Le point de presse du gouvernement a eu lieu le jeudi 18 mars 2016, à Ouagadougou, sous l’égide du ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, Rémis Fulgance Dandjinou. La crise à Fada, le recrutement des jeunes pour le compte du MENA, la gratuité de certains soins…ont été au menu des échanges.
La crise consécutive à l’arrestation des Koglwéogo à Fada N’Gourma a été l’un des sujets-phares du 2e point de presse du gouvernement Paul Kaba Thiéba. Se prononçant sur cette crise qui secoue depuis plusieurs jours le chef-lieu de la région de l’Est, le ministre en charge de la communication, porte-parole du gouvernement, Rémis Fulgance Dandjinou, a réaffirmé que force doit rester à la loi. A l’entendre, autant les associations d’auto-défense sont nécessaires pour la lutte contre l’insécurité, autant elles doivent agir selon la loi. Faire payer des amendes aux présumés coupables de vols, appréhender des personnes… sont du ressort exclusif des autorités judiciaires et des forces de l’ordre, a précisé M. Dandjinou. Mais, il a indiqué que le gouvernement travaille à éviter un affrontement et des évènements indésirables pour tous. « Nous avons un pays à reconstruire et nous devons le faire tous ensemble. La sortie de crise est en vue », a-t-il dit. Il a ajouté que de concert avec les autorités, des démarches sont entreprises pour une sortie apaisée de crise avec le préalable que la loi définie par les textes doit être appliquée à tous les niveaux. « En termes de sécurisation, l’Etat a pris des mesures pour que les forces de défense soient présentes dans un esprit de construction de la nation », a déclaré le porte-parole du gouvernement. Le ministre Dandjinou s’est aussi prononcé sur le décret de nomination du Général Yacouba Isaac Zida au poste d’ambassadeur du Burkina Faso aux USA, pris le 22 décembre dernier et publié au Journal officiel du Faso, pour lui, de concert avec l’administration du secrétariat général du gouvernement, il fallait connaître les raisons de sa parution. « Il est normal qu’au niveau du secrétariat du gouvernement, l’on définisse les responsabilités et qu’on comprenne s’il s’agit d’un acte délibéré ou d’une erreur de fonctionnement pour le réparer afin qu’il ne se reproduise plus», a-t-il insisté. Pour ce qui concerne le décret portant abrogation de ladite nomination, il a signifié, qu’il paraît normal à partir du moment où le décret n’avait pas été publié, que le gouvernement prenne des dispositions pour l’annuler. «C’est juste le rétablissement d’une question administrative », a-t-il clarifié. La question de la gratuité de certains soins a été abordée au cours du point de presse. Le ministre de la Santé, Smaïla Ouédraogo, a éclairé la lanterne des journalistes sur les mesures prises par le gouvernement en Conseil des ministres du 2 mars dernier. Il a affirmé que les principaux bénéficiaires de cette décision gouvernementale sont les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes, les femmes victimes de fistule obstétricale, les femmes de plus de 25 ans en activité sexuelle. Pour la gratuité des soins chez l’enfant de moins de 5 ans, elle concerne les pathologies et les prestations en rapport avec la Prise en charge intégrée des maladies de l’enfant (PCIME). Il s’agit principalement du paludisme, des diarrhées, des infections respiratoires aigües, de la malnutrition aigüe et les affections néonatales. A cela s’ajoutent, les crises aigües de maladies chroniques, par exemple la crise d’asthme, la crise de drépanocytose et les principales urgences chirurgicales dont le traitement curatif est disponible dans les centres de santé. « Ne seront pas pris en compte, le traitement de fond des pathologies chroniques, les évacuations sanitaires hors du pays », a-t-il précisé.
