Il y avait plus de pleurs que de rires à la proclamation des résultats du BEPC, mercredi dernier. En tout cas, les jurys de Ouagadougou ont délivré des résultats jugés globalement insatisfaisants. On cite même le cas d’un lycée de la capitale où aucun admis n’a été enregistré. En attendant les résultats du second tour pour se faire une idée définitive de la cuvée 2013 du BEPC, force est de reconnaître que la situation est inquiétante. Les résultats du BEPC, 2013 confirment la baisse tendancielle du niveau des élèves au Burkina. Et si rien n’est fait pour endiguer le mal, le pays court à terme vers une catastrophe scolaire dont les répercussions peuvent rejaillir sur toute la société. L’échec scolaire, c’est connu, engendre des difficultés supplémentaires pour les parents et aussi pour la société. Avec un système éducatif inadapté à la vie professionnelle, un enfant rejeté du système scolaire au niveau de la classe de 3e ne sait que faire de ses dix doigts. Sans un bon encadrement des parents, il peut devenir un fardeau, voire un danger pour la société. Voilà le risque que court le Burkina, en laissant ainsi à la dérive son système éducatif. Mais à qui la faute ? Eternelle question à laquelle il faudra bien trouver une réponse. Car cette introspection nationale, les Burkinabè n’ont pas encore eu le courage de la faire afin de situer clairement les responsabilités de chaque acteur de la chaîne éducative. Pourtant, il est plus que temps d’agir. Il ne faut pas attendre de toucher le fond, comme ce fut le cas avec l’enseignement supérieur, pour se réveiller. Les moyens à y déployer n’en seront que plus immenses.
Les parents et les établissements scolaires sont des maillons essentiels du système éducatif. Ils portent donc eux aussi une responsabilité dans la grave déchéance que connaît ce système. Mais l’Etat, garant de la Constitution qui stipule que tout Burkinabè a droit à l’éducation, est le plus interpellé. C’est lui qui édicte, impulse et surveille la politique nationale en matière d’éducation. Reste à savoir si l’Etat accomplit au mieux cette mission régalienne. Au regard de la baisse constante de la qualité de l’enseignement et du niveau des élèves, il est permis d’en douter.Rien que la problématique des classes surchargées devrait suffire à mettre l’Etat au pilori. Aucun enseignement de qualité ne peut être dispensé dans des classes bondées. C’est malheureusement le spectacle qu’offrent les établissements secondaires publics, même pour les classes d’examen. Le privé connait également le même problème. Il est donc clair que l’offre, en matière d’infrastructures éducatives, est très insuffisante. L’éducation étant un devoir régalien de l’Etat, c’est à lui que revient en premier lieu la charge d’offrir la possibilité aux élèves burkinabè de s’éduquer dans de bonnes conditions. Il ne peut nullement se défausser sur le privé pour cela. Le secteur privé ne doit venir qu’en appoint des actions de l’Etat. Or, de plus en plus, c’est le contraire qui est vrai. Dans bien des quartiers de Ouagadougou, impossible de trouver un lycée ou un collège public. Par contre, les établissements privés poussent comme des champignons, avec ce que cela comporte comme risques d’éducation au rabais. L’Etat semble en effet débordé par la poussée de l’enseignement privé et se trouve dans l’incapacité d’exercer un contrôle strict sur leurs activités. Pourtant, il faudra mettre de l’ordre dans le secteur, en séparant le bon grain de l’ivraie.
En tant que cause nationale, le sauvetage de notre enseignement secondaire requiert une mobilisation générale et nationale. Bien qu’il en soit le maître d’œuvre principal, il est évident que l’Etat seul ne peut mener à bien cette œuvre gigantesque mais salvatrice. Tous, parents, éducateurs et pouvoirs publics, doivent se donner la main pour rehausser le niveau des élèves. Il faut donc espérer que le BEPC et ses mauvais résultats provisoires servent de déclic à un sursaut national. Car cette descente aux enfers ne peut plus continuer. Il en va du devenir même de la nation. C’est l’impasse assurée, avec une jeunesse qui sacrifie les études aux télénovelas, aux fêtes, et autres réseaux sociaux (Facebook et les sites de rencontre en particulier) .