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CDP : La députée Saran sérémé démissionne
Publié le mercredi 26 septembre 2012   |  L’Observateur


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La député Saran Séré Sérémé


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Les listes des candidatures des différents partis aux législatives de décembre sont déjà déposées. Leur composition fait des vagues dans certaines formations politiques. C'est le cas au CPD (Congrès pour la démocratie et le progrès) que la députée Saran Sérémé/Séré a décidé dequitter. Nous avons reçu copie de sa lettre de démission.


Camarade Secrétaire exécutif national,

Je viens, par la présente, vous informer de certaines décisions relatives à ma vie politique, suite à certains événements. Dans la nuit du 22 septembre 2012 aux environs de 21h 45mn, j’ai été reçue par vos représentants à savoir les camarades Nabaho Kanidoua et Pascaline Tamini, respectivement 1er et 3e Secrétaire exécutif national adjoint, aux fins de recevoir votre décision relative à la constitution de la liste de candidature du CDP/ Sourou aux élections législatives de décembre 2012.

Après avoir rappelé la situation déplorable qu’a traversée la ville de Tougan, vos mandataires m’ont notifié votre décision finale quant à la composition de la liste de candidature du Sourou : monsieur Mathias Zerbo conduira la liste des candidats du CDP du Sourou comme premier titulaire et ma personne Saran Séré Sérémé comme deuxième titulaire. Ce choix, selon eux, est surtout dicté par le fait que je suis à un deuxième mandat et me prépare pour un troisième.

Après m’avoir fait relever « l’honneur que je dois éprouver d’être reçue par une délégation d’un aussi haut niveau marquant une considération pour ma personne » (1er et 2e SEN adjoint), ils ont requis mon avis, ce que j’ai effectué en répondant que « je prends acte ».

Malgré leur insistance pour que je sois plus explicite, ma réponse est restée invariable. Cependant, il me plaît de vous relater certaines situations incongrues : Primo, suite à ma réponse invariable « je prends acte », le camarade Nabaho m’a posé la question suivante in extenso : « donne-nous une réponse car nous voulons savoir si nous continuons ensemble ou pas ! » Ceci signifie-t-il que lorsqu’un militant n’est pas sur une liste, il ne continue plus avec son parti ?

Secundo, la question de mon deuxième mandat qui aurait milité en faveur de ma relégation en seconde position me laisse perplexe. En effet, la plupart des membres du SEN qui dirigent des listes provinciales courent vers un troisième, quatrième ou cinquième mandat consécutif. Au demeurant, le camarade Nabaho lui-même court vers un 5e mandat, les camarades…

Par ailleurs, je note que dans les cas de figure où un membre du SEN a compéti à la candidature dans une province, quelles que soient ses performances réalisées (qui ne lient pas la direction du parti) auprès du collège d’appréciation, il est systématiquement remonté pour diriger la liste provinciale ou déporté en bonne position sur la liste nationale.

En tout état de cause, je me retrouve dans une logique à géométrie variable car, le Sourou constitue une exception remarquable. Si ma personne pose un problème, je ne continuerais pas à exposer mes populations. Tertio, il ne m’est point besoin de vous rappeler les incongruités qui ont prévalu lors de la crise politique à Tougan.

Une prime à l’indiscipline

C’est un truisme que de relever que cette crise a été planifiée, orchestrée, mise en œuvre et soutenue par un groupe de « camarades » mécontents de leur positionnement ou du positionnement de leurs proches par le collège d’appréciation qui m’a placée largement en tête en terme de nombre de voix. Il est tout à fait insolite, déplorable et inconcevable que malgré les faits avérés, ces « camarades » ne reçoivent ni avertissement ni blâme et mieux, s’en tirent avec une gratification exceptionnelle.

Cette prime à l’indiscipline et à l’impunité ne lèse pas ma seule personne ni les seules femmes et militants sincères du Sourou, mais porte préjudice à l’ensemble du Parti dans ses fondamentaux. Est-il encore besoin de vous rappeler vos propres exhortations au calme, à la retenue des militants qui ne devraient céder à la provocation de tous ordres dans une situation des plus périlleuses, marquée par l’usage d’armes blanches et d’objets contondants ?

