Alors que la date de la prochaine présidentielle gabonaise n’est pas encore précise, les candidats, eux, commencent à sortir du bois :
d’abord, Jean-Ping, plusieurs fois ministre sous Bongo-père, aujourd’hui farouche opposant de Bongo-fils.
Devant un public de près de trente mille personnes réunies samedi 13 février 2016 dans un stade, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine a répondu favorablement aux appels de représentants d’associations, d’ONG et de partis politiques. Comme Jésus Christ guérissant le paralytique à la piscine, ils lui dirent : « Jean-Ping, lève-toi et marche ».
Ce miracle attribué au célèbre Nazaréen selon l’Evangile de saint…Jean va-t-il s’opérer pour et au grand bonheur de celui qui entame ainsi sa longue marche vers le palais du bord de mer ?
Ensuite Ali Bongo Ondimba. Quelque deux semaines après le Ping-show, autre lieu, autre candidature, autre style tout en sobriété, quoique plein de symboles. Car c’est sur un pont (signe de d’enjambement des obstacles) et dans une province réputée frondeuse, celle de l’Ogooué-Maritime, à quelques encablures de la ville natale de Jean-Ping, que le président sortant a, lui aussi, annoncé sa candidature.
Autant dire que la compétition entre les deux hommes promet d’être férocement engagée.
Mais revenons sur ces deux annonces pour dire que, dans un cas comme dans l’autre, rien d’étonnant. Surtout pour l’actuel président qui a hérité du fauteuil de papa et n’entend pas le céder où le léguer, qui sait, en si bon chemin.
Surtout encore que son géniteur, avant de s’en aller, a eu la présence d’esprit d’expurger la Constitution de tous les obstacles susceptibles de contrarier sa souveraine volonté de pouvoir dynastique.
Voilà donc Ali le veinard tout peinard d’embrasser une carrière présidentielle sans être obligé de tripatouiller la loi fondamentale.
Seule fausse note sur ce tableau réglé comme du papier à musique laissé par le maestro de père: la question de la filiation du fils dont l’origine gabonaise a fait et continue de faire des gorges chaudes mais aujourd’hui classée par la justice.
A cela s’ajoute cette espèce de fronde qui commence à miner la cohésion du parti au pouvoir, le PDG. Mais lorsqu’on est un Bongo, on dispose toujours de petites ficelles tressées d’or et sur lesquelles on peut tirer pour discipliner la curée.
Autant dire que ce n’est pas demain la veille que la fratrie Bongo tremblera de son socle d’airain.
Mais pour être juste, ce qui est gênant avec Ali l’héritier, tout comme avec son alter ego, Faure Gnassingbé, disons que c’est moins leurs personnes qui posent problème que les circonstances de leur accession au pouvoir.
L’un comme l’autre sont certes arrivés aux affaires dans la pure tradition monarchique et c’est là le péché originel qui les encroûte. Mais à l’exercice du pouvoir, ils ne sont pas les moins méritants des chefs d’Etat qui nous gouvernent.
Alain Saint Robespierre