Alassane Sakandé et ses collègues députés du groupe parlementaire MPP (parti au pouvoir) s’étonnent toujours de la réaction d’une partie de l’opposition face à la répartition des postes au sein du bureau et des commissions de l’Assemblée nationale. Preuves à l’appui, au cours d’un point de presse organisé dans l’après-midi du 29 février 2016 au siège national du parti, ils se sont exprimés sur la question, précisant que tout a été décidé par consensus. « Est-ce une inconséquence ou l’approche des municipales qui amènent certains à jouer aux populistes ? », s’est demandé Alassane Sakandé. « Certains groupes ne devaient même pas exister. Ils sont là parce que nous l’avons voulu », a fait remarquer le député Lassané Sawadogo, un brin agacé.
Le 15 février dernier, lors d’un point de presse, le groupe parlementaire Paix, Justice et Réconciliation nationale (composé de trois députés de l’ADF-RDA, de trois de l’UPC, de deux députés de la NAFA et de deux du CDP) a fustigé le partage de postes au sein des différents démembrements de l’Assemblée nationale, se plaignant que l’opposition n’ait obtenu que la portion congrue. Du reste, nous en avions fait cas dans une de nos éditions à travers un jeu de mots dans la titraille : «Répartition des postes à l’Assemblée - Marie Rose voit rouge». Hier lundi, par le truchement d’un point de presse visant à dresser le bilan de ces récentes journées parlementaires qui se sont tenues les 25 et 26 février dernier, la question de la répartition des postes était encore si brûlante qu’elle avait ravi la vedette au principal sujet à l’ordre du jour.
Du reste, le président du groupe parlementaire MPP, Bala Alassane Sakandé, s’est appesanti sur la question dans sa déclaration liminaire. Chiffres à l’appui, il a balayé d’un revers de main les accusations de l’opposition, faisant remarquer que toutes les décisions qui ont été prises depuis la séance inaugurale l’ont été par consensus. Et comme pour prouver que le parti majoritaire a fait de grandes concessions, il rappellera qu’au cours de l’histoire récente de notre Parlement, jamais un parti majoritaire n’a cédé les 2e et 3e vice-présidences de l’Assemblée. Et de s’étonner : « Nous ne comprenons pas que, deux mois après nous être entendus, des députés fassent des sorties médiatiques pour vilipender notre groupe parlementaire. Est-ce une inconséquence ou l’approche des municipales qui amènent certains à jouer aux populistes ». Le principal orateur de la soirée a tenu à faire cette mise au point : « Le choix de l’option consensus, loin d’être une faiblesse, est une main tendue à tous les fils et les filles de ce pays afin qu’ensemble nous construisions notre chère patrie, le Burkina Faso. Alors, il ne faudrait pas que certains se trompent car nous sommes dans notre rôle, c’est-à-dire gouverner et assumer. Que les autres aussi assument le leur».
A ses côtés au présidium, les députés Lassané Sawadogo et Lassina Ouattara, dit Wallace, ne décolèrent pas, s’insurgeant contre le fait qu’une partie de l’opposition en soit même venue à demander la commission Finances sous prétexte qu’en France c’est le cas. Ils réfuteront l’argument selon lequel la non-représentativité dans le bureau et les commissions biaise les débats parlementaires. « Ce n’est pas parce qu’on est président d’une commission que l’on peut dicter sa volonté aux autres députés ; l’on peut être mis en minorité », ont-ils avancé. Et Lassané Sawadogo de regretter l’attitude d’une certaine opposition en ces termes : « Elle nous fait une vilaine guerre alors qu’il y a des groupes parlementaires qui ne devraient même pas exister. Ils existent parce que nous l’avons voulu. Et vous (Ndlr : les journalistes) savez très bien de quel groupe je parle ! On leur a prêté des députés, on a colmaté à gauche et à droite pour qu’ils existent. Et voilà comment ils se comportent».
Issa K. Barry