Les femmes de 20 à 60 ans concernées
Pour la gratuité de l’accouchement et de la césarienne, cette mesure concerne les accouchements simples et compliqués, les Soins obstétricaux et néonatals d’urgence (SONU) pendant la grossesse, l’accouchement et jusqu’à 42 jours après l’accouchement, les césariennes et les laparotomies pour GEU et rupture utérine, les fistules obstétricales. Les soins prénatals pendant la grossesse( fer, acide folique, tests urinaires, prévention du paludisme), les soins curatifs essentiels disponibles dans les centres de santé contre les maladies survenant au cours de la grossesse (par exemple traitement des infections urinaires, de la pneumonie), sont également pris en charge. Le traitement de fonds de maladie chronique, les investigations pointues pour la recherche de malformation (analyse ADN) sont exempts de cette gratuité. Pour la gratuité du dépistage des cancers du col de l’utérus et du sein, il s’agira de la prévention et du traitement in situ des lésions précancéreuses du col de l’utérus, de l’auto-palpation des seins et de la palpation systématique des seins de toute patiente admise dans les centres de santé, ce après un consentement éclairé de la patiente. Et la tranche d’âge concernée est de 20 à 60 ans, chez toute femme en activité sexuelle. « Le dépistage du cancer du sein ne pourra se faire que dans un contexte où l’offre de service de traitement est disponible. Autrement dit, quand le résultat de l’examen est positif, cela nécessite une chimiothérapie, une chirurgie, une radiologie. Cette activité pourrait commencer en 2017 », a-t-il notifié. Quel est le coût estimatif de cette activité? A l’entendre, environ 24 milliards de F CFA seront injectés pour l’année 2016. Pour la phase-pilote, trois régions seront concernées. Il a cité le Sahel, le Centre et les Hauts-Bassins. Disposer d’un Centre hospitalier universitaire(CHU) avec la capacité de réaliser la chirurgie d’urgence chez l’enfant de moins de 5 ans, l’indice de pauvreté (25%), le taux de mortalité maternelle (50%), néonatale (25%) sont les critères qui ont prévalu au choix des régions. Mais à partir d’avril 2016, elle sera mise en œuvre dans les CSPS, CM et CMA. Quant aux CHU de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso, la mesure sera effective pour compter de mai 2016. Pourquoi toutes ces précautions ? D’abord, le ministre a indiqué que le gouvernement est dans une dynamique de changer un système de santé qui était construit sur le mécanisme de paiement direct des soins depuis l’initiative de Bamako qui date de plus de 30 ans. Ensuite, sur toute l’étendue du territoire national, plus de 1 600 centres de santé sont éligibles à ces mesures de gratuité. Enfin, la logistique d’intervention doit revoir beaucoup de procédures (textes, mise à jour des compétences des acteurs de mise en œuvre, le système de suivi et de contrôle…). Pour lui, il faut donc des actions qui s’inscrivent dans une dynamique d’inclusion progressive. « Toutes les formations sanitaires de ces régions vont appliquer les mesures de gratuité à partir de juillet 2016. Les formations sanitaires publiques de l’Etat et privées conventionnées sont concernées par ces mesures de gratuité. En fonction du niveau, ces formations sanitaires doivent offrir gratuitement aux cibles éligibles, les prestations éligibles », a souligné le ministre de la Santé. Comment se fera le contrôle dans les formations sanitaires ? La fonction de contrôle et de vérification sera assurée par des agents indépendants du système de Santé. Et le ministère de la Santé fera appel à des infirmiers, sages-femmes et gestionnaires des hôpitaux n’ayant pas encore été intégrés à la fonction publique. A l’en croire, ces agents vont bénéficier de formations sur les techniques de contrôle a priori. En vue de garantir la crédibilité et la fiabilité de la vérification, une contre-vérification sera effectuée selon une périodicité semestrielle ou annuelle par des contre-vérificateurs issus du niveau central.
Résoudre la question du chômage des jeunes
Ces derniers recevront des frais directs de contrôle (per diem, carburant) éligibles dans le budget prévisionnel de l’opérationnalisation des mesures de gratuité. Aussi, le renforcement de l’assise communautaire du système de santé se fera à travers le recrutement de 16 000 Agents de santé à base communautaire (ASBC), a fait savoir M. Ouédraogo. Ceux-ci œuvreront en collaboration avec les agents de santé à la résolution des problèmes de santé des populations. Ils percevront mensuellement une prime de 20 000 F CFA. Sur cette base, le montant total des primes pour les 5 ans est de 19 200 000 000 F CFA dont 16 320 000 000 F CFA financés par l’Etat. Pour cette première année, l’Etat déboursera 2 880 000 000 de F CFA et le Fonds mondial accompagnera avec une contribution de 960 000 000 de F CFA. Il a indiqué que pour une réalisation efficiente et participative des collectivités locales, une contribution de 5 000 F CFA par mois et par ASBC sera demandée aux communes. Mais à titre exceptionnel, a-t-il confié, l’Etat prendra en charge la contribution des communes pour l’année 2016. Il a clarifié que les prochaines années, les collectivités locales devraient inscrire le montant de 5 000 F CFA par mois et par ASBC dans leur budget communal. Toutefois, en cas d’extrêmes difficultés financières de certaines communes rurales, l’Etat pourrait leur venir en aide. « Un document de référence portant profil de l’ASBC a été élaboré et rendu disponible au niveau des différentes instances chargées du recrutement et de la gestion des ASBC », a ajouté M. Ouédraogo. A l’entendre, ce dernier décrit le paquet d’activités, les critères de choix des ASBC. Aussi a-t-il informé, des instructions ont été données aux gouverneurs de région et aux directeurs régionaux de la santé pour procéder au démarrage du processus de recrutement à partir du 2 avril 2016. « Le démarrage de ce processus est d’autant plus important qu’une récente cartographie a révélé que 12% des ASBC sont atteints par la limite d’âge (plus de 40 ans) et 17% seulement ont le niveau de la classe de CM2 », a soutenu le ministre de la Santé.
