Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Femmes sans domicile fixe à Ouagadougou : elles vivent et procréent dans la rue
Publié le jeudi 10 mars 2016  |  Sidwaya




Un phénomène rare et inquiétant est apparu à Ouagadougou : des femmes ont pour toit, la nuit tombée, certains espaces publics. En «famille» ou en solitaire, elles squattent certains espaces publics comme le parking extérieur du Gouvernorat du Centre. Au « pays des Hommes intègres », on a plutôt coutume de voir des déficients mentaux et des enfants défavorisés passer leur nuit dans les caniveaux, sous les ponts, près des feux tricolores, aux alentours de certaines gares routières, etc. Mais c’est assez singulier que des femmes, jouissant de toutes leurs facultés mentales, dorment en plein air, à la merci des intempéries, des agresseurs sexuels et des voleurs. Comment ces femmes en sont arrivées-là dans un pays d’hospitalité légendaire ? Durant deux semaines, entre 19 heures et 6 heures du matin, nous les avons suivies.

Rue du Travail, en plein-cœur de Ouagadougou. Il est 19 heures, ce 9 février 2016. Dans la pénombre, nous faisons le pied de grue sous un caïlcedrat, juste à l’entrée de la porte du Gouvernorat de la région du Centre. Les derniers employés du bâtiment quittent les lieux et se dirigent à l’extérieur vers le parking Wend-Kuni (Dieu a donné en langue nationale mooré) pour chercher leur monture. Les minutes et heures qui suivent, d’autres personnes investiront le même espace. Pas pour garer des engins, mais pour dormir sous le hangar du parking. Ce sont des femmes sans-abri et elles y sont, il y a plus de deux ans. La première d’entre elles arrive dans son «appartement» à 20 heures 8 minutes. C’est le début de notre incursion dans l’intimité de ces femmes Sans domicile fixe (SDF) de Ouagadougou. Elle s’appelle Koidima Larba, quarantenaire. Elle est vêtue d’un pagne traditionnel coloré, d’un haut noir et d’un foulard «luilipéendé», enroulé sur la tête. Elle porte au dos son nourrisson de 20 mois et dans ses bras un seau d’eau, des habits et des jouets pour enfant. Koidima Larba a-t-elle été répudiée par son époux ? Est-elle bannie de son clan ou de son village ? Pourquoi n’a-t-elle pas de tuteur ou de famille d’accueil dans la capitale ? Des questions qui trottent dans notre tête. Pour avoir le cœur net, nous allons à sa rencontre. Originaire du secteur n°8 de Fada N’Gourma (chef-lieu de la région de l’Est), Koidima a fêté son 44e anniversaire en décembre 2015. Elle est lucide dans les échanges, contrairement à ce que son histoire pouvait laisser penser. «Je suis poursuivie par des démons depuis mon jeune âge», nous apprend-elle. Cet état l’a contrainte à abandonner ses études en classe de 4e au Centre de formation professionnelle de Fada N’Gourma. Sans époux, Larba Koidima vit en célibataire, quelquefois en concubinage. Elle a connu trois fois la maternité d’où elle est ressortie avec quatre filles dont des jumelles (une décédée). La dernière-née se nomme Samira Guingané, 20 mois et vit avec elle au parking du gouvernorat. Sa fille aînée a eu plus de chance. «Ma première fille fait des études en première année à l’université présentement », dit-elle avant de poursuivre : «La 2e, qui a perdu sa sœur jumelle, a dix ans cette année ; et la dernière que vous voyez (elle l’a désigne) aura deux ans en juillet prochain. Elles sont toutes de pères différents», confie Koidima. C’est en octobre 2014 qu’elle a rejoint le groupe de femmes qui squattait déjà le parking du gouvernorat. Très ouverte, elle raconte sa vie avec un air pensif et triste, cependant. «Après ma deuxième maternité, j’ai constaté que les mères de jumeaux mendient avec leurs enfants dans la rue. J’ai voulu faire comme elles. Quand mes jumelles avaient six mois, nous avons été victimes d’un accident et malheureusement, l’une d’elle est morte sur-le-champ ». Après cet évènement douloureux, elle a été répudiée par son homme. Non content de l’avoir mise dehors, son «mari» lui retire le bébé survivant. Elle regagne alors son Fada natal. Mais elle se heurte à des difficultés économiques et relationnelles. Elle devient le sujet des causeries des personnes avec qui elle a grandi. «Au village, il était très difficile pour moi d’avoir 100F CFA », se souvient la SDF. Abandonnée à son triste sort, elle n’avait qu’une idée dans la tête : « Se chercher ». C’est ainsi qu’elle atterrit, de nouveau, à Ouagadougou, sans savoir où poser son baluchon.
Dans la capitale, elle est très vite rattrapée par les réalités des grandes villes. C’est «chacun pour soi et Dieu pour tous». Elle se lance alors dans la mendicité. Son initiatrice est une vieille femme, qu’elle rencontre à la gare routière de Pô, à proximité du cimetière municipal où elle a passé sa première nuit à la belle étoile à Ouagadougou. «Nous nous sommes rendues aux feus tricolores de la BCEAO. Je l’ai observée toute la journée. A la descente, elle a obtenu plus de 1500 F CFA». Et c’est depuis ce jour que dame Larba Koidima a pris goût à la mendicité. Un «métier» qui l’aide à survivre.

