Le Collectif pour un peuple uni (CPPU) fustige le «mutisme» du gouvernement face à la situation sociale actuelle au Burkina Faso. La dérive des Koglweogo, la présence des gendarmes français sur le sol burkinabè, le «désordre» au sein du parti au pouvoir en prélude aux élections municipales etc., sont, entre autres, les sujets abordés par le collectif au cours d’une conférence de presse ce mercredi 23 mars 2016 à Ouagadougou.
«Les défis sont énormes et les attentes du peuple considérables pour que le gouvernement se focalise sur des questions non pertinentes», estime Abdallah Bafa Ben Azise Ouattara, porte-parole du collectif. Le CPPU dénonce le manque de discrétion dans la gestion de certains dossiers tels que le « supposé blanchissement d’argent, deals de parcelles etc.» Pour le CPPU, « le gouvernement met ces sujets sur la place publique pour divertir le peuple qui attend de l’exécutif, des actes concrets ».
Le collectif estime aussi que «certaines Organisations de la société civile se cachent derrière des pseudonymes et utilisent les réseaux sociaux pour des dénigrements, des règlements de compte au profit de certains leaders ou personnalités à des fins inavoués ».
Faisant allusion à un certain «désordre» au sein du Mouvement du Peuple pour le Progrès (parti au pouvoir), Abdallah Ouattara et ses camarades estiment que «celui qui a du mal à mettre de l’ordre au sein de sa famille politique, ne peut prétendre gouverner tout un peuple».
Le CPPU recommande de ce fait au président Roch Marc Christian Kaboré, de revoir son gouvernement au plus vite afin de répondre aux aspirations du peuple, de trouver des solutions idoines aux problèmes au sein de son parti, d’instaurer la rigueur dans la gestion de la chose publique, de mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut, de demander aux ministères qui ont en leur possession des dossiers brulants, à les traiter rapidement et de revoir la communication au sein du gouvernement.
Accord de défense
Le CPPU crie haro sur l’accord de défense entre la France et le Burkina Faso. Pour étayer ses propos, M. Ouattara fait référence à l’article 12 dudit accord : «chaque partie renonce à tout recours qu’elle pourrait avoir contre l’autre partie, les forces, ou un membre du personnel de cette partie pour les dommages causés à ses biens ou à son personnel y compris ceux ayant entrainé la mort, en raison d’actes ou de négligence dans l’exercice des fonctions officielles qui découlent du présent accord. Lorsque le tiers intente une action judiciaire, la partie burkinabè se substitue à la partie française devant les instances compétentes du Burkina Faso en vertu des immunités des Etats qui lui sont reconnus. En cas de condamnation définitive, les parties déterminent la répartition entre elles de la prise en charge».
Le CPPU se demande alors si le Burkina est toujours sous le joug colonial. Il conclut que «les autorités doivent prendre conscience de la bavure des soldats français dans les pays tels que la Côte d’Ivoire, la Centrafrique, la RDC et dire non à une telle proposition».
Abel Azonhandé