Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au Burkina Faso a organisé un atelier de planification nationale 2017-2018, le lundi 7 mars 2016, à Ouagadougou. La vision retenue pour ces deux ans est de rendre les réfugiés autonomes afin qu’ils se prennent en charge.
Dans un monde en crise où les ressources se font rares, réunir des fonds pour la prise en charge des refugiés est très difficile. Face à cette situation, le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au Burkina Faso a opté de rendre autonomes les 33 844 réfugiés qui vivent au « pays des Hommes intègres » afin qu’ils s’occupent d’eux-mêmes. Cette décision émane de son plan stratégique 2017-2018 que tous les acteurs impliqués dans la gestion des refugiés au Burkina Faso ont validé, le lundi 7 mars 2016, à Ouagadougou lors d’un atelier. La représentante du HCR au Burkina Faso, Gogo Hukportie a souligné que la grande majorité des refugiés vivant au Burkina Faso sont des Maliens venus suite à l’éclatement de la crise au Nord de leur pays en 2012. Or, a-t-elle souligné, malgré les accords de paix signés, les efforts et les tractations en cours entre les protagonistes pour un retour à la sérénité et à la paix totale au Mali, la crise n’a pas encore connu un dénouement définitif. Ajoutée à cela, l’accentuation de l’insécurité à cause des violences et attaques djihadistes au Mali contribue à freiner tout élan de rapatriement volontaire. « Cette situation d’asile qui dure immanquablement combinée à l’amenuisement des ressources en raison des autres crises plus urgentes dans le monde commande que des solutions intermédiaires et innovantes soient trouvées pour continuer d’assister les réfugiés d’où leur autonomisation », a-t-elle défendu. Pour y parvenir, elle a indiqué que le plan stratégique prévoit la mise en œuvre de projets de résilience, de moyens de subsistances, des projets d’environnement dont l’électrification des camps de réfugiés, la formation professionnelle, le renforcement de capacité de ceux qui connaissent déjà un métier et la recherche de marchés pour les éventuelles productions. « Nous renforcerons également notre approche participative et inclusive inscrite dans notre vision 2016, à savoir l’intervention basée sur le cash qui confère aux réfugiés une certaine responsabilité vis-à-vis de leur bien-être familial. Les jeunes qui sont très nombreux ne seront pas occultés », a-t-elle certifié.
Pour elle, la mise en œuvre de tous ces projets contribuera à promouvoir et à renforcer la cohabitation pacifique entre les réfugiés et les populations hôtes qui sont aussi prises en compte. « Pour ce faire, nous prévoyons favoriser davantage le partenariat stratégique avec les autres agences des Nations unies, œuvrer à l’implication des acteurs du développement dans cet élan d’autonomisation, travailler au renforcement des structures de l’Etat en vue de favoriser une rétrocession progressive de certaines de nos infrastructures, notamment nos centres de santé et les écoles aux autorités locales », a-t-elle précisé.
Les populations à risque d’apatridie sont aussi prises en compte
Outre les réfugiés, le HCR s’est engagé depuis 2014 auprès de la CEDEAO dans une lutte pour l’éradication de l’apatridie en Afrique de l’Ouest à l’échéance de 2024. C’est pourquoi la démarche de l’institution, à en croire Gogo Hukpotie, prend en compte les populations à risque d’apatridie afin d’assister ces personnes dans l’obtention de documents légaux. « Nous allons profiter du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) qui sera faite cette année pour identifier la tranche de population à risque afin de les aider. Car si rien n’est fait, cette population court le risque de devenir apatride et d’être confrontée à toutes sortes de difficultés», a-t-elle attesté. Au ministère des Affaires étrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l’étranger, les actions du HCR sont bien appréciées. C’est ce qu’a signifié le directeur de cabinet du patron de ce département, Adama Compaoré. Celui-ci a déclaré que le « pays des Hommes intègres » accueille des refugiés depuis 25 ans, respecte ses engagements internationaux en la matière et œuvre pour leur bien-être. Néanmoins, il a reconnu que les efforts fournis restent en dessous des besoins. Raison pour laquelle, il a salué les actions du HCR. Il a en outre rassuré que le gouvernement, comme à son habitude, mettra tout en œuvre pour faire du Burkina Faso un espace paisible et accueillant pour tous ceux qui le choisiront comme terre d’accueil.
Eliane SOME
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