« J’ai connu le père de mon dernier enfant aux feus tricolores de la BCEAO »

Après un mois d’activités, elle se retrouve avec plus de 35 000 F CFA. Plus le temps passe, plus le goût de la mendicité s’installe. Elle décide, avec sa « collègue » d’ériger leur «bureau» devant la BCEAO. C’est dans ce lieu que Koidima a fait la connaissance du père de son dernier enfant, M. Guingané qui, selon elle, est actuellement vigile à Zabre-daaga. Les deux n’ont vécu que deux mois ensemble. Puis la voilà enceinte pour la troisième fois. Sans réel soutien de son amant et tenaillée par la faim, elle décide de retourner au village d’où elle reviendra à Ouagadougou. Larba Koidima n’est pas la seule femme à passer la nuit dans le parking du gouvernorat. Venues d’horizons divers, elles sont plus de dix à s’y abriter, chacune ayant son histoire propre, même si elles partagent en commun la pauvreté. A proximité de la couchette de Koidima, deux cartons sont superposés sous une moustiquaire. C’est le lit de Salamata Sondo. Originaire de Kougri-Nagbagrin, petit village situé à l’entrée de Kombissiri (au sud de Ouagadougou), Mme Sondo est mariée et mère de sept enfants. Avec un éléphantiasis à la jambe gauche, la sexagénaire se déplace avec peine. L’air perdu, elle raconte. «Je suis arrivée ici il y a presqu’un an parce que je n’arrivais plus à survivre dans mon village. Mon mari est très vieux actuellement et ne peut plus cultiver. Aucun de mes enfants ne travaille. Ils sont allés à l’aventure et je n’ai plus de leurs nouvelles. Il y a trois ans de cela, des voleurs sont partis avec notre bétail et nous nous sommes retrouvés sans rien. Vu mon état aussi, je ne peux plus travailler, et nous nous vivions au jour le jour». Désormais installée au gouvernorat, elle vit de la mendicité. Quand elle réunit un peu d’argent, elle achète des vivres et rejoint le bercail pour aider son mari et ses petits-fils. A l’extrême gauche du site, se trouve la demeure de Bibata Kaboré, la seule femme handicapée motrice du groupe. La trentaine, elle vient de Koudougou et a trois enfants. Elle a perdu sa motricité, dit-elle, après la naissance de son troisième bébé en 2009. Abandonnée par son époux, elle s’est retrouvée en famille. Vu son état, elle était la risée de tout le monde. Elle décide de rejoindre la capitale dans l’espoir de rencontrer des bonnes volontés.