Pour sa part, le ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, Jean Martin Coulibaly, a confirmé qu’après une analyse des déficits en matière d’enseignants de l’éducation, il est ressorti que le post-primaire reste de loin le niveau qui connaît le plus de déficit tant pour l’enseignement général que l’enseignement et la formation technique et professionnelle. Ceci a orienté le recrutement d’enseignants contractuels en faveur de ce sous-cycle dans le cadre du programme «emplois-jeunes pour l’éducation nationale » conformément à l’engagement pris par le Premier ministre, lors de son discours de politique générale prononcé devant la représentation nationale le 5 février 2016 de réduire le chômage des jeunes détenteurs de diplôme supérieur au Baccalauréat. Ainsi, pour ledit programme, 4200 jeunes diplômés seront recrutés pour faire face au déficit de 6 399 enseignants . En 2017, il est prévu le recrutement de 3000 diplômés et 2000 pour 2018. A partir de 2019, la première promotion aurait accompli trois ans de service. « La plupart de ces derniers seront intégrés dans la fonction publique après un concours organisé à leur intention. L’administration procèdera à nouveau au recrutement de 4200 autres et le cycle reprendra. Avec cette procédure, ce sera au minimum 16 000 jeunes qui seront concernés au bout du quinquennat », a lancé M. Coulibaly.
Le GIGN sera présent à Ouagadougou
Il a insisté qu’en vue d’initier les candidats retenus à l’exercice du métier d’enseignant, une formation de six mois leur sera donnée à l’Ecole normale supérieure de Koudougou (ENSK) et à l’Institut des sciences(IDS) sur financement de l’Etat. Durant la période de formation, un pécule de 30 000 F CFA sera versé aux recrues. A l’issue de la formation, ils devront signer un contrat à durée déterminée de un an renouvelable à concurrence de 3 ans. Sur quels critères sera renouvelé le contrat ? Le ministre en charge de l’éducation a signifié que le renouvellement du contrat sera conditionné par les résultats de l’évaluation annuelle du contractuel. « Le contractuel a droit à une allocation forfaitaire mensuelle de 100 000 F CFA qui n’a pas le caractère d’un salaire ou d’une rémunération, mais pour lui permettre de se loger et d’être dans des conditions acceptables de travail. Cette somme n’est soumise à aucun impôt et prélèvement social », selon Jean Martin Coulibaly. Le coût du programme pour 2016 est de 2 823 160 000 F CFA. Plus de 16 000 jeunes vont bénéficier d’un coût de 46 742 640 000 F CFA après 5 ans de mise en œuvre. Le ministre en charge de la communication, Rémis Fulgance Dandjinou a, par ailleurs expliqué les modalités du déploiement du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) au Burkina Faso. Il a dit que dans la lutte contre le terrorisme, le pays a une collaboration avec la République française. A cet effet, les forces armées françaises viennent en soutien au « pays des Hommes intègres» et d’autres du sous-région ouest-africaine. Pour le déploiement du GIGN, il a répondu qu’il s’agit pour l’instant d’une troupe majeure.
« Ce sont des gendarmes spécialisés dans les enquêtes et le renseignement qui auront comme base Ouagadougou. C’est un nombre très réduit qui permettra à la sous-région de bénéficier de l’expertise de ces techniciens dans le cadre de la lutte contre le terrorisme », a-t-il conclu.
Abdel Aziz NABALOUM