Comment comprendre que des assaillants, qui affirment dans les journaux n’être pas du CDP, véritablement instrumentalisés par des cadres du parti, puissent et doivent décider de la méthodologie et du choix du candidat CDP ? Du reste, ils ont toujours affirmé avoir des soutiens « de haut niveau » et n’encourir aucun danger. Effectivement, ils ont été tous relâchés et leur chef de file reçoit l’onction suprême au détriment de nos militants modérés et conciliateurs.

I./ En tout état de cause, il m’est apparu inconcevable de m’aligner derrière l’un des principaux instigateurs de ces forfaits d’où la raison de mon désistement comme deuxième candidat titulaire sur la liste du CDP/Sourou : Par compassion et solidarité vis-à-vis de ces femmes et militants violentés, bafoués, humiliés et déshonorés ; Par révulsion contre les actes ignobles d’incendie criminel contre mon domicile familial et d’actes anti-militantisme. Je ne cherche pas à être Député pour mon intérêt personnel, mais pour servir l’intérêt commun. Chacun sait comment l’autre est venu en politique.

II./ Mon adhésion au CDP a été franche et entière, sans calcul aucun mais par conviction aux valeurs et idéaux qui y sont prônés, souhaitant juste apporter ma contribution à la gestion de l’édifice collectif. Ceci ne s’est pas certes opéré sans embûches et mon parcours a été jalonné de multiples épreuves qui m’ont davantage aguerrie et forgée ; c’est de bonne guerre et c’est cela aussi la politique. Tout se conquiert en politique, rien ne s’octroie.

« Quitter un parti ne signifie pas abandonner la lutte »

En effet, mon positionnement en 2002 comme cinquième sur la liste régionale n’était pas un cadeau mais je suis arrivée à l’hémicycle en faisant le plein des voix au Sourou par la Grâce. En 2007, j’étais classée 2e/2 dans le Sourou mais nous avions fait également le plein des voix.

En 2012, même 2e par la Grâce divine, j’allais encore réussir la performance. Hélas, les dérives actuelles de certains camarades du parti qui ont mis à feu et à sang Tougan pour assouvir leur ambition et sans réaction conséquente de la direction du parti, sont aux antipodes de ma vision de la politique. La perte des valeurs de noblesse et de sacerdoce ne me permet plus de poursuivre avec détermination et efficacité mon engagement au sein du CDP.

Ce parti est le premier parti politique auquel j’ai adhéré après les mouvements estudiantins dans lesquels j’ai fait mes armes depuis la Révolution. C’est donc par conviction que j’y suis entrée et c’est par conviction que j’en ressors espérant un changement de comportement et de mentalité pour l’intérêt du Burkina Faso et l’atteinte de l’émergence prônée par les plus hautes autorités du pays et que chaque digne fils du Burkina recherche.

Aussi en guise de réponse à la question incongrue posée par votre représentant le camarade Nabaho, qui était médecin à Tougan quand j’étais en classe de 6e au CEG de Tougan, a savoir « si on continue toujours ensemble ou pas », ma réponse est Non ! Je suis donc au regret de vous annoncer mon retrait du Secrétariat exécutif national du Congrès pour la démocratie et le progrès ainsi que du parti, le CDP, bien évidemment avec ses conséquences sur ma représentation à l’Assemblée nationale comme le stipulent nos lois en vigueur.

En ce moment douloureux, j’ai une pensée pour les femmes en général, celles qui occupent des postes de responsabilité et particulièrement pour celles en politique car, le combat est dur et âpre, mais il doit continuer et se mener par plusieurs voies sans être des affrontements. Quitter un parti, ce n’est pas abdiquer ni abandonner la lutte. Veuillez croire camarade Secrétaire exécutif national du CDP, en l’assurance de ma considération distinguée. Dieu bénisse le Burkina Faso !

Saran Séré/Sérémé

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