Evelyne, engrossée par un vigile

Evelyne Kaboré est l’une des plus jeunes du groupe. Elle a 28 ans. Le sourire aux lèvres à chacune de nos questions, elle nous informe qu’en quittant son Zagtouli natal pour le centre-ville, son ambition était de trouver du travail afin de venir en aide à sa maman, à ses frères et sœurs restés au village. Son rêve se transforme très vite en cauchemar lorsque son chemin croise celui d’un vigile travaillant aux alentours du gouvernorat. La main droite sur son ventre proéminent, elle nous confirme ce que nous voyons déjà. Elle porte une grossesse presqu’à terme de ce gardien (elle a accouché d’une fille une semaine après notre passage et est retournée au parking avec son bébé). Elle vend ses services de lessiveuse au bord d’un puits à la Zone d’activités commerciales et administratives (ZACA). Rejointe au puits après son accouchement, elle nous affirme que le père de son enfant s’est «évaporé» dans la nature. Sa fille ne porte toujours pas de nom encore moins ne possède d’acte de naissance. Comment comptez-vous élever votre bébé ? Lui avons-nous demandé. Sa réponse est surprenante : «Je suis à la recherche de son père, et une fois retrouvé, je vais juste lui remettre l’enfant de gré ou de force». Elle ne tient pas à ce que sa fille vive comme elle dans la rue. Entre-temps, avant 23 heures, arrive sur les lieux une jeune femme portant un nourrisson au dos, accompagnée de ses deux autres filles. Elle clôt le bal du jour et laisse la place au sommeil. Alors que les unes dorment, les autres cherchent de quoi mettre sous la dent. Les unes après les autres, elles rejoignent leur « chambre ». A 23 heures, c’est le calme plat au parking du gouvernorat et dans ses environs. Seul le vent sec et glacial de février est maître des lieux. Après une heure de garde nous parcourons quelques artères de la ville à la recherche d’autres «pensionaires» de ce genre. Heureusement, nous ne trouverons pas d’autres femmes dormant à la belle étoile. De retour au parking du gouvernorat vers 3 heures du matin, nous constatons le sommeil perturbé des pensionnaires. Les femmes dormant sans moustiquaire se débattent longuement contre les bestioles. Dès 5 heures, les plus matinales se sont levées. Leurs toilettes se limitent à laver le visage. Certaines sacrifient à la prière du matin. C’est la fin de notre intrusion nocturne. Le jour venu, les plus âgées et les moins vaillantes sillonnent les artères de la capitale pour faire la manche. Elles font parfois irruption dans les services et maquis à la recherche de généreux donateurs. Sont de ce lot, Suzanne Nikéma, la vieille Ramata Ouédraogo et Salamata Sondo. Larba Koidima et sa fillette Samira Guingané qui n’a pas encore bouclé ses deux ans, débutent chaque matin, leur périple aux feus tricolores de la BCEAO. Quant aux plus jeunes, elles vendent leur force de travail en lavant des habits au bord d’un puits sur le site du projet ZACA, au quartier Koulouba. Il arrive souvent qu’elles se rendent dans les concessions pour une lessive payante. Tel se résume le quotidien de ces femmes, sans domicile fixe, âgées de 28 à 69 ans depuis plus de deux ans. Déjà, la nuit du 9 février 2016, elles étaient 14 femmes à squatter le parking du gouvernorat. A leur côté, 9 enfants dont deux nourrissons. Ce chiffre est à revoir à la hausse car, en plus du bébé d’Evelyne Kaboré, né le 17 février, aux environs de 4 heures du matin à la maternité de Samandin, une autre femme, Ramata, a accouché d’un garçon dans la matinée du 22 février à la maternité Pogbi. Bébés et mamans ont rejoint très vite leur parking et vont tous bien. Ces deux bébés sans noms viennent grossir le nombre des enfants n’ayant pas d’acte de naissance au Burkina Faso.

Mariam OUEDRAOGO
mesmira14@gmail.com

Daouda Sessouma, directeur régional de l’Action sociale du Centre : «Nous n’avons pas pu y investir toute l’énergie nécessaire»

«Courant 2015, j’ai eu un entretien avec le Secrétaire général de la région du Centre sur la situation des femmes dormant dans le parking visiteur», a confié le directeur régional de l’Action sociale du Centre, Daouda Sessouma. Suite à cette rencontre, M. Sessouma dit avoir envoyé des agents sur le terrain. «Notre équipe mobile s’est rendue sur les lieux à deux reprises, mais elle n’a pas pu dénombrer les femmes. Seulement, il est ressorti des échanges qu’il s’agit d’une dizaine de femmes en provenance des provinces pour vendre leur force de travail. Elles y sont avec des enfants et des nourrissons», a-t-il signifié. Il indique qu’il s’agit de femmes en difficultés mais dit ignorer les raisons personnelles qui les ont conduites au parking. Il reconnaît aussi que leur situation est complexe et préoccupante. « J’avoue que lorsque les autorités m’ont approché sur la question en 2015, c’était très difficile pour nous d’appréhender le problème, vu la situation sociopolitique du Burkina. Et malheureusement nous n’avons pas pu y investir toute l’énergie nécessaire », regrette M. Sessouma. A l’entendre, la réflexion est toujours en cours au niveau de l’Action sociale pour prendre ce problème à bras-le-corps ».

