Le dossier syrien est définitivement clos entre les mains du médiateur de l’ONU, M. Kofi Annan, après cinq (5) mois d’intenses tractations. Ainsi donc, depuis le 03 août 2012, ce dossier est revenu à la case départ : « J’ai fait de mon mieux. Je regrette le manque de soutien du Conseil de sécurité pour faire bouger les choses dans le bon sens », s’est-il exclamé. Cela dit, l’opinion internationale prend acte clairement de l’échec du médiateur Kofi Annan, plongeant ainsi la Syrie dans une escalade de violences sans précédent ces derniers jours. Jusqu’où ira le régime de Bachar Al-Assad ?
La crise syrienne est complexe. Non seulement elle est interne mais elle est davantage compliquée par les ingérences des cinq membres du Conseil de sécurité qui ne partagent pas la même vision dans la résolution de la crise.
La Chine et la Russie qui ont toujours opposé leur droit de veto au Conseil de sécurité ont manifestement une caution voilée pour le régime de Bachar Al-Assad. Mais n’oublions pas que l’intensification de la guérilla urbaine avec le soutien des Occidentaux constituait de même une entrave à la résolution pacifique de la crise.
Conséquence, le peuple syrien subit un déluge de feu et de sang incommensurable. Du coup, la médiation de l’ONU est un échec cuisant. Le médiateur Kofi Annan avait pourtant deux objectifs à l’entame de sa mission : établir un cessez-le-feu en Syrie et entamer un dialogue entre le gouvernement et l’opposition syrienne.
Cela n’a pas été possible. C’était une mission « impossible », terme repris par Kofi Annan lui-même. Non seulement, il a dû faire face à un Conseil de sécurité divisé, mais encore les acteurs au conflit eux-mêmes, le gouvernement et l’opposition syriennes, ne veulent pas d’un dialogue politique. C’est vrai que les observateurs de l’ONU qui ont été déployés en Syrie ont, sans doute, permis d’avoir des informations plus fiables.
Cependant, leur mission va sans aucun doute se terminer également dans quelques semaines et l’ONU va probablement se cantonner désormais à un rôle humanitaire plutôt que politique en Syrie. Ce qui explique que malgré le statu quo observé sur la crise, l’Assemblée générale de l’ONU a persévéré dans la recherche vaille que vaille de solution en Syrie.
La dernière résolution de l’Assemblée générale concernant les menaces de sanctions, la transition politique et même une référence aux armes chimiques et un avertissement quant à leur utilisation par le régime syrien était une résolution non contraignante, si bien qu’elle était passée à une très large majorité, avec 137 voix.
Mais cette fois, le score pourrait être plus serré parce que l’activisme de l’Arabie Saoudite, du Qatar et des Occidentaux sur le dossier syrien irrite beaucoup de pays qui pourraient préférer s’abstenir plutôt que de voter en faveur de cette résolution. Pendant ce temps, la violence règne en Syrie avec son cortège de désastres.
Le retrait des Casques bleus annoncé
Le président du Conseil de sécurité pour le mois d’août et représentant permanent de la France auprès des Nations unies, M. Gérard Araud, a fait part de sa quasi-certitude que le mandat de la mission de supervision des Nations unies en Syrie (MISNUS), qui expire le 19 août, ne serait pas renouvelé. « Honnêtement, je pense qu’il n’y aura pas d’accord et que la mission disparaîtra le 19 août », a-t-il affirmé.
Et d’ajouter : « Je ne vois pas de scénario, à moins d’un changement de situation sur le terrain, qui permettrait le maintien de la mission ». Indiquant ne pas avoir, encore reçu d’instruction officielle à ce sujet, il a expliqué que la MISNUS ne pouvait pas s’acquitter de son mandat. Il a, en outre, soulevé le problème de la sécurité de ses membres, soulignant qu’ils opéraient, ce qui est rare pour une force des Nations unies, en zone de guerre.
Adoptée le 20 juillet dernier, la résolution 2059 prorogeait le mandat de la MISNUS pour une période finale de 30 jours, jusqu’au 19 août. « Des consultations sont prévues le 16 août », a précisé le président Araud, qui a prévenu des risques d’affrontements entre ceux qui pensent que la mission doit cesser et ceux qui souhaitent proroger le mandant.
« Il faudra, à cet égard, mettre aux voix le texte d’une nouvelle résolution », a-t-il rappelé. « Face à des divisions très profondes et irréconciliables en termes politiques, qui confirment le « blocages » du Conseil de sécurité sur la situation en Syrie, la France, a-t-il annoncé, a l’intention d’orienter le débat sur les questions humanitaires.
Après un triple veto sino-russe, le Conseil de sécurité est définitivement impuissant sur ce sujet, mais nous voudrions au moins prouver qu’il peut réagir dans le domaine humanitaire », a plaidé Gérard Araud.