Le Burkina Faso célèbre le 8 mars à Ouagadougou la 159ème édition de la Journée internationale de la femme sous le thème « Entrepreneuriat agricole des femmes : obstacles, défis et perspectives ». Un thème pertinent dans un contexte où l’autonomisation économique des femmes en général et celles rurales en particulier, est l’une des préoccupations majeures des autorités de notre pays.
L’objectif général de la commémoration de cette journée est de contribuer à la promotion de l’autonomisation économique des femmes à travers le développement de l’entrepreneuriat agricole des femmes. Très attendue par les populations, cette journée est l’occasion pour les femmes et particulièrement celles exerçant dans l’agriculture, de s’affirmer, de faire un bilan de leur lutte pour leur autonomisation économique et de capitaliser les acquis.
Des chiffres qui en disent long
Selon le Recensement Général de l’Agriculture 2006-2007, au Burkina Faso les femmes occupent plus de 60% des activités de production. Elles excellent dans l’agriculture, l’élevage, l’artisanat, la sylviculture, le petit commerce, la transformation des produits agrosylvopastoraux, des produits forestiers non ligneux et la production maraichère, etc. Dans l’agriculture pluviale, elles représentent 52% des actifs agricoles des ménages. Elles mènent une agriculture de subsistance et leurs productions contribuent surtout à l’autoconsommation et la survie de leurs ménages. Pour la production maraîchère, la proportion des femmes est de 45%. Quant à l’élevage, il est pratiqué par 47, 2% de femmes. Les activités commerciales des femmes sont le plus souvent réduites à de petits commerces peu rentables qui se pratiquent dans l’informel caractérisé par une faible organisation et un mode de fonctionnement traditionnel.
Malgré leur présence dans ces domaines d’activités, les femmes ne s’adonnent pas à la grande production qui les propulsera vers l’entreprenariat agricole. Les difficultés qu’elles rencontrent sont liées à leur accès aux facteurs de production (terre, crédit agricole, intrants, etc.), à la formation professionnelle et à l’appui technique, au manque d’esprit entrepreneurial, à l’insuffisance de femmes modèles entrepreneures agricoles et leur sous représentation dans les réseaux d’affaires.
En outre, il y’a la persistance des pesanteurs socioculturelles en défaveur de la femme, telles que l’analphabétisme, le manque d’esprit entrepreneurial des femmes, les difficultés d’écoulement des produits, l’inexistence de canaux d’informations adaptés. Ces barrières montrent qu’il est difficile pour une femme d’entreprendre sans aucun accompagnement.
D’autres actions concrètes à entreprendre
Pour pallier ces difficultés et contribuer à l’émergence d’un entreprenariat féminin dynamique, un certain nombre de mesures a été pris par le gouvernement avec l’appui de ses partenaires pour faciliter l’accès des femmes aux facteurs de production. Au titre de ces mesures, les plus récentes sont notamment, le Programme de Renforcement de la Mécanisation Agricole (PRMA), le Programme Spécial de Création d’Emplois pour les Jeunes et les Femmes (PSCE-J/F) , le Guichet Spécial pour la Promotion de l’Entrepreneuriat Féminin (GSPEF) et l’acquisition de technologies au profit des femmes notamment les groupements et autres organisations féminins.
Cependant, en plus de l’existant, plusieurs activités peuvent être organisées au profit des femmes entrepreneures. On peut citer entres autres : le renforcement des capacités des femmes à travers la mise en œuvre de Programmes d’alphabétisation, de formations sur les techniques de gestion, le développement de la culture d’entreprise, le développement de l’esprit d’entreprise, la sensibilisation et l’information des femmes sur des thèmes relatifs à l’importance et aux avantages de la formalisation (lisibilité de l’activité, accès aux marchés, accès aux crédits et l’amélioration du climat de confiance avec les partenaires que sont les fournisseurs, les banques, les assurances, les clients…), la conduite d’actions de changement des mentalités afin d’accélérer les actions d’accompagnement des femmes dans les activités génératrices de revenus et enfin, la mise en place d’un fonds d’appui à l’entreprenariat féminin. Mieux programmées et organisées, ces actions vont concourir à booster l’entreprenariat féminin.
Après quelques années de mise en œuvre de ces mesures, il est opportun pour le Ministère en charge de la Femme qui a pour mission de promouvoir le développement de l’entreprenariat chez les femmes et les jeunes filles dans tous les secteurs économiques, de rechercher des solutions idoines pour favoriser l’émergence de l’entreprenariat des femmes dans notre pays. D’où l’importance du thème retenu cette année sur le plan national pour la célébration de la journée internationale de la femme.
Outre panel portant sur le thème principal et les sous thèmes, il sera organisé sur le bilan de la mise en œuvre des recommandations de la journée internationale de la femme 2015. Cette célébration sera aussi ponctuée d’activités au niveau national et régional qui sont entre autres la visite guidée de madame la ministre dans les entreprises agricoles des femmes, l’organisation d’une exposition-vente, la célébration collective de mariages et la cérémonie officielle commémorative qui sera couronnée par la décoration de femmes et d’hommes qui ont contribué à la promotion de la femme burkinabé.
Le Faso danfani pour magnifier les tisseuses burkinabé
Pour encourager nos braves tisseuses à produire plus et à mieux écouler leurs produits, le Gouvernement invite les populations à porter le pagne traditionnel Faso danfani, et particulièrement celui qui sera confectionné pour l’événement. Cela va contribuer à valoriser la production et la transformation du coton par les tisseuses et susciter à consommer nos produits locaux.
Cette célébration est l’occasion de réfléchir sur les challenges qui s’imposent à l’amélioration des conditions de vie de la femme burkinabé. Le constat est encourageant car les femmes sont entrain de rompre avec leur statut d’assujetties, et l’on trouve aujourd’hui dans tous les secteurs d’activités des femmes chefs d’entreprises. Cependant, la route vers l’autonomisation de la femme burkinabé est encore longue et les femmes doivent mieux s’organiser pour trouver des pistes de solutions à leurs difficultés.
Le ministère de la Femme, de la Solidarité nationale et de la Famille