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Petit séminaire saint Paul de Tionkuy de Dédougou
Publié le vendredi 25 mars 2016  |  Sidwaya




Fondé en 1961, le petit séminaire Saint Paul de Tionkuy de Dédougou œuvre à la formation d’hommes capables d’assumer leur rôle en société et d’accomplir pleinement leur sacerdoce. Dans l’interview qu’il a accordée aux éditions Sidwaya, le vendredi 19 mars 2016, le directeur du séminaire, Judicaël Bicaba, revient sur la vocation de l’établissement, les conditions d’entrée, les règles d’or du séminaire et également les difficultés que rencontre son institution.

Sidwaya (S) : Combien de séminaristes formés compte le petit séminaire Saint Paul de Tionkuy depuis sa création en 1961?

Judicaël Bicaba (J.B) : Nous ne saurons vous donner un chiffre exact. Mais, nous pouvons vous assurer que depuis l’ouverture du séminaire, des milliers de cadres ont été mis à la disposition de notre pays. Notre ambition est de nous inscrire dans la dynamique enclenchée par nos prédécesseurs. Aujourd’hui, nous avons en charge la formation de plus d’une centaine de séminaristes.

S : L’engouement est-il toujours le même comme de par le passé ?

J.B : Nous pouvons dire que l’engouement pour le petit séminaire n’a pas fléchi d’un seul iota. Ces dernières années, cet engouement est même allé crescendo, notamment en raison de la demande exponentielle que connaît le secteur de l’éducation. De plus, deux facteurs militent en notre faveur. Notre institution a, à la fois, pour vocation de former des hommes qui seront capables de jouer leur rôle dans la société et d’accomplir leur sacerdoce.

S : Le petit séminaire de Tionkuy est-il ouvert à tout le monde?

J.B : Le mode d’éducation à l’internat est différent de celui en vigueur à l’externat. Les parents d’élèves le savent bien. Le séminaire est avant tout une question de vocation. Car, ce sont les enfants désireux de devenir prêtres plus tard qui y sont prioritairement reçus. Mais avec l’ouverture des séminaires décidée par la conférence épiscopale, nous accueillons aujourd’hui des élèves externes.

S : Comment se présente une journée ordinaire d’un séminariste ?

J.B : La vie au séminaire est dictée par le règlement et la discipline qui prévalent au sein de l’établissement. C’est la cloche qui dicte au pensionnaire les différentes étapes de sa journée. Du réveil au coucher, chaque coup de cloche correspond à une activité déterminée pour le séminariste. En d’autres termes, la journée de celui-ci est repartie entre le travail, la recréation, la prière, l’aspect individuel et collectif, les relations interpersonnelles, les relations avec les aînés, les travaux manuels, le sport, la musique et l’art dramatique.

S : Est-il aisé de faire respecter cette discipline au sein de l’établissement ?

J.B : Il est de notre devoir d’amener l’enfant à intégrer le fait que la discipline des lieux est une nécessité et non une imposition pour sa future fonction de prêtre. Cette question de volonté personnelle est cruciale. L’enfant doit prendre pied avec la discipline du séminaire de manière volontaire. Nous procédons, ensuite, à l’établissement d’un cadre de suivi et d’évaluation de l’intéressé. Car, les éducateurs doivent être en mesure de rappeler à l’ordre les fauteurs de trouble pour que le règlement soit suivi à la lettre par tous.

S : Vous arrive-t-il d’interpeller un parent pour comportement défectueux de son enfant ?

J.B : Evidemment, quand certains actes excèdent le cadre ordinaire de l’éducation du séminaire, nous sommes dans l’obligation de recourir aux parents des élèves mis en cause. L’éducation au séminaire doit aller de pair avec celle de la maison. Cela constitue un problème si les deux sont en contradiction. Pour un enfant qui entre, par exemple, au séminaire avec un penchant très développé pour le vol, nous suivons naturellement l’évolution de ce dernier. Mais, il est tout à fait indiqué que nous associons les parents pour constituer ensemble une plateforme de surveillance commune en vue de ramener l’enfant sur le droit chemin.

S : Est-ce une obligation pour un séminariste de porter le sacerdoce ?

J.B : Le terme obligation n’est pas dans notre vocabulaire. L’élève vient librement au petit séminaire. Rien ne l’empêche de repartir ou rester. Le séminaire est, avant tout, un lieu de discernement, de réflexion, de maturité vers une plus grande capacité de choix. C’est pourquoi, nous laissons l’option à l’élève de continuer ou non sa vocation au grand séminaire après le baccalauréat. Ainsi, pendant tout son cursus, il a le temps de réfléchir, de grandir et de mûrir le choix qui va orienter sa vie. Dans tous les cas, la mission du séminaire est remplie, car l’enfant a découvert sa vraie vocation.

S : Vous arrive-t-il parfois d’influencer le choix d’un élève?

J.B : Les éducateurs ont un regard, pas forcément de censure, mais surtout de guide. Quand la vie de l’élève est en déphasage total avec ce qu’il a choisi, il faut bien attirer l’attention de celui-ci pour ne pas le laisser sur une mauvaise voie. C’est un avis qui compte beaucoup, qui est important et le plus souvent, qui s’avère juste.

S : Certains élèves sont souvent mis à l’écart pour une raison ou une autre. Comment expliquez-vous cela?

J.B : Des comportements répréhensibles peuvent être le signe que l’élève est indigne de la vocation de prêtre. Par exemple, un élève qui déteste la prière est la preuve indiscutable que celui-ci n’est pas destiné à la prêtrise. C’est vrai qu’il existe une possibilité d’amélioration de l’individu, mais ce sont tout de même des indicateurs de sa personnalité.

