On l’attendait depuis plusieurs jours. Elle est enfin là. Hier mardi 18 juin 2013 dans la soirée, la fumée blanche s’est élevée au-dessus de Kosyam, annonçant ainsi la signature d’un accord entre le pouvoir malien et la rébellion touareg.
Quelle si longue attente ! Déjouant ainsi les pronostics optimistes qui annonçaient l’imminence d’un modus vivendi dès l’entame, le 6 juin dernier à Ouagadougou, des pourparlers intermaliens. Les choses n’auront donc pas été aussi simples comme on le croyait, obligeant le médiateur, Blaise Compaoré, à remettre plusieurs fois le métier à l’ouvrage.
Quelque deux semaines auront été nécessaires pour que Kidal se rapproche de Bamako. Suivant une feuille de route dont la dénomination est aussi longue que la distance qui sépare les deux villes. « Accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali ». Ainsi a été baptisé cette alliance obtenue au prix d’un ballet incessant d’avions entre Bamako et Ouagadougou et surtout de compromis de part et d’autre. Car le propre d’un accord, c’est de ne satisfaire totalement aucun camp.
Si on est enfin arrivé à là, c’est que le texte garantit les « intérêts du Mali », comme l’exigeait la partie gouvernementale.
En effet, celle-ci avait fait du calendrier du cantonnement et du désarmement des combattants touaregs, des poursuites judiciaires engagées contre les chefs rebelles et du rejet du terme « Azawad », des points non-négociables.
Mais si sur le papier tout semble aplani, il n’en demeure pas moins que le plus difficile reste à venir. Car il en va de ce traité comme de tout accord : c’est dans sa mise en œuvre effective que l’on saura si les jointures tiendront face aux éventuelles épreuves du terrain.
Le diable étant dans les détails, il faudra donc attendre la mise musique du processus du retour de l’armée et de l’administration à Kidal pour affirmer que la paix est définitivement entrée dans les têtes et surtout dans les cœurs.
Car avec le temps mis pour plier l’affaire, deux hypothèses possibles permettent de préjuger de l’avenir de ce traité : l’une optimiste et l’autre pessimiste.
Dans le premier cas, on peut penser que si le temps de travail de l’accouchement de cet accord a été long, c’est que l’obstétricien Blaise Compaoré voulait d’un bébé vivant et surtout viable pour ses hôtes.
Dans le second cas, il n’est pas superflu de croire que si la réconciliation a été difficile sur papier, c’est que sa concrétisation le sera davantage.
En tous les cas, les deux parties regagnent leur pays avec un bébé librement conçu. Reste maintenant que devenues partenaires dans le délicat entretien du nourrisson, l’une ne cherche pas à faire un bébé dans le dos de l’autre.