Cela fait la deuxième fois que j’évoque l’affaire des taxis à gaz au Burkina Faso. Pour tout vous dire, ça m’énerve de revenir plusieurs fois sur le même sujet mais là, je vais jouer à la Horace avec son style de « bis repetita placent ». Cet aphorisme créé par Horace en 365 consistait, lors de la narration des histoires liées aux mythes, à répéter plusieurs fois certains détails. Cela plaisait aux gens. La seule différence entre Horace et moi, c’est que ma répétition n’est pas faite pour plaire forcément aux gens. Je dis ma vérité et peu importe que cela plaise ou déplaise. Allons droit au sujet. Depuis des années, les taximen « voyant dans l’eau »1 et pressés de se remplir les poches, ont remplacé le carburant par le gaz butane pour faire fonctionner leurs véhicules. Pourquoi ? Parce que le gaz, disent-ils, est plus rentable que le carburant.
Pourtant, le problème du gaz est à plusieurs niveaux. Car, un taxi en circulation, alimenté par du gaz butane, constitue un danger public. L’éventualité que le véhicule explose n’est pas à minimiser. Donc, pour des raisons sécuritaires, les conducteurs de taxis devraient renoncer à l’utilisation du gaz butane sans attendre l’interpellation de qui que ce soit. Le second niveau du problème, c’est que l’Etat a pris des mesures pour interdire l’utilisation du gaz butane par les taxis. Pour des gens qui sont censés respecter les lois de leur pays, le premier des réflexes était de se plier aux décisions prises par l’autorité. Mais comme dans ce pays, tout le monde prend du plaisir à défier les lois de la République et l’autorité de l’Etat, bien de nos chers taximen de Bobo-Dioulasso et de Ouagadougou sont restés insensibles à toutes les injonctions.
Simon a compris les préoccupations des taximen
Simon Compaoré, ancien maire de la commune de Ouagadougou, devenu le premier flic du Pays des Hommes intègres, veut faire entendre raison aux taximen mais c’est sans compter avec la témérité de certains d’entre eux. En fait, mon cher Simon leur a donné un mois, c’est-à-dire jusqu’en fin mars, pour se conformer à la règlementation en vigueur en cessant toute utilisation du gaz pour alimenter leur taxi. Pour seule réponse, les taximen expliquent que si le ministre de la Sécurité intérieure veut les contraindre à respecter la loi de la République, ils vont bander les muscles. Allez-y comprendre une telle défiance. Même fou, je n’arrive pas à comprendre le comportement de certains conducteurs des véhicules à la couleur verte. Non seulement, ils sont des hors-la-loi, mais aussi ils revendiquent des droits en se basant sur l’incivisme. En effet, les taximen demandent à l’Etat de faire baisser le prix du carburant avant qu’ils ne se débarrassent de leurs bouteilles de gaz. Plutôt que d’utiliser immédiatement la manière forte, Simon Compaoré a préféré un « dialogue direct » avec les taximen.
A la fin, les taximen ont demandé un délai supplémentaire pour s’organiser en vue de respecter la mesure. Et ce délai, ils l’ont obtenu parce que Simon a compris leurs préoccupations. Et c’est tant mieux. Pourvu qu’à l’issue de cette date, certains ne jouent pas les prolongations.