Ouagadougou - La neuvième édition du Festival Ciné droit-libre a ouvert hier dimanche ses portes, avec le film « Président » du réalisateur camerounais Jean-Pierre Bekolo qui traite de la question des longs règnes et de l’alternance, notamment dans son pays.
« Le Président » de Jean-Pierre Bekolo, montre un président grabataire d’une république, qui un jour a quitté son palais pour une destination inconnue.
Son départ a laissé courir les rumeurs les plus folles au sein de toutes les couches sociales d’un pays qu’il a dirigé pendant quarante deux ans d’une main de fer.
Tout au long du périple du Président, le téléspectateur est frappé par les images de diplômés devenus chauffeurs de taxis motos, de prisonniers politiques cherchant dans leur cachot une lueur d’espoir, un traitement biaisé de l’information par les journalistes… bref par un pays qui est tombé en lambeaux au fil d’années de mal gouvernance.
La manière dont la succession du « vieux » s’est opérée a été passée sous silence pour montrer une dauphine du régime maintenant au pouvoir et qui appelle au rassemblement pour relever le pays.
Jean-Pierre Bekolo a affirmé qu’il a voulu à travers ce film, « réconcilier les africains avec leurs problèmes ». Revenant sur le cas spécifique du Cameroun, où le président Paul Biya (80ans) « règne » depuis 1982, le réalisateur a invité ses compatriotes à s’interroger sur son imminente succession.
« Tous les camerounais peuvent dire ce qu’ils veulent. Mais un vieux président qui est là depuis longtemps, tout le monde sait qu’il va partir un jour. Les gens vont au travail chaque jour et les enfants à l’école sans que personne n’ose évoquer la question sur la place publique », a-t-il dit.
Jean-Pierre Bekolo (48ans), est un auteur-réalisateur, producteur et monteur camerounais ayant à son actif, six films. Son film « Président » réalisé en 2013 a été censuré au Cameroun et par certains partenaires internationaux.
Ciné droit-libre 2013 a pour thème « Où va l’Afrique ». L’étape de Ouagadougou se déroule du 22 au 29 juin 2013.
Ciné droit-libre présente chaque année un certain nombre de films engagés le plus souvent censurés et anime des débats avec des leaders d’opinions de tous horizons.