La place du gouvernorat de Kaya a servi de cadre, le samedi 15 juin dernier, au lancement du Programme d’appui à la décentralisation et aux investissements communaux (PADIC). Ce nouveau programme institutionnel axé sur la décentralisation, est financé à coups de milliards par le Fonds européen de développement (FED) dans l’optique de donner un coup de pouce à la gouvernance locale au Burkina Faso. Sous un climat relativement douillet, consécutif à une pluie tombée la veille, la place du gouvernorat de Kaya était, en cette matinée du samedi 15 juin, bondée de monde. Une foule venue pour assister au lancement du Programme d’appui à la décentralisation et aux investissements communaux (PADIC).
En effet, ce programme est la résultante d’une convention de financement de 16,2 milliards FCFA (25 millions €), signée entre le gouvernement burkinabè et la Commission de l’Union européenne (UE) sous forme de don. Le PADIC, (première intervention de l’UE dans le domaine de la décentralisation), a comme objectif global d’apporter sa part à la lutte contre la pauvreté par l’amélioration de la gouvernance locale. Dans sa faisabilité, il comporte deux phases : la première phase du programme, objet de la présente cérémonie de lancement, vise l’amélioration du processus de décentralisation et de la gouvernance locale par un renforcement des capacités des acteurs. Cette phase qui s’achèvera en 2017, est un appui direct à 140 communes de 6 régions du Burkina (zones pilotes) que sont : les Cascades, le Centre-est, le Centre-nord, le Centre-sud, le Plateau central et le Sahel. La seconde phase, au-delà de 2017, consistera à abonder le Fonds permanent pour le développement des collectivités territoriales (FPDCT) à travers un appui budgétaire général. Le FPDCT est le mécanisme principal de financement des investissements des collectivités territoriales choisi par le Burkina. Cet abondement en fonds permettra, à terme, de renforcer le développement local et de répondre au défi des conditions de la survie et de l’affirmation des collectivités territoriales.
Quel impact pour la population ?
Selon les parties financière et technique de la réalisation du PADIC, les populations sont indirectement bénéficiaires du programme via les équipements à acquérir dans le cadre des investissements financés par le FPDCT ou d’autres sources, ou encore via les impacts de ces investissements sur l’activité économique, notamment en termes d’emplois, d’investissements sociaux et de bien-être des populations. Pour le ministère l’Aménagement du Territoire et de la Décentralisation, ce projet vise à réduire la pauvreté en ce sens qu’il vise le développement à la base. Au nombre des acquis, figure l’amélioration significative des conditions de vie des populations bénéficiaires, mais aussi les conditions d’exercice d’un service public de qualité à leur profit. En somme, c’est un ensemble de défis qui participent de l’atteinte des objectifs de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD).
Les acteurs saluent l’avènement du PADIC
En sa qualité de première responsable de la région, le gouverneur du Centre-nord, Mariam Diallo/Zoromé, a salué l’arrivée du PADIC qui, selon elle, va permettre d’enlever une épine dans le financement des activités des collectivités territoriales. « La mise en œuvre des activités du PADIC va contribuer énormément à réduire les souffrances de nos populations par le renforcement des investissements des projets des communes. C’est pourquoi, au delà du lancement de ce programme, nous devons soutenir les actions à mener afin de propulser le développement à la base », a-t-elle ajouté. Pour Yves Gillet, chef de coopération et représentant le chef de la délégation de l’Union européenne, le PADIC étant lancé, la balle ne se trouve que dans le camp des élus locaux. « Il reste maintenant aux élus à relever un défi majeur : le développement participatif des plans de développement communaux ou régionaux, avec les conseils municipaux et régionaux et ce, pour que ces plans répondent aux attentes légitimes de leurs populations », a-t-il déclaré. Toussaint Abel Coulibaly, ministre de l’Aménagement du Territoire et de la Décentration, a salué l’aboutissement de ce programme qui a connu des obstacles de démarrage (initialement prévu en avril 2012). Il n’a pas manqué de mots pour afficher son espoir quant à la bonne issue du projet. « Je demeure d’un optimisme inébranlable quant à la conduite diligente, efficace et efficiente de la première phase du programme afin de déboucher dans les meilleures conditions possibles sur la seconde phase à l’horizon 2017… Je vous donne rendez-vous à la présentation du bilan du PADIC que j’espère positif car l’on ne saurait échouer dans la mise en œuvre d’un tel programme », a-t-il insisté. Bien en verve en français, il l’a été aussi en mooré, langue dans laquelle il a expliqué aux Kayalais les notions basiques de décentralisation et les implications qu’elles revêtent pour ces populations dans un régime démocratique. Ce lancement officiel a été suivi de la remise aux gouverneurs et présidents des conseils régionaux présents, d’un kit PADIC constitué de sac en cuir, du code général des collectivités, d’un manuel d’auto-évaluation, d’un dépliant du PADIC et d’une clé USB pour chaque acteur. C’est dans une ambiance de musique folklorique et tradi-moderne que la cérémonie a pris fin. Rendez-vous a été pris pour le lancement de la phase 2 à l’horizon 2017 .