M .O

Koidima Larba : « J’ai un promotionnaire à Sidwaya»

« J’ai fréquenté de la 6e à la 4e avec Ismaël Nikiéma, un de vos collègues au Centre de formation processionnelle de Fada », confie Larba Koidima après la présentation de notre équipe. Effectivement, Yabyiri Cheik Ismaël Nikièma a étudié dans ce centre de 1991 à 1995. Il était monteur en Publication assistée par ordinateur (PAO) en service au Secrétariat général des Rédactions (SGR) des Editions Sidwaya. En 2012, lorsqu’elle mendiait aux feus tricolores de la BCEAO, un jour Ismaël Nikiéma était de passage. A ma vue, il s’est arrêté. « Larba, c’est toi qui est devenue comme ça ?», m’a-t-il lancé tout découragé. Il sortit de sa poche un billet de 2000 FCFA qu’il tendit à son ex-camarade de classe en me disant que c’est tout ce qu’il avait sur lui. «Isma, c’est beaucoup », lui avais-je répondu. Ce fut un grand jour de retrouvailles et chacun profita faire un résumé de ce qu’il est devenu. « Je travaille présentement à Sidwaya. Je suis marié, père d’un enfant et ma femme est de nouveau enceinte», se souvient-elle des propos de Ismaël Nikièma. A l’époque, Ismaël lui avait dit de tout faire pour passer à Sidwaya afin qu’il la conduise chez un tradipraticien à Nagréongo. Vu son état, elle a eu honte de passer. Face à notre silence, « il n’est plus là-bas ? », se presse-t-elle de nous demander. Comment lui répondre, puisque Isma a «éteint définitivement sa machine à Sidwaya ». Il est décédé des suites d’un accident de la circulation à Ouagadougou dans la nuit du 15 au 16 août 2015. Cette nouvelle provoque en elle, un long silence, suivi d’exclamation : « Oh! Ah ! Isma est mort » ! Elle m’attrapa par la main. Des minutes passèrent, et elle me tenait toujours, les yeux pleins de larmes. «Ah ! Isma est mort. Eh ! paix à son âme», n’arrêtait-elle pas de répéter. «Si j’avais su qu’il y avait des gens aussi gentils à Sidwaya, je serais passée voir Isma», a-telle ajouté. Un nom qui a hanté nos échanges durant le temps de la rencontre, puisqu’elle le prononçait à tout moment.

M.O

Madi Congo, gérant du parking fait la genèse de l’arrivée des femmes : « Un matin, j’ai trouvé une vieille femme qui dormait à même le sol au parking

(La « fondatrice » du site, selon les femmes, s’appelle Bintou Pagbelgm, venue de la province du Tuy. Depuis début février, elle y est retournée pour raison de maladie et n’est toujours pas revenue). Vu son âge très avancé, je lui ai demandé d’où elle venait et ce qu’elle faisait là. Elle m’a répondu qu’elle y a passé la nuit. Elle a expliqué qu’elle vivait auparavant avec d’autres femmes au niveau de la grande mosquée, mais qu’elles y ont été chassées. Elle m’a prié de la laisser y rester. J’ai répondu que l’espace ne m’appartenait pas et qu’elle devrait voir les responsables du gouvernorat. Cela s’est passé, il y a deux ans. Après elle, d’autres sont arrivées, à ma grande surprise. J’ai d’abord remarqué la présence de quelques affaires et après leur nombre ne faisait que croître. C’est après que j’ai réalisé que des femmes, sans-abri, y passaient la nuit. Quelquefois, certaines nous trouvent ici à la descente et nous y trouvons également d’autres le matin».

