et surtout de la cherté de la vie. Toutes nos questions ont trouvé des réponses, sauf celle des parcelles. A cette préoccupation, le Premier ministre a dit qu’il se gardait le droit de ne pas répondre. Il a analysé le problème des koglwéogo en trois axes, à savoir la préservation de la paix sociale, la question des droits humains et aussi celle de faire respecter la loi.

David Moyenga, du Réseau panafricain des élites de relève

Le Premier ministre a souhaité entendre les OSC sur différents sujets qui dominent l’actualité et connaître les attentes de celles-ci. Nous avons parlé de la politique générale du gouvernement, de la situation judiciaire, sécuritaire et bien entendu des koglwéogo. On a voulu notamment connaître les mesures immédiates et urgentes du Premier ministre pour relancer l’économie nationale, résoudre les questions d’emploi. C’est de façon ouverte que les gens se sont exprimés. Les échanges étaient assez relaxes et intéressants. Il y a d’autres rencontres qui vont permettre d’approfondir les échanges entre le chef du gouvernement et les OSC. Cette prise de contact est la bienvenue, puisqu’elle vient casser la distance entre les OSC et l’exécutif depuis les élections. C’est la première fois qu’on a pu rencontrer une autorité de ce rang. Ensuite, le Premier ministre a présenté des gages d’un certain volontarisme. Mais il est clair que ça ne sera pas aisé au regard du diagnostic qui a été fait sur la situation du pays. Il faut que les Burkinabè se préparent davantage à un certain sacrifice quelques mois encore.

Marcel Tankoano, président du M21

C’était juste une prise de contact qui s’est transformée en rencontre, en plaidoyer. En fait, le Premier ministre voulait juste nous connaître, nous féliciter de ce que nous avons pu mener comme travail dans notre pays (l’insurrection populaire, la résistance au coup d’Etat) et voir éventuellement les jours à venir ce qu’on peut faire ensemble en établissant un calendrier de travail. C’était aussi pour nous entendre par rapport aux problèmes du pays. Il y a eu plusieurs sujets, dont celui relatif aux koglwéogo, une question qui divise aujourd’hui les Burkinabè. Faut-il les démanteler ou les encadrer ? Nous préférons que l’Etat les accompagne, parce que c’est la démission de l’Etat qui a créé ces groupes d’auto-défense. Il a reconnu que c’est une question très sérieuse à traiter avec prudence.

Jonas Hien, président du Conseil national des OSC

C’est une prise de contact entre le Premier ministre et les OSC, parce que depuis sa prise de fonction il n’a pas eu l’occasion de nous rencontrer. Il a souhaité qu’on se rencontre, qu’on se connaisse et on en a profité pour échanger sur ce qui devrait être le partenariat entre les OSC et le gouvernement afin de répondre aux aspirations de notre peuple. Les débats ont porté sur plusieurs domaines, les questions sécuritaires, économiques, de l’emploi des jeunes, de l’éduction… C’était à chaud, des propositions ont été faites. A l’analyse, je pense que cela permettra au Premier ministre d’approfondir les échanges au cours des prochaines rencontres avec les OSC. Notre préoccupation majeure est que l’impunité que nous avons combattue ne soit plus de retour dans notre pays et qu’il y ait une bonne gouvernance dans une transparence totale. C’est dans le sens du renouveau que nous avons discuté. Nous avons très bien apprécié cette rencontre, car le chef du gouvernement a eu un sens d’écoute très élevé. Il a pris tout son temps pour écouter tout le monde et apporter des réponses aux préoccupations des uns et des autres. Nous repartons satisfaits, avec une très bonne impression de lui.

Propos recueillis par Djakaridia SIRIBIE
Fabé Mamadou OUATTARA