Initié par le gouvernement de la transition, le Programme socio-économique d’urgence de la transition (PSUT) avait pour objectif de contribuer au bien-être des populations et d’améliorer l’offre éducative et sanitaire. Dans ce dernier cas, des infrastructures scolaires, des centres de santé, ainsi que des amphithéâtres dans les universités publiques ont été réalisés ou sont en réalisation. Ces actions ont été saluées par les bénéficiaires de certaines régions que nous avons visitées.
Les chantiers du programme socio-économique d’urgence de la transition (PSUT) sont sur de bons rails et se dirigent probablement à bon port. Le constat a été fait auprès des autorités de coordination du programme et des bénéficiaires des certaines régions. En effet, dans le cadre de sa mise en œuvre, deux groupes de marchés ont été adoptés. Le premier groupe du 20 mai 2015 consistait a réalisé 74 complexes scolaires, 38 infrastructures sanitaires, deux amphithéâtres jumelés de 750 places chacun à l’université de Koudougou et de Bobo-Dioulasso et une technopole pédagogique à l’université de Ouagadougou. En sept mois de mise du programme, 58 complexes scolaires (soit 174 classes)sont entièrement achevés et mis à la disposition du ministère en charge de l’Education, 10 sont en finition et 06 sont des chantiers en retard. Au niveau des centres de santé, 20 sont entièrement achevés, 13 sont en cours de finition et 05 sont en retard. S’agissant des constructions dans les universités, les différents chantiers sont à un stade avancé. Un second marché, celui du 2 septembre 2015 toujours dans le cadre du PSUT était relatif à la réalisation de 02 complexes scolaires, 15 infrastructures sanitaires, d’un château d’eau et 14 forages. A la date du 31 janvier 2016, les 14 forages sont achevés ainsi que le château d’eau. Les complexes scolaires et les infrastructures sanitaires sont en cours de réalisation avec des niveaux d’exécution appréciés par les responsables en charge de l’exécution. Mais qu’est-ce que ces réalisations apportent-elles aux localités qui les accueillent ? A cette question, nous sommes allés à la rencontre de certains bénéficiaires. Un périple qui nous a conduits dans les régions du centre-ouest, de la Boucle du Mouhoun et des Hauts bassins. A Lah dans la commune rurale de Yaba, province de Nayala, les élèves n’ont pas attendu la réception du bâtiment pour rejoindre les salles de classes nouvellement construites par le PSUT. Le besoin était pressent car il leur manquait jusqu’à trois salles et les paillotes faisaient la pluie et le beau temps. « C’est un ouf de soulagement pour nous. Durant les mois d’octobre, nous sommes contraints de suspendre les cours quand il pleut », indique Mahamadou Tankouano, enseignant dans la dite école. Pour lui, son établissement pourra accueillir sans difficultés ses 84 garçons et 91 filles inscrits. Même son de cloche à San dans la province de Tuy dont l’établissement bénéficie de trois classes supplémentaires, d’un logement et des latrines pour sa normalisation. N’eut été l’intervention du PSUT dans ce village, il était évident qu’une classe serait sous paillote durant l’année scolaire 2015-2016. Césaire Nomo, habitant du village, pense que même avec la fin de la transition, le programme doit être conservé et même renforcé, quitte à changer de dénomination. « Le programme a été une bonne initiative. En plus des salles, nous avons eu un magasin pour stocker nos vivres, un logement et des latrines car celles que nous disposions étaient délabrées », se réjoui un enseignant, Christian Ilboudo.
Un coup de pousse au continuum
Auparavant, les élèves de Kya dans la commune de Didyr, après leur succès au certificat, devraient parcourir 9 à 10 km pour faire la 6e. Le directeur du Collège d’enseignement général, Phiippe Salouka estime qu’avoir une école dans le village permettra aux élèves de fournir de meilleurs résultats. « Nous avons ouvert deux classes de 6e avec 116 élèves. Je pense que sans le PSUT, il allait être difficile pour Kya d’avoir un CEG. Le gouvernement actuel doit rester sur la même logique et renforcer son programme pour le bien-être des populations. La demande est toujours forte dans la région », poursuit-il. Saran, village dans la province de Nayala aura bientôt son collège. L’entreprise en charge des travaux a même doublé ses effectifs sur le chantier pour livrer les locaux incessamment. « La joie se lit dans les visages de tous les habitants de ce village. Nos enfants parcouraient des kilomètres après leur réussite au certificat », laisse entendre Ibrahim Barry, habitant de Saran.La province des Banwa, est quant à elle bénéficiaire de deux complexes scolaires. Un a Dissankuy et l’autre à Kouroumani. Pour le vice-président de la délégation spéciale de la commune de Solenzo, Alain Coulibaly, la réalisation dans la commune permettra de décongestionner les effectifs dans le seul lycée public. « Nous avons souvent des classes de 120 élèves», souligne-t-il. Pour lui, les nouvelles autorités du pays doivent initier des programmes d’urgence qui pourront répondre aux aspirations de la population de toutes les communes. Le chef de la circonscription d’éducation de base de Solenzo 1, Lazare Bayé estime que les réalisations du PSUT sont d’un grand soutien au continuum qui a été lancé sans réunir toutes les conditions en termes d’infrastructures et de ressources humaines. « Que le gouvernement fasse d’efforts. En une année, si la transition a pu faire autant, je crois qu’en cinq ans il pourra faire plus. Les infrastructures manquent et les lycées ont des effectifs pléthoriques », préconise-t-il.A Badara dans les Hauts bassins, Marc Somda et les 103 autres élèves qui occupent une salle du nouveau bâtiment se sont toujours posé les questions suivantes : « Sans ce bâtiment, où serions-nous ? Sous une paillote ?dans un magasin parce qu’il en existe dans la commune de Bama ? Ou peut-être à la maison ? Puisque certains après leur certificat n’ont pas pu s’inscrire par manque de place disponible dans les établissements ». Pour l’économe, Christian Traoré, sur cinq CEG dans la commune de Bama, seul celui de Badara est construit, le reste étant sous des paillotes, des magasins. Inauguré en novembre dernier par l’ex- Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, le CEG de Badara fait la fierté de la population de la localité. M. Traoré estime que le gouvernement doit poursuivre l’initiative car, il est difficile pour les parents de conjuguer leurs efforts pour construire eux même un établissement.
