La population collabore, les délinquants auront intérêt à changer de métier
Le commissaire de police Oumar Soulama est le premier commandant de l’Unité d’intervention polyvalente de la Police nationale (UIP-PN) depuis sa mise en place, le 31 janvier 2013. Dans cette interview, il parle de cette unité spécialisée dans la lutte contre le grand banditisme et le terrorisme. Aussi, il évoque entre autres, les objectifs et les moyens dont cette jeune unité a besoin pour accomplir ses missions régaliennes.
Sidwaya (S.) : Quelles sont les raisons qui ont milité à la création de l’UIP-PN ?
Oumar Soulama (O. S.) : Depuis une dizaine d’années, les statistiques de la police nationale et de la gendarmerie ont été toilettées par les différents responsables. C’est suite à cela qu’on a constaté qu’il y a un accroissement de la criminalité en général, et du banditisme, en particulier. C’est ce qui a motivé les plus hautes autorités de la police nationale à mettre en place une unité spécialisée dans la lutte contre le grand banditisme. Avant, c’était les autres forces qui devaient lutter aussi contre le grand banditisme, mais pas de façon spécialisée. La Compagnie républicaine de sécurité(CRS) par exemple, qui patrouillait sur les axes, luttait contre le grand banditisme. Mais, ce n’était pas sa mission habituelle. Elle est spécialisée dans le rétablissement de l’ordre. Indépendamment, elle venait en appui aux autres forces de l’ordre pour lutter contre le grand banditisme. C’est pour responsabiliser une unité spécialisée dans ce domaine que les autorités ont mis en place cette l’UIP-PN pour lutter efficacement, contre le grand banditisme et le terrorisme.
S. : Comment fonctionne les différentes composantes de cette unité ?
O. S. : Les éléments de cette unité sont à la fois chargés de lutter contre le terrorisme et le grand banditisme. Les actes de terrorisme ne sont pas enregistrés, tous les jours. On peut passer une année sans en rencontrer. Par conséquent, on nous a donné une autre mission qui consiste à lutter contre le grand banditisme, en attendant qu’on puisse faire face aux actes de terrorisme, s’il y a lieu. En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, pour le moment, ce sont des patrouilles de dissuasion qu’on effectue. Aussi, on prépositionne des unités d’intervention. Depuis le début de la crise malienne, on a tous les jours, des équipes prépositionnées et prêtes à intervenir. Aussi, on patrouille dans la ville pour dissuader d’éventuels terroristes.
S. : Comment vous vous organisez avec les autres forces de l’ordre pour venir à bout de ces deux fléaux ?
O. S. : Nous travaillons avec les différentes forces en place. Depuis le début de la crise malienne, nous avons tenu des rencontres avec la gendarmerie, les forces de police et une répartition zonale a été faite pour les patrouilles, afin d’avoir une harmonie dans nos actions. L’Etat fait des grands efforts pour mettre les moyens au profit de la lutte contre le grand banditisme et le terrorisme. Pour une nouvelle unité, avec ce dont nous disposons comme moyens, nous sommes en mesure de faire face à toute situation. Néanmoins, nous avons un besoin d’ordre humain. Actuellement, nous avons lancé un recrutement pour renforcer les effectifs. Dans les jours à venir, nous allons procéder à la sélection et nous avons demandé des volontaires qui ont le goût du risque de s’inscrire et ce sont près de 500 personnes qui se sont inscrites, afin de faire partie de cette unité.
S. : Dans cette mission de protection, vous avez besoin de la population. Quel appel avez-vous à lancer à celle-ci ?
O. S. : Si la population collaborait, cela allait sincèrement, nous faciliter la tâche. 80% de la réussite des actions de la police est due à la collaboration de la population. Mais si la population au sein de laquelle se trouvent les bandits ne collabore pas, il sera difficile pour nous de savoir si un tel est délinquant ou pas. Si toutefois la population collabore franchement, ces délinquants auront intérêt à changer de métier, sinon ils trouveront le buffle d’Afrique se dresser devant eux.