S : Comment parvenez-vous à avoir un œil regardant sur le comportement de chacun de vos nombreux élèves ?

J.B : C’est ici que le caractère internat intervient. Les professeurs, qu’ils soient prêtres ou laïcs et leur famille qui résident au séminaire, sont dévolus uniquement à l’enseignement et à l’éducation à l’intérieur du séminaire. Le conseil des professeurs tient une réunion hebdomadaire au cours de laquelle, il passe au «peigne fin» à partir du deuxième trimestre le comportement de chaque élève à travers les différentes activités menées au séminaire. Le regard croisé de tous ces professeurs comporte de très faibles marges d’erreur. Cela signifie que les faits et gestes de l’intéressé sont connus du corps professoral. Nous gardons, ainsi, des traçabilités sur sa spiritualité, sa vie intellectuelle, sa vie morale, etc., de telle sorte qu’à la fin du cursus, nous sommes sûrs de pouvoir nous prononcer de manière objective sur le cas d’un élève donné.

S : Parmi vos aspirants, combien parviennent en moyenne à porter le sacerdoce ?

J.B : A ce stade, nous ne pouvons pas parler de taux de réussite puisque c’est après le baccalauréat que les candidats s’orientent vers le grand séminaire. Une fois là-bas, ils sont astreints à sept années d’études avant d’être consacrés. Comme le séminaire fonctionne au crible, certains s’en iront d’eux-mêmes après avoir trouvé leur voie, tandis que d’autres seront exclus à la suite d’actes condamnables (bagarres, vols, etc.). Une sélection s’opère également au niveau des examens. Au regard de tous ces facteurs, nous pouvons nous retrouver avec une trentaine d’élèves en septième et entre zéro et cinq au grand séminaire. Mais, nous y avons parfois dix ou quinze.

S : Quelles sont les sources de financement du petit séminaire de Tionkuy?

J.B : Le financement provient, d’une part, des frais de scolarité et, d’autre part, des évêques des diocèses qui forment ces enfants pour le sacerdoce. Au départ, compte tenu du faible revenu des parents des pensionnaires, la scolarité était très modique. Mais, compte tenu des besoins en matière de formation des élèves et de la cherté de la vie, cette scolarité va connaître une augmentation. Cependant, nous n’avons jamais exigé d’un parent de s’acquitter de l’entièreté de la scolarité.

S : Justement à la rentrée scolaire 2015-2016, la scolarité au niveau du séminaire a connu une hausse sensible, passant de 100 000 F CFA à 250 000 F CFA…

J.B : L’augmentation de la scolarité, comme nous l’avons souligné, se justifie, d’une part, par la cherté de la vie surtout dans le domaine de l’éducation, et, d’autre part, par le fait que les séminaires sont rentrés dans une phase de restructuration de la prise en charge de ces établissements. Nous sommes passés à un mode de grille de scolarité. C’est ainsi que vous remarquerez que dans tous les séminaires, la scolarité est calculée en fonction de cette grille qui est proportionnelle aux revenus des parents. Toutefois, il faut noter que les enfants sont traités de la même façon dans les séminaires. Ils reçoivent les mêmes enseignements. Dans notre philosophie, ce sont les plus ’’forts’’ qui supportent les plus ’’faibles’’ dans la prise en charge de nos maisons de formation. C’est une charité chrétienne, un esprit de coresponsabilité, de solidarité autour de la maison et la formation vers le sacerdoce.

S : Quelle est la part contributive de la communauté à la formation des futurs prêtres ?

J.B : La communauté, à travers les différents diocèses, paie la contrepartie que les parents ne paient pas. Cela se fait à travers les économats diocésains qui injectent la part de la communauté. Il y a également des partenariats dans l’église qui sont des appuis dédiés aux petits séminaires par Rome, mais qui ont tendance à baisser au fil des ans. Ce qui nous appelle à réajuster sans cesse notre accord afin de revoir à sa juste hauteur la participation des communautés pour la vie des séminaires.

S : Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face dans ce petit séminaire ?

J.B : Les difficultés auxquelles nous faisons face sont généralement d’ordre financier. Car, il nous faut jouer sur plusieurs cordes pour satisfaire les besoins budgétaires de l’année. Un autre aspect qu’il faut souligner est, sans doute, la difficulté à inculquer la discipline aux enfants en vue d’en faire des citoyens modèles. Mais à mon avis, cette difficulté débute au sein de la cellule familiale. L’enfant d’aujourd’hui n’est plus l’enfant d’hier. L’indiscipline est presque ressentie à tous les niveaux de la formation. Il y a également un problème au niveau des nouveaux entrants à tel point que nous sommes tentés de nous demander, si dans notre système éducatif, nous ne privilégions pas plutôt la quantité au détriment de la qualité.

S : Un dernier mot ?

J.B : Nous remercions les éditions Sidwaya pour cette interview qui est un accompagnement du séminaire dans sa noble tâche. Car, l’offre éducative est en deçà de la demande. Comme tout établissement fait œuvre utile pour la nation, cette manière de communiquer permet de relayer les efforts des établissements comme le nôtre en termes de connaissance, d’encouragement et d’information. De nos jours, il est possible d’envoyer son enfant au séminaire pour peu qu’on veuille une formation de prêtre à 100% sans forcément le devenir. C’est un label, mais ceux qui veulent être prêtres sont prioritairement reçus dans les petits séminaires.


Donald Wendpouiré NIKIEMA
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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