Raphaël Kaboré, Secrétaire général (SG) de la région du Centre : «Nous n’avons pas de solution»

Raphaël Kaboré est le secrétaire général de la région du Centre. Il est en service depuis 2014. A son arrivée, les femmes SDF dormaient déjà au parking. «Lorsque vous venez très tôt le matin, vous les voyez en train de refaire leurs nattes. Le soir autour de 18h- 19h, certaines sont déjà là pour y passer la nuit. Lors de la semaine provinciale de la CULTURE, je suis passé ici à une heure tardive, j’ai aperçu certaines d’entre elles en train de se maquiller. C’est triste quand vous les voyez le matin tirer leur moustiquaire et accrocher leurs baluchons. A vue d’œil, elles jouissent de toutes leurs facultés mentales et elles sont de toutes les tranches d’âges. Certaines ont des enfants, et d’autres des nourrissons. Mais, comme je ne reste pas au-delà d’une certaine heure, je n’ai pas eu le réflexe de les dénombrer», explique le SG. Il affirme n’avoir pas eu de contact avec ces femmes depuis son arrivée. «Nous n’avons aucune relation avec ces femmes. Nous n’avons pas de cadre informel encore moins formel d’échange. C’est regrettable que les femmes se retrouvent ici. En cas de problème, nous pouvons être interpellés en premier. J’avoue que nous n’avons pas de solutions à ce problème », dit-il. Sans solution donc, le gouvernorat s’est tourné vers l’Action sociale. «Nous avons posé le problème au directeur régional de l’Action sociale. Mais, vous savez, généralement pour mettre la machine administrative en marche, ce n’est pas simple. Je crois que la réflexion est en cours à la direction régionale de l’Action sociale, pour voir comment ces femmes pourront être logées afin de libérer les lieux».

M.O

Commentaire : Une réaction tardive!

La capitale burkinabè connaît ces dernières années, un phénomène cruellement atypique. Des femmes sans domicile fixe, passent la nuit dans des espaces publics, transformés en dortoirs. Venues de l’intérieur du pays et abandonnées à elles, avec parfois des nourrissons, elles mènent une vie aux conditions affreuses, côtoyant, nuit et jour, nombre de risques. Le cas de ces femmes, semble être la preuve, si besoin en était encore, que la solidarité s’effrite au «pays des Hommes intègres». Surtout que c’est au pied du mur du gouvernorat du Centre que ces pauvres dames étalent leurs morceaux de carton leur servant de natte, depuis plus de deux ans maintenant. C’est à se demander à quoi sert notre ministère en charge des questions sociales et de la solidarité ? Et que dire de celui dont de l’épanouissement de la femme est au cœur de ses missions ? Les autorités régionales ont affirmé avoir assumé leur responsabilité en alertant la direction régionale de l’Action sociale. Mais depuis cette alerte, plus de douze longs mois se sont écoulés sans que les lignes de la misère des «SDF», ne bougent d’un centimètre. Même si de leur côté, les services sociaux affirment avoir effectué plusieurs sorties pour rencontrer ces femmes. Une information que ces dernières se sont refusées à confirmer. «Avant vous, personne n’était venue s’entretenir avec nous. C’est après votre passage, que deux messieurs se disant de l’Action sociale nous ont rencontrées dans la nuit du 17 février 2016 », révèle Ramata Ouédraogo, le lendemain. Mais qu’attendait donc l’Action sociale, puisque c’est le même jour, le 17 février 2016, dans la matinée, que nous avons rencontré son directeur régional ? S’il est difficile d’y répondre avec certitude, une chose nous paraît cependant évidente : l’Action sociale a tenté, après notre passage de sauver les meubles qui pouvaient encore l’être ! D’ailleurs, au moment où nous tracions ces lignes, le mercredi 9 mars, nous apprenions par l’une des femmes, qu’une rencontre avec la direction régionale de l’Action sociale du Centre, est fixée au 10 mars 2016 ; leur déplacement vers un centre d’accueil serait envisagé. En tous les cas, la collaboration avec nous n’était pas des plus franches. Il n’y a qu’à voir l’attitude de ces deux agents sociaux qui, manifestement, étaient à nos « trousses », alors que nous poursuivions notre collecte d’informations sur le terrain, pour s’en convaincre. « Que cherchez-vous ici ?, Dormez-vous ici et à quel emplacement ? », nous ont-ils lancé, le 22 février 2016, aux environs de 21 heures, alors qu’ils nous « surprenaient » sur les lieux avec les femmes. Un interrogatoire auquel nous avons été soumis d’un ton agressif !

M.O
Commentaires

Dans le dossier

Société civile
Titrologie



Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie
Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment