Le manque de gaz oxygène au Centre hospitalier régional de Koudougou (CHR/KDG) est une situation que bon nombre de citoyens déplorent. Ce qui explique les nombreuses plaintes que l’on constate par-ci par-là contre les premiers responsables dudit hôpital. La dernière plainte en date est celle de Guillaume Kaboré suite au décès de son petit neveu, qui estime que cela est arrivé par manque d’oxygène. Réalité ou fausse accusation ? Pour mieux comprendre, nous avons fait un tour au CHR.
« Lorsque je suis arrivé ce matin pour rendre visite au bébé, j’ai constaté que sa respiration était bizarre. Alors, j’ai demandé pourquoi l’oxygénation ne fonctionnait plus ? On m’a dit que c’est le gaz qui manque et que les infirmiers en ont été informés. Je suis parti pour demander de l’aide, mais il n’y avait que des stagiaires, et je me suis emporté contre eux. Pour éviter qu’on se tiraille, j’ai appelé directement à la direction de l’établissement. Etant sur mes nerfs, je n’ai pas pu trouver le directeur. C’est là que j’ai préféré me déporter chez vous pour que vous veniez constater de visu la situation, afin que l’opinion soit informée de ce qui se passe à l’hôpital de l’Amitié. J’ai déjà été victime d’une telle situation où j’ai perdu un proche, et cela vient encore s’ajouter ! Convenez avec moi que c’est choquant. Ils se sont expliqués ; c’est normal qu’ils essaient de se défendre, mais il faut savoir que dans un tel CHR il ne doit pas y avoir manque d’oxygène médical ». Ces propos sont de M. Kaboré qui, visiblement, était remonté le jeudi 25 février dernier contre les responsables du CHR car, dans cette situation, il a perdu son neveu. A cela, s’ajoute le décès de 6 autres bébés dans la même salle, a-t-il relevé, par manque d’oxygène. Selon lui, il est inadmissible de supporter une telle attitude et gestion de nos centres de santé publique. « Il est temps de mettre fin à ces désagréments qui endeuillent des familles », a-t-il martelé. En tous cas sur-le-champ, avant d’expliquer les problèmes, notamment ceux financiers que vit l’hôpital, même si visiblement cela n’a pas convaincu le plaignant du jour, le directeur de l’hôpital, entouré de ses proches collaborateurs, ont reconnu que le manque d’oxygène concerne essentiellement la pédiatrie et les urgences. « En effet, la pédiatrie est la partie de l’hôpital où le besoin en oxygène médical est très sollicité chaque jour, et pour mieux la faire fonctionner, il faut un minimum de stock. Même chose pour les urgences où le besoin en oxygène médical est réel pour donner une chance de vivre aux malades. La question de l’oxygène est sensible et il arrive parfois qu’il y ait des ruptures de cette denrée liées à diverses raisons », ont confié les premiers responsables du CHR/KDG. Ainsi, avec des documents à l’appui, ces derniers ont indiqué que le problème lié à la disponibilité des fonds relève du plus haut niveau. Et, disent-ils, l’argent n’est pas disponible pour que l’hôpital puisse assurer ses différentes prestations. A les en croire, l’hôpital fonctionne avec ses propres recettes. D’ailleurs, il est même endetté puisque le gaz oxygène est livré par une société de la place, ont-ils souligné. Après ces explications et lorsque nous avons voulu en savoir plus sur cette histoire de manque de gaz oxygène, le directeur s’est montré peu bavard en ces termes: « Vous êtes venu au moment où l’on est dans la compassion, parce que nous avons un plaignant qui a perdu son proche, et étant donné que c’est une situation sensible, nous ne pouvons pas trop nous prononcer ».
Par ailleurs, il convient de noter qu’ils sont nombreux les citoyens qui se plaignent des services de cet établissement sanitaire régional, à l’image de Abdoul Adigum qui dit avoir été plusieurs fois victime d’escroquerie de la part des agents de santé. « Ce qui ce passe à l’Amitié n’est pas bien. C’est un problème de santé qui nous amène dans ce lieu, et les agents profitent pour nous dépouiller de nos maigres sous. Pire encore, ils ne font pas bien leur travail. Normalement, dans l’administration si tu payes de l’argent, on doit te donner un reçu », a-t-il lâché. Et d’ajouter : « Tout comme moi, ils sont nombreux les gens mécontents ».
En rappel, dans son discours adressé à la représentation nationale, le Premier ministre Paul Kaba Thiéba a prévu de rendre plusieurs chantiers accessibles aux populations. Des chantiers parmi lesquels le domaine de la santé est aussi priorisé. Même si concrètement ces chantiers n’ont pas encore eu un démarrage effectif, le plus vite sera le mieux pour éviter que des vies qu’on peut sauver ne s’éteignent précocement.
Modeste BATIONO