La sous-section du Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (Syntsha) du Centre hospitalier universitaire-Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) observe à partir de ce mercredi 9 mars 2016 un sit-in de 48 heures dans l’enceinte de l’hôpital. Après le second jour du sit-in (jeudi 10 mars), les syndicalistes prévoient une marche sur le ministère de la Santé, le vendredi 11 mars.
Selon Hamadi Konfé, secrétaire général de la sous-section, ce mouvement d’humeur vise à dénoncer la démission de la direction et du gouvernement vis-à-vis du l’infrastructure sanitaire et exiger sa réhabilitation.
Le sit-in s’est tenu devant les urgences médicales du centre hospitalier. Plusieurs agents ont répondu à l’appel de la sous-section du Syntsha. Pour Hamadi Konfé, ce sit-in se tient car les travailleurs rencontrent de nombreux problèmes dus aux mauvaises conditions de travailqui auraient été signalées aux autorités à plusieurs reprises. A cela, s’ajoute les pannes répétées des équipements, les ruptures de consommables et de réactifs, qui les empêchent de prendre en charge les patients.
« On attend qu’ils (gouvernement et direction de l’hôpital) débloquent des moyens pour renouveler les équipements, acheter le matériel médico-technique, avoir les consommables, pour rendre disponible des réactifs au niveau des services et pour la mise en pratique de leur engagement tel les soins obstétricaux néonataux d’urgence (Sonu) » a martelé M. Konfé. In fine, il s’agit pour le Syntsha, que l’exécutif mette les moyens qu’il faut en vue de rendre l’hôpital viable.
Et pour rendre viable le plus grand hôpital du pays, les syndicalistes veulent, entre autres, l’amélioration des conditions de travail avec le renforcement du personnel et l’octroi aux contractuels ayant des CDD, les mêmes avantages que les agents publics, la dotation des services de locaux adaptés et en matériel biomédical et d’équipement en quantité et en qualité.
En somme, par ces mouvements, ils veulent exiger également « l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan cohérent de développement visant à faire du CHU-YO, un CHU public moderne au service du peuple burkinabè. Toutefois, M. Konfé et ses confrères indiqueront que le sit-in et la marche ne sont pas organisés contre les patients mais plutôt le contraire car si la lutte aboutissait, elle sera bénéfique aux patients et aux usagers de l’infrastructure sanitaire.
Contacté, le directeur général de l’hôpital, Robert Sangaré dit reconnaitre la justesse de certains points surtout ceux relatifs au manque de moyens financiers. Il demande cependant aux syndicalistes de reconsidérer leur position, car « une grève dans le secteur de la santé minime soit-elle à toujours un lourd impact ».
« Depuis fin 2014, le CHU-YO est sérieusement confronté à d’énormes difficultés financières du fait des multiples régulations budgétaires et annulation de crédits, de non remboursement des sommes dépensées par l’hôpital pour exécuter des instructions du gouvernement et du ministère de la Santé » a-t-il expliqué.
Selon les chiffres qu’il a avancés, le manque à gagner total des années 2014 et 2015 est de plus de 2,62 milliards de F CFA. Aussi en 2016, sur une subvention de plus de 1,192 milliards que devait bénéficier la direction, elle a plutôt obtenu 884 millions.
Selon M. Sangaré tout cela entrave le bon fonctionnement de la structure. Et à l’en croire, tous cela a été expliqué au délégués du syndicat. « Malgré ces difficultés financières, nous arrivons quand même à faire fonctionner tant bien que mal le centre hospitalier, même si on aurait pu faire nettement mieux sans ces problèmes financiers qui ne sont pas du fait de la direction générale », foi du DG.
Outre cela, il a laissé entendre qu’un bon nombre de point de revendication du Syntsha n’ont pas lieu d’être car déjà en cours de mise en œuvre. Il s’agit de l’achat des équipements, des réactifs, et du problème infrastructurel qui sera résolu avec l’inauguration de l’annexe sis derrière le CMA du district de Bogodogo.
En vue de désamorcer la situation, le ministre de la Santé devait rencontrer une délégation du Syntsha ce mercredi 9 mars 2016 dans la soirée.
Dimitri Kaboré