Le 11 juin 2013, cela faisait 22 ans, jour pour jour, que le Burkina adoptait la Constitution toujours en vigueur dans notre pays. Pour marquer ce jour anniversaire, le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a organisé une conférence-débat sur "les tabous constitutionnels de la IVe République", animée par le Pr Luc Ibriga. Il en est ressorti que l’une des raisons des tabous constitutionnels est la personnalité envahissante du président du Faso.
C'est maintenant une habitude, les conférences-débats organisées régulièrement par le Centre pour la gouvernance démocratique sur la vie publique au Burkina. Et d'une conférence à l'autre, les thèmes sont aussi pertinents que variés. Mardi 11 juin dernier, à l'hôtel Palm Beach, la structure a réuni hommes politiques, universitaires, membres de la société civile sur le thème combien évocateur de "Tabous constitutionnel de la IVe République". Animée par le professeur de droit Luc Marius Ibriga, enseignant à l'université de Ouagadougou, la conférence s'est articulée autour de 3 parties : la définition des concepts, les causes des tabous et les orientations pour le futur.
En ce qui concerne la définition des concepts, l'assistance a reconnu avec le conférencier qu'un tabou, c'est un non-dit, l'innommé, ce qui est interdit de discours, de peur de soulever des controverses. Quels sont les tabous constitutionnels au Burkina ? Le professeur Ibriga cite la santé du chef de l'Etat, au sujet de laquelle il y a peu de discours, alors qu'elle devrait faire l'objet de communication afin que soit informé le peuple qui l'a élu. Ensuite, la question ethnique, dont on ne parle pas, pourtant elle oblige chaque candidat à une élection présidentielle ou à des législatives à recourir à son fief pour se donner des chances d'être élu.
Le patrimoine du président du Faso et celui des membres de son gouvernement ainsi que le dualisme juridique sont également des tabous, selon le conférencier, car les populations ont peu d'information sur ces questions au Burkina. Mais comment expliquer ces non-dits constitutionnels dans notre pays ? Le conférencier pointe du doigt la personnalité envahissante du président du Faso qui suscite la crainte d'en parler. Alors, que faire pour que soit faite désormais la lumière sur ce qui est resté caché jusque-là ?
Comme orientations pour le futur, le Pr Ibriga propose un travail de vigilance ; la construction d'une démocratie à haute intensité citoyenne qui prenne en compte, entre autres, la construction d'une opposition forte et la culture du débat politique.