A l’initiative du haut-commissaire de la province du Koulpelgo, Pagnon Emmanuel Bado, une mission conduite par le secrétaire général de la province, Rasmané Ouédraogo, s’est rendue dans la Zone pastorale de Kabonga (ZP-K), le vendredi 17 mai 2013. L’objectif de la visite était de constater l’occupation illégale de l’espace par des agriculteurs.
La situation à la Zone pastorale Kabonga (ZP-K), dans la province du Koulpelgo, constitue actuellement une inquiétude pour les autorités provinciales. En effet, la zone initialement destinée à l’élevage est en train de perdre progressivement sa vocation première. D’une superficie de 51 000 hectares (ha), la ZP-K est située à cheval entre le département de Pama (province de la Kompienga) et celui de Soudougui (province du Koulpelogo), à environ 50 km de la commune rurale de Soudougui. La transformation de la zone est l’œuvre de populations locales à des fins agricoles. Le secrétaire général de la province du Koulpelgo, Rasmané Ouédraogo, y a conduit récemment une mission. A cette occasion, il a été accompagné des services techniques des Ressources animales et halieutiques. Ont été également de la partie, le préfet du département de Soudougui, Kassoum Gouba, le 1er adjoint au maire de Soudougui, Poubéré Lébendaogo, Issaka Nabangou et des membres des organisations des éleveurs. La mission visait à constater l’occupation illégale et la défriche de la zone pastorale par des agriculteurs de la commune de Soudougui en particulier et de la province du Koulpelgo en général. Certains de ces habitants se sont déjà installés anarchiquement. D’autres ont l’ambition d’emboîter leurs pas. Pour les populations, la zone présente des terres fertiles propices à leurs activités agricoles.
Comme si les agriculteurs qui défrichent la zone au profit de leurs activités agricoles avaient été informés de l’arrivée de la mission, ils ont déserté leurs champs. Néanmoins, la mission a pu constater sur les lieux, des surfaces défrichées. Certains champs, dans la zone pastorale, sont à l’étape de défrichage. D’autres sont à l’étape des semis. C’est le cas de Moumouni Bagayan qui, à lui seul, exploite une superficie d’environ 40 ha.
Le secrétaire général de la province, Rasamané Ouédraogo, représentant le haut-commissaire, Pagnon Emmanuel Bado, a exprimé sa déception face à la gravité de la situation. « Nous sommes déçus de ce qui se constate au niveau de la zone pastorale de Kabonga. La leçon que nous nous pouvons tirer de cette occupation anarchique, c’est que l’administration se doit de prendre des mesures urgentes, si nous ne voulons pas voir cette zone pastorale disparaître », a-t-il martelé.
Sentiment partagé par Saïdou Bikienga de la Direction générale des espaces et des aménagements pastoraux (DGEAP). Selon lui, les mesures urgentes préconisées par de la DGEAP consiste à mener des patrouilles en impliquant les forces de l’ordre et les agents des Eaux et forêts. A l’entendre, lesdites patrouilles devraient se faire pendant le début de l’hivernage et des activités agricoles, en concertation avec les autorités provinciales, la direction régionale des Ressources animales et halieutiques et les autorités municipales. Cela pour empêcher les agriculteurs de vouloir s’installer dans la zone. on parvient à les dissuader et à les empêcher de réaliser leurs activités agricoles, c’est certain que pendant le reste de l’année, on pourra poursuivre les actions en vue de récupérer la zone pastorale, a soutenu M. Bikienga.
De l’avis des éleveurs chassés par les agriculteurs, la situation zoosanitaire est alarmante. Des études ont montré que les taux de mortalité est de 10% chez les bovins et 30% chez les petits ruminants. Selon les spécialistes, les principales maladies qui sévissent sont entre autres, le charbon symptomatique, les trypanosomiases animales, la babésiose, la cowdriose, les pasteurelloses, la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) et les parasitoses diverses.
Manque de financement
La pratique de l’élevage dans la zone à vocation pastorale de Kabonga reste traditionnelle. Elle est du type extensif transhumant. Selon l’enquête du Programme d’appui aux aménagements pastoraux (PAAP), 49% des chefs des ménages (hommes) sont propriétaires de leurs troupeaux et 6% pratiquent l’élevage par confiage. Au niveau du genre, seulement 1,5% des bovins, 3,3% des ovins, 12,6% des caprins et 12,8% des asines appartiennent aux femmes. La même enquête indique que 95,2% des chefs de ménages ont bénéficié de l’encadrement technique.
La zone pastorale de Kabonga reçoit des animaux transhumants des autres départements de la province du Koulpelgo, des régions de l’Est et du Nord, et même du Niger voisin. La période d’arrivée des transhumants dans la zone est le mois de novembre et celle de retour au mois de juillet. , a rapporté le chef de la zone d’appui technique en élevage (ZATE) de la commune de Soudougui.
L’occupation et l’exploitation des terres du périmètre de la zone pastorale de Kabonga sont soumises aux respects des clauses d’un cahier des charges spécifique. Elle est une zone de pâture intervillageoise affectée prioritairement à la pâture des animaux des éleveurs qui y habitent et est ouverte aux animaux des éleveurs des villages environnants. La zone comprend deux sous-zones que sont : la sous-zone d’habitation affectée à l’installation des éleveurs et la réalisation d’activités connexes, et la sous-zone de pâturage affectée à la pâture des animaux. La zone à vocation pastorale de Kabonga a été longtemps connue sous le nom de zone syilvopastorale de Kompienga. Le manque de financement pour la mise en œuvre de la zone pastorale et les interventions isolées de différents intervenants ont conduit à la diminution de sa superficie. En effet, la superficie initiale était de 281 900 ha où vivait une population de 22 500 habitants. Les habitants sont répartis sur les deux rives (Est et Ouest) du principal cours d’eau de la région, à savoir le Koulpelgo, soit par l’occupation anarchique des migrants agricoles, où par des réalisations administratives juxtaposées (centre de promotion rurale vers le PK 58), et la création de nouveaux villages, camp militaire au PK 52. Les difficultés liées aux aménagements de la zone pastorale de Kabonga et qui constituent le point sensible des interventions sont relatives au foncier rural. Des négociations préalables avec les chefs coutumiers ont permis la détermination des différentes limites de la zone, des pistes d’accès, des zones de pâture et des campements existants. Avec la visite des autorités provinciales dans la zone, l’on espère qu’une solution sera trouvée pour que la zone conserve sa vocation initiale.