Le Collectif pour un peuple uni (CPPU) a animé une conférence de presse hier 23 mars 2016 à Ouagadougou pour donner sa lecture de la situation nationale. Lors de cette rencontre, il a dressé le fouet contre les acteurs de la vie nationale : le parti au pouvoir, le MPP ; le président du Faso et le PM ; l’opposition, les organisations de la société civile ; …chacun en a pris pour son grade.
Le collectif pour un peuple uni avec son slogan favori : «un peuple uni n’est jamais vaincu» n’est pas du tout content de la conduite des affaires du pays et personne ne trouve grâce à ses yeux. Pas en tout cas du pouvoir actuel.
«L’une des raisons de la victoire du parti au pouvoir repose sur l’expérience des premiers responsables. Mais hélas !!! Après son investiture, les prémices d’une crise se profilaient à l’horizon sur le plan social et aussi dans le parti et cela s’expliquait par :
- Plusieurs jours avant de trouver un Premier ministre, conséquence du manque de consensus dans le parti et ses alliés ;
- Plusieurs jours pour la formation du gouvernement ;
- Le laxisme et/ou la complaisance dans le choix des membres du gouvernement au vu de la situation actuelle.
Tous ces éléments ont favorisé l’installation d’un chaos dans un pays déjà fragilisé au plan sécuritaire, et un peuple se croyant au-dessus de tout. Résultat, l’implosion au sein du parti et un désordre que nous constatons, donnant ainsi raison à l’opposition », a asséné le président Abdallah Bafa Ben Aziz Ouattara qui étend sa colère au parti au pouvoir. « La question que nous nous posons est de savoir comment gouverner 18 millions de Burkinabè si l’on n’arrive même pas à contenir les militants de son parti ? »
Pour lui, le cafouillage qu’il y a eu au sein du MPP lors du dépôt des listes pour les municipales en est la preuve.
Une opposition amorphe
Son verdict contre l’exécutif est tout aussi sévère : «nous avons un président passif, un premier ministre passif, et des ministres qui nous divertissent», a-t-il dit avant de se montrer menaçant si le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, ne change pas nous allons sortir demander son départ». Bien que membre de la société civile, il n’est pas tendre envers cette galaxie : «La société civile, surtout l’actuelle, est en déphasage avec ses prérogatives. L’intérêt personnel ayant ravi la place à l’intérêt général, elle est si décriée par le peuple pour son alliance avec les politiciens oubliant ses missions réelles. Il faut un assainissement de ce milieu tel que nous l’avons toujours demandé et, dans la même lancée, un audit serait le bienvenu pour situer certaines responsabilités dans les faits cités ces temps-ci et auxquels les OSC sont mêlées.
Les OSC sont des organes de veille sur les actions du gouvernement « Dommage qu’elles soient trempées dans la politique et participent à piller le peuple »
Le CPPU trouve que l’opposition est muette et inactive, donc en déphasage avec les aspirations d’un peuple qui souffre, attendant des mesures fortes en sa faveur. Et que dire des bruits de blanchiment d’argent et de détournement de parcelles mettant en cause des dirigeants de la Transition, notamment l’ex-PM Zida ?
« De la diversion pour détourner l’attention des populations sur les vrais problèmes du pays sinon pourquoi ne pas confier les choses à la justice au lieu de les divulguer et rendre service aux fautifs qui auront le temps de prendre leurs précautions ». Les accords de défense signés avec la France et le déploiement du GIGN sont une honte pour notre pays, selon la structure qui pense que cela attirera l’attention des djihadistes sur notre pays alors que les Européens ne peuvent pas les combattre chez eux.
Les propositions du collectif sont les suivantes :
- Revoir le gouvernement au plus vite pour répondre aux aspirations du peuple qui sont énormes ;
- Trouver des solutions idoines aux problèmes au sein de son parti et cela passe par une éducation, des échanges francs, la reconnaissance des militants de base ou des mesures disciplinaires à l’encontre des caciques.
- La rigueur dans la gestion de la chose publique et des hommes qu’il faut à la place qu’il faut.
- Ordonner aux ministères ayant des dossiers brûlants de les traiter rapidement ; en exemple, le cas de la justice avec plein de dossiers en attente de jugement ; accélérer les investigations en cours sur les crimes économiques, etc.
- Revoir la communication au sein du gouvernement, car il y a trop de failles, l’exemple des attaques terroristes et la situation actuelle illustrent notre propos ;
- S’attaquer aux besoins réels de la population qui sont des besoins primaires.
Abdou Karim Sawadogo