Depuis l’annonce de la mise en place d’un sénat au Burkina Faso, le débat politique s’est intensifié sur l’importance et le bien-fondé d’un tel instrument de démocratie. Si certains fustigent, d’autres reconnaissent le rôle important de cette deuxième chambre dans l’ancrage de la démocratie. Il est indéniable que la création du sénat n’est pas une imposition du gouvernement. Quoiqu’ayant la légitimité politique nécessaire pour faire des propositions de réformes, les autorités politiques ont choisi la voie de la concertation avec l’ensemble des animateurs de la vie politique nationale. En rappel, la mise en place du sénat a été une décision consensuelle émanant du Conseil Consultatif sur les Réformes Politiques (CCRP).
Il apparaît alors illégitime qu’aujourd’hui des voix se lèvent pour contester la mise en place de cette assemblée voulue par les acteurs de la vie nationale pour préserver la paix et renforcer la démocratie dans notre pays. Entre autres raisons avancées, l’inutilité du sénat à côté de l’Assemblée Nationale et le budget jugé trop élevé. Sur ce dernier point, le moins que l’on puisse dire, le budget du sénat n’est pas encore définitif. Le montant avancé de 36 milliards par les uns et les autres n’est aucunement justifié, car il n’est basé sur un quelconque budget officiel. Le sénat utile ou inutile ? La question ne se pose pas. A l’opposé de l’Assemblée Nationale, le sénat se veut une tribune de tous les acteurs, qu’ils soient politiques ou non, pour prendre des décisions sur les questions de développement et d’orientations politiques. Il n’est donc point nécessaire de faire une caricature pour montrer que le sénat est l’outil par excellence pour renforcer la démocratie et promouvoir le développement accéléré du pays. Malgré cette évidence, des voix se lèvent contre la création du sénat. Des critiques acerbes fusent toujours et même des manifestations sont annoncées. En démocratie, la liberté d’expression étant reconnu à chaque citoyen, le gouvernement n’est nullement contre une telle démarche pour peu qu’elle se passe dans la plus grande responsabilité et dans la préservation de la cohésion sociale. Cette position des autorités se comprend aisément à travers cette pensée de Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire ». En effet, l’Etat reconnaît à tout citoyen des droits dans ses relations avec les autres citoyens, avec l’Etat ou avec les pouvoirs publics. Mais, leurs exercices doit se faire dans le respect des biens publics et dans le civisme.
Si les droits humains ont connu des avancées relativement significatives, la décennie écoulée, la promotion et la culture du civisme restent un grand défi à relever pour le Burkina Faso. Ainsi, la situation, au plan national, se caractérise par un regain d’incivisme et une remise en cause d’acquis en matière de droits humains. La crise sociopolitique que le pays a connue en 2011, a mis à nu des comportements de nature à ébranler la stabilité de notre société et à hypothéquer ses efforts de développement. Sont de ceux-là, les destructions de biens publics et privés, la défiance de l’autorité de l’Etat, la justice privée, expéditive et punitive. Or, en l’absence de civisme, une société, même démocratique, ne peut prospérer. Du même coup, les efforts de développement consentis par les acteurs sociaux peuvent être compromis.
Le gouvernement veut réaffirmer son ferme engagement à travailler pour la stabilité et la paix du Burkina Faso. Il reste entendu que les efforts du gouvernement doivent être accompagnés des actions des autres acteurs, notamment de la société civile et de la classe politique. Le développement suppose, entre autres, un niveau de conscience collective et individuelle qui n’est ni inné ni donné, mais qui s’acquiert notamment, par l’éducation à la citoyenneté.
Enfin, le vivre ensemble commande des attitudes telles que la tolérance qui est le fait d’accepter autrui dans ses différences. C’est la capacité à admettre le point de vue des autres et à avoir de l’ouverture d’esprit. Dans le cadre d’une société démocratique, cette valeur est indispensable à l’édification de la paix sociale, gage de tout développement.
Ce sont là autant de valeurs indispensables à la construction d’une nation démocratique que le gouvernement entend promouvoir.