Des amphithéâtres dans les universités publiques
Université de Koudougou, sur les chantiers, les ouvriers s’activent pour les dernières retouches, ils entendent livrer le bâtiment dans quelques semaines. L’entreprise doit dresser deux amphithéâtres jumelé de 750 places chacun (1500 places en tout), des salles de réunions, des bureaux pour les enseignants. Le représentant de l’entreprise, Adama Ouédraogo, est confiant. « Il faut qu’on exécute bien ce travail. Cela fera une référence pour notre entreprise. L’université attend impatiemment ce joyau », dit-il. Chose que le Président de l’université de Koudougou, Georges Sawadogo Confirme : « La question des infrastructures est toujours au cœur des plateformes revendicatives des étudiants. Le projet initié par le PSUT est important pour l’université dont les effectifs sont croissants depuis les trois dernières années ». Pour M. Sawadogo, la question est cruciale dans les universités publiques du Burkina Faso. « Actuellement, il y a une place assise pour 2,5 étudiants », illustre-t-il. Le président pense que cette infrastructure va lui permettre d’augmenter ses capacités d’accueil. Il a souhaité que le programme se pérennise et se massifie davantage afin de permettre aux universités d’accueillir en toute quiétude les 30 000 nouveaux bacheliers qui viennent chaque année. Il rappelle qu’en 2012, il a été proposé une étude technique concernant le problème des universités publiques et parmi les propositions les plus en vue à l’époque, c’était l’augmentation substantielle des infrastructures pour accueillir le flux d’étudiants. L’université polytechnique de Bobo bénéficie également de deux amphithéâtres jumelés. Jean Paul Yonli, représentant de l’entreprise sur le chantier estime le taux d’exécution à 73%. Il pense qu’après cette infrastructure, son entreprise aura de plus une référence à Bobo Dioulasso. Et de louer le PSUT : « 2015 étant une année difficile pour le pays, ce chantier a permis un tant soit peu de réduire le chômage. Pour notre société, il nous a permis de maintenir nos équipes ».
Des infrastructures sanitaires
A Lillio dans la province de Tuy, le chef du village, Bebano Boyini n’attend que l’affectation des infirmiers pour le bonheur des habitants. Un complexe sanitaire complet composé d’un dispensaire, d’une maternité, de trois logements et d’un service commun abritant la pharmacie fait la fierté du village de Boyini. Lui, qui en 2013 avait invité chaque famille à cotiser afin que des bâtiments soient réalisés pour abriter un centre de santé. Aujourd’hui, les deux bâtiments dressés sur l’ère du CSPS sont toujours là. Malgré les réalisations du PSUT, le chef compte les achever pour les mettre à la disposition du centre de santé. Et à Madame Yipimoudo Kambi d’ajouter que la souffrance de ses coépouses relèvera bientôt du passé. Elles qui partaient à Fouzan à 5 km pour les suivis prénataux et les accouchements. Même sentiments pour Boureima Zono et Hamado Baguiyan, habitants de Gnassamandougou dans la province des Banwa. Eux qui également parcouraient des kilomètres pour rejoindre Siguinoghin ou Kouka quand un membre de la famille a des soucis de santé, voient déjà la fin de leur calvaire avec cette infrastructure. Le forage réalisé dans l’enceinte du CSPS est prisé par Alimata Dao et les autres femmes du village.Gourbala dans le Sourou est également l’heureux gagnant du PSUT. Mais contrairement aux deux précédents, il avait déjà un centre de santé dont le seul bâtiment abritait tous les services c'est-à-dire la maternité, le dispensaire et autres. Le chef de poste, Bakary Sanogo laisse entendre que le bâtiment construit qui servira de dispensaire va déconcentrer ses services. Et d’indiquer que le CSPS de Gourbala est fréquenté par des ressortissants de quatre villages.
De l’avenir du PSUT
Le PSUT est évalué à 25 milliards de FCFA. Le volet infrastructures s’élève à plus de 17,3 milliards de FCFA soit 70% du montant global du programme. Quel est l’avenir du PSUT ? Selon le coordonnateur Olivier Sawadogo et son équipe, la réponse incombe aux nouvelles autorités. « Il est clair que le PSUT, même s’il a pris corps dans le cadre de la transition, a besoin d’être nourri jusqu’à son terme par le régime du Président Kaboré. Déjà, quand on considère les délais d’exécution des chantiers, il ne faisait aucun doute que les règlements sont du ressort du pouvoir post-transition », indique la coordination. En attendant les instructions des nouvelles autorités du pays, l’équipe de coordination du PSUT veille à la bonne exécution des chantiers en cours.
Adama SEDGO