Ces derniers jours n’auront pas été de tout repos pour le secrétaire général de l’ONU.
Après le Burundi, la République démocratique du Congo (RDC) et le Soudan du Sud, le voilà arrivé hier mercredi 2 mars 2016 dans la capitale burkinabé pour une visite de quarante-huit heures.
A Bujumbura, à Kinshasa et à Juba, c’est en sapeur-pompier que le patron de l’Organisation mondiale a débarqué. Ici, pour circonscrire un incendie qui menace de se propager. Du fait du troisième problématique mandat du président Pierre N’Kurunziza. Là, pour prévenir un départ de feu que couve la polémique autour du calendrier électoral. Là-bas pour exhorter à l’application de l’accord de paix censé mettre fin à la guerre civile née des rivalités entre le chef de l’Etat, Salva Kiir, et son ancien vice-président, Riek Machar.
A tout cela s’ajoute sa présence, lundi dernier à Genève, à la session annuelle du Conseil des droits de l’homme en marge de laquelle il a évoqué la grave crise syrienne.
Une tournée dont l’objet se rattache, comme on le voit, à la mission originelle de l’ONU : la préservation de la paix et la sécurité dans le monde.
Soixante-dix ans après sa création sur les décombres de la Société des nations (SDN), force est de constater que la paix et la sécurité internationale restent une quête permanente et les Nations unies bien souvent impuissantes face à certains conflits. C’est le cas notamment de la question israélo-palestinienne, de la guerre en Syrie et de la crise libyenne.
C’est dire que les deux branches d’olivier croisées, emblème de l’organisation et symbole de la paix, peinent à porter fruits sur une Terre en permanente convulsion.
Faut-il alors couvrir d’opprobres ce « Machin », vacherie du « grand Charles » qui ne faisait pas mystère de son aversion envers l’institution internationale ?
Assurément non, nonobstant les voix qui s’élèvent ici et là pour critiquer une ONU aux ordres des cinq puissances membres permanents du conseil de sécurité et dont les rivalités économiques et géostratégiques sont sources de bien des maux dont souffre la planète.
Mais pour un « Machin », il est souvent bien utile pour des petits et pauvres pays très endettés comme le Burkina qui accueille aujourd’hui, et pour la troisième fois (en 2008, 2013 et 2016), le célèbre Sud-Coréen de la Maison de verre de Manhattan.
C’est que pour cette visite dans la capitale burkinabé, Ban Ki-moon a troqué sa tenue ignifugée de soldat du feu contre la tunique autrement plus confortable de l’’humanitaire.
Et la visite, aujourd’hui, de l’illustre hôte à l’unité de réhabilitation nutritionnelle des enfants au centre médical Schiphra puis à l’unité de prise en charge pédiatrique de l’hôpital Saint-Camille illustre, si besoin était encore, la grandeur d’âme qui habite la célèbre tour de Manhattan. Même si ce voyage au « Pays des hommes intègres » exhale des relents politiques : saluer l’exemplarité des élections du 29 octobre qui ont mis fin à une transition au cours tumultueux.
C’est dire donc qu’à côté de l’ONU politique, il y a celle plus sociale, plus humaine à travers ces multiples institutions spécialisées dont les actions se ressentent au quotidien et suppléent dans bien des domaines la carence de nos Etats.
Ainsi des interventions d’organismes comme le PNUD, l’OMS, l’UNICEF, l’UNESCO, le PAM, la FAO, le HCR et nous en oublions.
Comment ne pas se réjouir de ce versant social de l’ONU, dont l’emblème, le drapeau bleu et les véhicules sont parfois mieux connus dans nos campagnes que les symboles de nos Etats ?
Ne serait-ce que pour ce supplément de sens du prochain, cette organisation mondiale méritait de voir le jour. Même si contrairement au nom du lieu qui l’a vu naître, Lake succes, ça n’a pas toujours été une succes-story.
Alain Saint Robespierre